Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 983

  • Ecopop : Bazaine est-il disponible ?

     

    Sur le vif - Lundi 20.10.14 - 18.19h

     

    Il était assez salé, tout à l’heure à 18h, d’entendre le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC, TI) se plaindre sur la RSR du manque d’engagement d’Economie Suisse, entendez le patronat, contre l’initiative Ecopop, soumise au peuple et aux cantons le 30 novembre prochain. Ce dont la directrice romande, Cristina Gaggini, se défend : « Les moyens financiers sont à la hauteur de l’enjeu », affirme-t-elle, sans avancer de montant. Chez ces gens-là, Monsieur, on a le chiffre discret.

     

    A la vérité, de quoi se plaint M. Lombardi ? La dernière fois qu’Economie Suisse a sévi dans une campagne de grande envergure, soulevant des thèmes à la fois politiques, identitaires et économiques, c’était sur l’initiative « Contre l’immigration massive », tranchée dans le sens qu’on sait le 9 février. Oui, cet engagement massif du patronat, à coup de millions et de millions, s’est soldé par une Bérézina.

     

    Dès lors, qu’un éminent représentant de la démocratie chrétienne suisse, vieille de plus d’un siècle et dont on imaginait qu’elle avait pour ses campagnes d’autres ressources que celle de l’aumône auprès des forces de l’Argent, vienne publiquement geindre et quémander, il y a quelque chose qui ne grandit pas cette formation politique. Quelque chose d’humiliant.

     

    Humiliant, et surprenant : venir quérir le concours d’un patronat qui a complètement raté la campagne du 9 février, c’est un peu comme si la jeune Troisième République, après l’affaire de Metz, venait solliciter Bazaine pour la tirer d’affaire, dans quelque bataille où l’honneur serait en jeu. Surprenant, oui. Et quelque peu surréaliste.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ecopop : l'Uni de Genève n'aime pas la contradiction ?

     

     Sur le vif - Lundi 20.10.14 - 11.06h

     

    J’aurai largement l’occasion de revenir prochainement, ici même, sur l’ahurissante campagne orchestrée tous azimuts, de façon totalement déséquilibrée, contre l’initiative Ecopop, sur laquelle le peuple et les cantons se prononceront le 30 novembre. De partout on déchaîne le feu contre des initiants auxquels on ne prend pas la peine – ou si peu – de donner la parole. Lorsque la grosse artillerie vient des opposants au texte, on peut à la rigueur se dire que c’est de bonne guerre, encore que le petit jeu, comme pour le 9 février, pourrait bien se retourner contre eux. Mais quand le procédé est utilisé par l’Université de Genève, qui devrait être instance de réflexion et de distance, on se dit que quelque chose ne va pas.

     

    Elle vient de nous envoyer un communiqué, l’Université de Genève, annonçant, pour le 30 octobre prochain, une « journée d’étude » sur Ecopop, un texte dont il nous est tout de suite annoncé, dans l’invitation, qu’il « pourrait  assombrir un peu plus l’avenir européen de la Suisse ». Le ton est donné. Mais il l’est encore bien davantage par le casting : sur six intervenants annoncés, un seul viendra défendre Ecopop : Alec Cagneux, membre du comité d’initiative. Les autres ? Simonetta Sommaruga, général en chef des opposants, Pierre Maudet, membre très européiste d’un Conseil d’Etat ayant annoncé qu’il allait faire campagne contre Ecopop, Edouard Gnesa, haut fonctionnaire, Cesla Amarelle, conseillère nationale socialiste vaudoise, très opposée au texte, et Omar Porras, « l’un des invités culturels de l’événement ». Cinq contre un !

     

    Inutile de dire que seul face à ce beau monde, le partisan d’Ecopop est sympathiquement invité à se rendre au casse-pipe. Dans l’organisation de ce type de déséquilibre, on notera que l’Université de Genève n’en est pas à son coup d’essai : nous avions déjà dénoncé cette dérive dans la campagne du 9 février. Soyons clairs : il ne s’agit pas d’une « journée d’étude », mais d’une polyphonie de l’unisson. Musicalement, c’est une option. En termes de réflexion et d’équilibre, c’est un dévoiement pur et simple.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Et Saint Luc traversa la mer Rouge

     

    Sur le vif - Mercredi 15.10.14 - 16.00h

     

    Oui je sais, dans mon titre, je confonds l’Ancien et le Nouveau. La Petite et la Grande. La Rade et le Lac. L’horizon chimérique de 2030 (tiens, ça n’est déjà plus 2025) avec celui, équestre, de 2020. Bref, rendons grâce au Conseil d’Etat d’avoir, dans son infinie sagesse, avec une louable intention d'affûter nos désirs, revivifié cet après-midi nos rêves séculaires de traversée. Honneur à lui, même s’il ne prend pas grand risque.

     

    Oh, sa traversée je suis pour. J’ai toujours été pour la grande, le bouclement périphérique. Que Genève, une bonne fois, se dote d’une ceinture urbaine. Et j’ai toujours été, depuis qu’ils l’ont lancée en 2013, contre la petite, qui n’était que pub électorale de l’UDC. Que revivent donc nos rêves, c’est sans doute cela qui compte quand on gouverne et que pas grand-chose ne va : insuffler dans les artères du client le minimum de joie prospective pour qu’il évite de commettre l’irréparable : ne pas procéder à votre réélection. Ou à celle des vôtres, tiens disons à l'horizon communal du printemps 2015. Votez Entente, nous ne resterons pas sourds à votre libido lacustre.

     

    Alors, aujourd’hui, on fait quoi ? Je dirais « miroiter », même si le temps des alouettes est déjà envolé. On parle de « préfinancement cantonal », alors que l’absence du moindre kopeck dans les caisses désespère un ministre des Finances sept milliards de fois moins optimiste, quand on le croise, que pendant cette campagne de 2013 qui, tel l’Aigle surgi de l’île d’Elbe, l'avait vu voler de clocher en clocher.

     

    Cette traversée, je suis pour. Je ne conteste donc pas le fond. Mais le communiqué que je viens de lire (en attendant de recevoir M. Barthassat ce soir à GAC), je n’y crois que modérément. Déclaration d’intention. Abstraite, non chiffrée. Timide reprise de l’ouverture sur le privé, mais du bout des lèvres, parce que politiquement, c'est périlleux. Rien de précis sur les modalités de financement. Bref, une Arlésienne. Sympathique, sans doute sincère. Mais improbable comme un rêve de vent, timoré d'incertitude face au frisson si féminin de la vague bleue.

     

    Le populiste de droite nous dessine la Phalange sous les yeux fatigués des patriciens. Celui de gauche nous promet le grand soir. Le populiste de la festivité chrétienne nous réinvente la mer Rouge. A chaque fois que saignent nos regrets.

     

    Nous noterons en passant, et sans chercher noise (ça n’est pas le genre de la maison), que ce gouvernement, particulièrement dans l’ordre de la mobilité, semble davantage briller par les effets du lointain que par la précision matérielle du concret, hic et nunc. En attendant, lisons Saint Luc. Il y est aussi question (comme chez Dalida) de Parole et de Parole : que du bonheur ! Ou l’histoire de Moïse. J’aime quand les eaux s’écartent. Promesse d’un Passage. Avec un prénom comme le mien, comment pourrais-je m’en détourner ?

     

    Pascal Décaillet