Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.03.23
Ça n’est, bien sûr, qu’une votation municipale en Ville de Genève. Mais l’enjeu symbolique était de taille : interdire la publicité commerciale sur les murs de la Ville. Par près de 52% des voix, le peuple a dit non. Les autorités de la Ville de Genève sont désavouées. La droite l’emporte. Dans un théâtre d’opérations politiques où elle n’est pas accoutumée à la victoire, elle avait, ce dimanche 12 mars, de quoi sortir le champagne. Oh, ce résultat ne changera pas la face du monde, mais dans le très long, très difficile combat de la droite municipale contre une gauche de pouvoir qui se croit éternelle, le goût ailé de la victoire fait du bien. Je n’aime pas citer Churchill, mais tant pis, pour une fois on y va, et on se souvient de ce mot du 10 novembre 1942, suite la victoire d’El Alamein contre la prestigieuse Afrikakorps de Rommel, réputée invincible : « Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le commencement de la fin. Mais c’est peut-être la fin du commencement ».
Reconquérir la Ville ? Le combat sera encore très long, truffé d’aspérités, jonché de pièges, avec des hauts, des bas, des rebondissements. Mais l’enjeu doit être considéré. Depuis beaucoup trop longtemps, la gauche, dans toutes ses composantes, notamment socialistes et Verts, se partage les prébendes, distribue les postes, soigne sa clientèle, fait vivre son petit monde où règne sans partage la Sainte Grâce du service rendu, à charge de revanche. Elle ne le fait pas parce qu’elle est la gauche (une droite trop longtemps aux affaires tombe exactement dans les mêmes travers), mais parce que des décennies l’ont fossilisée dans les travers du pouvoir. La Cour du Grand Siècle, ses courbettes, sa liturgie, ses clans, ses artistes officiels, ses surintendants calcinés d’ambition. Le tout, à un détail près : le Roi-Soleil est aux abonnés absents. Sans doute à la chasse, jusqu’en 2025.
La droite municipale, c’est aussi l’émergence d’une nouvelle génération, des coqs de combat nommés Kevin Schmid (PLR) ou Alain Miserez (PDC), parmi d’autres qui me pardonneront de ne pas les citer. Ils attaquent franco de port, savent débattre, en font parfois un peu trop, comme il sied à la jouvence. Ces Don Quichotte en herbe auront-ils raison des moulins ? Leur combat sera très difficile, le rite initiatique sera pour eux très long, il y aura (dans leur propre camp) le jeu habituel des trahisons. Nulle geste, nulle Chanson de Roland, sans la venimeuse proximité d’un Ganelon, en embuscade, là, juste derrière le buisson. Mais la politique, c’est exactement cela. Tantôt la désespérante immobilité des tranchées, tantôt l’audace de l’offensive, mais à quel prix ? Et toutes ces heures à se scruter, se sourire tout en se haïssant, se mentir, toutes ces éternités à feindre. Alors, quoi, l’empire de la simulation l’emportera-t-il sur la possibilité de la victoire ? Rien n’est écrit. Tout est possible. Tout est ouvert. Ça ferait un beau slogan de pub, non ? Où cela ? Mais sur les murs de la Ville, pardi !
Pascal Décaillet
Commentaires
Avez-vous lu le petit livre de détestation et haine des mâles de 160 pages associé au flyer qu'on trouve partout :
«Le patriarcat passe à la caisse» ?
On se demande si c'est vraiment produit par le Département de la cohésion sociale (sic) ?
Cordialement
VCh