Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.05.23
Plus de deux siècles après la Révolution française, la gauche et la droite sont bel et bien vivantes, plus que jamais. Sur tous les fronts, l’antagonisme est tendu : finances, fiscalité, modèles d’assurance maladie, formation, mobilité, logement. Cette dialectique est saine : la démocratie, c’est la confrontation des idées, et surtout pas le consensus mou, au milieu d’un marécage, avant même d’avoir discuté.
Prenons les socialistes. Une fois de plus, je salue l’élection de Carole-Anne Kast, la combattante loyale, et de Thierry Apothéloz, dont les tonalités rassembleuses font du bien. Je ne partage pas leurs idées, ou très peu d’entre elles, mais nous parlons le même langage. Nous sommes soucieux de cohésion sociale, c’est juste la place du curseur qui fait la différence.
Avec les Verts, la césure est culturelle. Elle est linguistique. Elle est lexicologique. Et elle est profonde. Non seulement nous ne parlons pas le même langage, mais je refuse catégoriquement de parler le leur. C’est la guerre des mots. Elle est d’une intensité que seuls peuvent mesurer ceux qui sont sensibles à la puissance du verbe, sa magie.
La même césure, avec les quelques énergumènes socialistes qui ont déserté le combat pour la cohésion et la juste répartition, infiniment louable, au profit de causes « sociétales », ne concernant que des minorités, excluant le plus grand nombre, se coupant des classes populaires. Avec ces gens-là aussi, la guerre est totale. Elle est celle des mots. Ce front est terrible, parce qu’il touche aux fondements de l’être humain : les structures de sa conscience.
Pascal Décaillet