Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.02.23
De deux choses, l’une. Soit les partis n’ont plus aucune raison d’être, et alors soyons clairs : on les abolit, on fait la politique sans eux, on les remplace par des comités d’initiatives ciblés, je serais loin d’être opposé à ce modèle.
Soit on estime qu’ils ont encore une utilité. Alors, désolé, on rétablit, dans chaque formation, un minimum de connaissances sur l’Histoire du parti, cantonal comme fédéral, au passage aussi l’Histoire du pays. On pétrit ses adhérents de philosophie politique, quitte à s’engueuler à l’interne, ce qui est d’ailleurs très sain. Et on envoie au front des lascars avec un minimum de répondant sur l’identitaire sémantique et dialectique de sa formation.
Mais des gens qui sont juste là parce qu’ils ont vu de la lumière, et que l’ambiance est sympa, c’est un peu juste. Ainsi, pour prendre un exemple au hasard, le seul fait d’arborer un bonnet orange, même pas phrygien, même pas blanc comme celui de Jacques Duclos, sans rien connaître aux racines philosophiques, plurielles, complexes, passionnantes, du parti qui affiche cette délicieuse couleur orangée, c’est insuffisant.
Si les partis doivent continuer à exister, alors qu’ils donnent à leurs nouveaux adhérents des séminaires de formation. On ne peut pas juste, comme ça, projeter sur la scène publique des gentils paroissiens souriants. Il faut du coffre. De l’ancrage dans le temps long. Le sens de l’Histoire. Sinon, on va à la kermesse, on boit des verres, on danse, la vie est belle. Mais la politique, c’est un peu plus que tout cela.
Pascal Décaillet
Commentaires
Merci Pascal pour cette mise au point, ô combien indispensable ä l'heure où ces formations sont des poids morts qui entravent notre liberté de mouvement et de pensée.
Cela fait maintenant plus d'une vingtaine d'années que je dénonce ce parasitage. Je dis bien parasitage. Pas seulement au niveau budgétaire de la collectivité mais aussi au niveau de la mobilité intellectuelle, absolument nécessaire pour adapter nos théories (législation et lois) aux réalités matérielles et sociales en évolution/mutation accélérée - Je pense à la transformations des masses et des individus dans un contexte hautement manipulé. Face à ce fléau, il n'y a pas, dans les partis politiques (droite centre et gauche) de personnalités suffisamment conscientes et solides (culture et savoir) pour soutenir les groupes d'élus, dont nombreux sont des illettrés en politique et en économie.
Une formation dans ces deux domaines semblent être le minimum et l'essentiel d'un début qui peut conduire les hommes à s'intéresser à l'histoire ou à d'autres disciplines. Les différents cycles ou modules de formation dans ces principales matières sont incontournables si les partis politiques veulent continuer d'exister.
Vous soulevez là, une problématique criante très actuelle, surtout face à des entités non élus qui ont pris le pouvoir sur nos gouvernements et qui ont mis hors jeu nos instances et nos institutions. Comme dans des épreuves de luttes sur un ring, il s'agit aussi de former nos généraux (conseillers fédéraux) au combat et à la stratégie, de même, nos parlementaires doivent être aptes à comprendre leur rôle dans ce théâtre pour coordonner leurs efforts de résistance dans un contexte de prédation sans précédent. Qu'ils soient capables d'aller chercher les prédateurs dans l'ombre pour les exposer en pleine lumière, d'aller récupérer les butins de centaines de milliards volés dans nos caisses publiques, de mettre ces grands kleptocrates et psychopathes au pas.
Actuellement, il est assez inique que ce soit eux qui mettent nos capitaines au pas et nous en rangs de troupe.
Mais je rêve les yeux ouverts Pascal!
Ces héros, existent ils quelque part?
Oui! il y en a! Ils sont si peu nombreux et si peu recherchés... Par les partis politiques.
Soyons conscients. Les clubs politiques se sont enfoncés dans le jeu du spectacle depuis trop longtemps. Je doute qu'ils accepteront de quitter les rampes de projecteurs pour se mettre au gros œuvre dans le fond des fosses.
Comme je le déplorais déjà, c'est extrêmement frustrant d'avoir à ses côtés, en face de soi et derrière, des figurines de papier mâché qui font office de législateurs. Parfois ça fait crier ou pleurer de rage. Des législateurs qui sont incapables de déchiffrer le sens des mots, d'une virgule, ou d'un postulat. Connaissent ils au moins l'organisation de chacun de nos ministères qui structurent notre société?
Ce sont des constructions abstraites qui ne sont pas à la portée de tous les élus, j'en conviens, souvent ils sont choisis pour leur complète innocuité au sein du groupe. Au grand dam, ils sont parfois brillamment élus pour FIGURER sagement sur les bancs. Il avait même été dit que ces candidats-élus étaient de qualité, de valeur et de vertus, parce qu' ils ne dérangeaient pas la vanité de leurs camarades arrivistes qui avaient un grand appétit de scène de théâtre pour apparaître...En public!
Pourquoi est-ce donc ainsi?
Parce qu'ils parlent la langue des petites envies que la majorité des électeurs comprennent et qu'ils sont leur image. C'est à dire d'un niveau très moyen à faible, de culture rudimentaire digeste et d'un consciencieux conformisme rassurant,
Ce triste phénomène évoque aussi la tristesse de Ricoeur et de Le Bon sur l'état mental des masses y compris de leurs élites captifs.
Nous sommes, à cet endroit, sur le terreau où sont en train de germer les graines du totalitarisme et d'un fascisme bon-enfant.
Avez vous vu Pascal? une de ces figurines se lever et dire; "Camarades! nos droits fondamentaux sont piétinés, faisons rétablir nos droits apportons des dispositions pour rendre leur vigueur !"
"demandons des comptes , expédions des enquêtes, contrôlons les dépenses " etc.
Le parlement populaire est formé de ces individus du peuple très moyen. Et c'est cela que nous appelons Démocratie dont nous sommes fiers. Dans le cas contraire où les élus sont des érudits, nous aurions un parlement élitiste. (ne pas confondre avec Elite qui signifie le meilleur de chaque groupe dans sa spécialité)
Pour rejoindre votre conclusion, je suis passionnée de politique mais je ne trouve plus rien de politique autour de moi. C'est dans les parlements et dans les partis qu''il y en a le moins.
Ma conclusion: Ces coûteux partis sont devenus de plus en plus inutiles. Ils sont devenus une allégorie de démocratie. Un leurre. Un danger.