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Commentaires GHI - Page 53

  • Genève est à droite, et pour cinq ans !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.04.23

     

    Les petits malins, ceux qui ont tout mieux compris, ceux qui nous prennent de haut en nous annonçant la disparition du clivage droite-gauche, en sont pour leurs fais. N’en déplaise à ces éternels rénovateurs, qui prétendent « faire de la politique autrement », jamais une élection genevoise n’a été aussi marquée par l’antagonisme du binôme entre la gauche et la droite. Pour ma part, n’ayant jamais cru une seule seconde à leurs fadaises, la vieille grille de lecture issue de la Révolution française, calquée sur la géographie des sièges dans la Convention, qui a traversé plus de deux siècles, et structuré la lutte des classes (lisez Marx, tout de même !), demeure la plus éclairante. La droite, ça existe. La gauche, ça existe. Le centre, c’est un Marais improbable, qui se rallie au pouvoir le plus fort, en fonction du moment. Bref, un non-lieu politique. J’ai, pour ces comportements-là, une considération relativement limitée. J’aime le courage, la clarté, à droite celle d’un Cyril Aellen, à gauche celle d’un Jean Ziegler.

     

    Plus que jamais, je continuerai à parler de la droite, et de la gauche. Regardez ce deuxième tour, cette élection du 30 avril : deux alliances, l’une face à l’autre. Deux blocs. Deux visions du monde. Chacune est parfaitement respectable, j’ai même une certaine admiration pour les deux candidats socialistes, la clarté cristalline de Mme Kast, l’humanisme patient de M. Apothéloz. Je ne suis pas de leur camp, mais je reconnais leurs qualités. L’un de ces blocs l’emportera. Et nul doute que viendra se frayer, dans le septuor, un malléable, un ductile, qui jouira pendant cinq ans de faire pencher les majorités au sein de l’exécutif, dans un sens ou dans l’autre. Mais enfin, l’une des deux alliances gagnera, et donnera sa couleur au gouvernement.

     

    Sa couleur, sans plus. Car à Genève, depuis le 2 avril, les jeux sont faits. Le vrai pouvoir, dans notre système démocratique, c’est le Parlement (sans compter, bien sûr, les ultimes arbitrages du peuple). C’est le Grand Conseil qui fait les lois, c’est lui qui décide. Or, le législatif sorti des urnes le 2 avril a subi une poussée du curseur, sans appel, vers la droite. Pas la droite libérale, libre-échangiste. Non, l’autre droite ! Patriote, protectionniste, populaire, joyeuse, proche des gens, soucieuse du pouvoir d’achat, des PME, des classes moyennes. La droite du travail. La droite de tous ces gens qu’on croise dans la rue, avec les problèmes de tous les jours. La droite qui veut la frontière, et la préférence aux nôtres, plutôt qu’aux autres.

     

    Voilà donc un Parlement plus clair. Il s’agira, pour le Conseil d’Etat élu le 30 avril, qu’il soit de gauche ou de droite, de composer avec cette députation-là. En respectant la volonté populaire, qui, sans ambiguïté, a déplacé le curseur vers les valeurs de cette « autre droite », qui est tout sauf celle du libre-échange sanctifié, et des boursicoteurs. Oui, pour cinq ans, les jeux sont faits. L’élection amirale est derrière nous. C’était celle du 2 avril.

     

    Pascal Décaillet

  • Le DIP : à droite, toute !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.04.23

     

    Le Département de l’Instruction publique doit être repris par la droite. C’est un enjeu majeur, essentiel, à vrai dire le plus important de la prochaine législature. Et je vais être encore plus précis : il faudra, pour remettre à flots ce navire sinistré, une droite d’Etat. Une droite cultivée, imprégnée de valeurs républicaines, passionnément attachée à la transmission des connaissances. Une droite qui connaisse l’Histoire de l’Ecole, du moins depuis la seconde partie du dix-neuvième siècle, ses enjeux, ses grandes figures : Jules Ferry en France, les grands radicaux à Genève, et aussi bien sûr le socialiste André Chavanne. Voyez, je ne suis pas sectaire.

     

    Bref, surtout pas la droite libérale, qui n’a pas laissé un très bon souvenir entre 1993 et 2003. Et surtout pas le Marais centriste (pour peu qu’il soit reconduit à l’exécutif), parti peu vertébré sur les questions scolaires. Non, je vous le dis : il faut un parti ayant le sens de l’Etat ! Un parti historique, ayant fait Genève, et fait la Suisse moderne.

     

    Le chantier est immense. Placer la connaissance au centre de tout. Valoriser l’apprentissage. Faire confiance aux directions d’établissements, aux équipes sur place. Ne pas tout régenter par des états-majors colbertistes et pléthoriques. Ce Département a besoin de confiance, de respiration, de joie de vivre : pourquoi diable l’École, un domaine aussi génial, devrait-elle être un lieu d’ennui ? Quel que soit le futur chef (ou cheffe) du DIP, je lui souhaite sincèrement bonne chance. Tout Genève aura ses regards portés sur lui.

     

    Pascal Décaillet

  • L'échec calamiteux du libéralisme

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.04.23

     

    Depuis plus de trente ans, ils nous font la leçon, à vrai dire depuis la chute du Mur de Berlin (1989). Plus de trois décennies à nous bassiner avec leur divinisation du Marché, leur rejet des peuples, des nations et des frontières, leur culte du libre-échange des marchandises et de la libre-circulation, sans aucune entrave, des personnes. Oui, il faut remonter aux événements de Berlin, en cette nuit du 9 novembre 1989, le Mur entre les deux parties de la ville qui s’effondre, mais avec lui le Mur entre les deux Allemagnes, que j’avais arpenté de fond en comble dans ma jeunesse, et plus largement le Mur de fer, créé avec la Guerre froide, entre l’Est et l’Ouest. Bien sûr que ce fut une étape, capitale, dans l’Histoire européenne.

     

    Vous étonnerais-je en vous affirmant qu’elle ne m’avait guère réjoui ? J’étais heureux, bien sûr, pour les libertés individuelles, pour les Allemands. Mais voyez-vous, passionné par la DDR (Allemagne de l’Est) depuis toujours, j’étais loin de ne trouver que des défauts à ce pays. Lui aussi, après 1945, s’était reconstruit, et sans Plan Marshall. Il avait bien sûr un régime autoritaire, parti unique, police politique insupportable (la Stasi). Mais, occupé par les Soviétiques, il n’avait eu d’autre choix que de « faire avec », bâtir un modèle certes aligné sur l’Est (vous croyez que la République fédérale ne l’était pas, tout aussi servilement, sur le capitalisme atlantiste des Américains ?). Il avait fait ce qu’il pouvait, avec, j’insiste sur ce point, une promotion exceptionnelle de la culture (théâtre, poésie, musique) et du sport. Un jour ou l’autre, dégagée du mépris de l’Ouest, l’historiographie de la DDR sera revue à la hausse. Modestement, j’y apporterai ma contribution.

     

    Toujours est-il que l’arrogance ultra-libérale née de la chute du Mur est, vue d’aujourd’hui, un échec calamiteux. Pendant plus de trente ans, on a sanctifié le libre-échange, oublié la voix des peuples, délégué les pouvoirs des nations à des monstres continentaux ou mondialistes, méprisé l’industrie et la métallurgie, délocalisé les centres de production, privilégié le rendement des actionnaires plutôt que l’investissement dans l’outil de travail. Bref, on s’est méchamment éloigné de l’humanisme d’un Benjamin Constant, d’un Tocqueville, ou même, plus récemment, d’un Olivier Reverdin, qui avait été mon professeur. Eh bien toute cette arrogance s’effondre aujourd’hui. De partout en Europe, les peuples veulent être entendus. Ils veulent le retour du politique. Et cette aspiration puissante ne provient pas de la gauche, mais d’une autre droite que celle des libéraux. Une droite qui veut l’Etat, mais pas pour autant les armées de fonctionnaires défendues par la gauche. Une droite qui veut la liberté, la souveraineté des nations, le protectionnisme agricole, l’indépendance, l’attachement à la Patrie. Une droite joyeuse, populaire, soucieuse de cohésion sociale à l’intérieur des frontières. Cette droite-là, aujourd’hui, est en train de dépasser en force celle des libéraux. Et le mouvement ne fait que commencer. Excellente semaine à tous !

     

    Pascal Décaillet