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Liberté - Page 986

  • Aux Etats, le peuple, ça fait sale

     

    Sur le vif - Lundi 06.10.14 - 16.54h

     

    Invalider. Ils n’ont plus que ce mot à la bouche. Invalider les initiatives, même si ces dernières ont dûment obtenu les cent mille signatures nécessaires, souvent beaucoup plus. Les invalider, parce qu’on les juge « dangereuses ». Dangereuses, pour qui ? Pour l’intérêt supérieur du pays, ou pour la tranquillité notariale de la classe politique actuellement au pouvoir ? Tranquillité. Rotondité. Langueurs sénatoriales, dans cette Chambre qui devrait représenter les Cantons, et non censurer la démocratie directe, l’un de nos biens les plus précieux en Suisse : tous nos voisins nous l’envient !

     

    Oui, j’ai vu rouge en lisant hier la « Schweiz an Sonntag ». Non, je n’admets pas qu’une Commission (celle des Institutions politiques, en l’espèce) du Conseil des Etats vienne, du haut de son promontoire bernois, élaborer des règles visant à niveler, dans les textes d’initiatives populaires, tout ce qui gêne et dépasse. Invalider, niveler, tondre : nous les citoyens, hommes ou femmes, Romands, Alémaniques, italophones, de gauche ou de droite, n’avons pas à nous laisser dicter l’ordre du convenable, en matière de démocratie directe, par des parlementaires fédéraux.

     

    Une initiative, je ne cesse de le répéter, c’est une affaire du peuple avec le peuple. Le défi lancé, par quelques citoyens au départ, à l’ensemble du corps électoral de la Confédération, ainsi qu’à nos vingt-six Cantons, la double majorité étant requise. Sur quels sujets ? Mais justement, parbleu, sur ceux que les 246 parlementaires fédéraux n’ont pas jugés bon de humer, peut-être parce que le fumet populaire les incommodait. Initiative des Alpes, lex Weber, renvoi des criminels étrangers, immigration massive (9 février 2014), et demain Ecopop (30 novembre 2014) : autant de sujets ignorés, sous-estimés par nos parlementaires fédéraux, tiens justement par le Conseil des Etats. Autant de sujets méprisés, vilipendés, jugés indignes de parvenir au jugement suprême, celui du suffrage universel : les quelque quatre millions d’électeurs potentiels de notre Confédération, et les vingt-six Cantons.

     

    Insupportable, le signal d’arrogance délivré par cette Commission des Etats. Si une initiative est mal ficelée, le peuple citoyen (ces quatre millions, justement) est largement assez mûr, assez rôdé à l’ascèse de la sagacité démocratique, pour en juger lui-même. Le suffrage universel suisse n'a nul besoin d'un "Comité de Sages", ni parlementaire ni judiciaire, pour dessiner à sa place la géométrie de l'acceptable. Cette proposition scélérate de quelques sénateurs mérite un seul classement : celui, vertical, de la poubelle

     

    Pascal Décaillet

     

  • Traversée, logements : le mirage doré des PPP

     

     Sur le vif - Vendredi 03.10.14 - 10.47h

     

    Faire de la politique, notamment quand on assume une charge, c’est croire en l’Etat. Inscrire son action dans le cadre de la chose publique. On peut militer pour plus ou moins d’Etat, c’est une question de régulateur, mais le seul fait de s’être présenté à une élection républicaine délimite au candidat le périmètre de son action future : il pourra pratiquer une politique de gauche, de droite, du centre, tout ce qu’il voudra, mais dans le cadre de l’Etat. Lequel n’est ni un club, ni une société privée. De quels grands commis l’Histoire a-t-elle retenu le nom ? De Philippe le Bel à Louis XI, de Louvois à Richelieu, de Bismarck à Jules Ferry : des hommes qui ont, de toute la puissance de leur génie et leur énergie, lutté pour écarter, dans le cadre public et dans nul autre, le champ du possible.

     

    Hors de l’Etat, entendez par ce mot la volonté des humains de codifier leur organisation politique et sociale, et s’il vous plaît n’entendez pas une armada de fonctionnaires derrière des guichets, hors de ce cadre qui a fondé nos sociétés modernes, la politique ne peut avoir de sens que comme aventure personnelle, pulsion libertaire, exercice néo-féodal du pouvoir, par exemple par la tyrannie de l’Argent. C’est une option de la vie en communauté. Ca n’est pas la mienne.

     

    A cet égard, comment ne pas s’étonner, à Genève, de voir deux conseillers d’Etat, provenant comme par hasard de partis très éloignés des rigueurs régaliennes, le Vert et le PDC, nous brandir allègrement, dès que surgit une difficulté budgétaire, le mirage doré du « Partenariat Public Privé », ci-devant compressé dans le triptyque palatal « PPP ». Il faudrait financer la future (et bien lointaine) traversée du lac par des « PPP ». Il faudrait (le Temps d’aujourd’hui) créer une fondation public privé pour faire enfin émerger des logements à Genève.

     

    Il y a, dans cette rhétorique aussi légère que floue, l'abdication assumée de l’une des grandes ambitions qui fondent nos sociétés depuis la Révolution française : inscrire les grands projets, les grands travaux, non dans la générosité d’une prince mécène, mais dans la volonté collective des citoyens. Voulus par eux, conçus par eux, corrigés et contrôlés par eux. Donc, financés par eux. Avancer d’emblée l’appel aux fonds privés, c’est reconnaître que les caisses de l’Etat sont vides, qu’on n’a plus la moindre imagination pour les remplir, c’est avoir peur de se rendre impopulaire en articulant l’idée d’impôt. C’est déchirer bien imprudemment le contour imposé de l’action publique, pour s’aventurer vers des donateurs dont on se demande bien quelles contreparties, le jour venu, ils exigeront pour leur générosité. C'est revenir à l'Ancien Régime.

     

    Je ne conteste pas ici l’intérêt d’avoir parfois recours aux fonds privés. Mais enfin, l’idée même de la République, depuis un peu de deux siècles, c’est que ces fonds contribuent à l’effort commun, non par l’arbitraire d’un don, mais par le biais de la fiscalité. Ce qui me paraît très contestable, c’est de brandir d’emblée le PPP, en amont de toute discussion. Avant même d’avoir sollicité du peuple ou de ses élus la réflexion citoyenne sur ce qu’il veut entreprendre, ou ce à quoi il préfère renoncer. Gouverner, c’est choisir. Gouverner la République, c’est opérer ses choix dans le cadre de l’Etat.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Père Dauchez : sourire et lumière

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    Coup de Cœur - GHI - 01.10.14

     

    Originaire de Versailles, le Père Matthieu Dauchez a décidé un jour de tout quitter pour aller s’occuper des enfants des rues à Manille. Dans l’immense capitale des Philippines, l’une des villes les plus peuplées au monde, vivent des milliers d’enfants qui n’ont strictement rien, et errent dans les rues. Orphelins, ou rejetés par leur famille. Le Père Matthieu, à la tête de la Fondation Anak, et avec le soutien de salariés philippins, s’occupe d’eux. Dans un livre, « Le prodigieux mystère de la joie », il raconte son expérience. Mieux : cet infatigable prêtre de terrain sera à Genève jeudi 2 octobre. A 19.45h, il s’exprimera au Sacré Cœur, 18 rue du Général-Dufour. Au milieu des immondices de Manille, il dit avoir trouvé la lumière. Assurément, le témoignage de cet homme vaut le déplacement.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Le Père Matthieu Dauchez sera ce soir, 19h, en direct sur le plateau de Genève à chaud. Puis, 19.45h, au Sacré-Cœur.