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Liberté - Page 775

  • Allemagne : l'autre gauche, celle qui monte

     

    Sur le vif - Mardi 21.08.18 - 11.46h

     

    En Allemagne, la gauche radicale combat à son tour l'immigration incontrôlée, et exige un contrôle drastique des flux migratoires.

     

    Pourquoi le SPD, aujourd'hui totalement à terre suite aux dernières élections, n'a-t-il pas tenu ce discours ? Lui, l'héritier de la grande tradition sociale-démocrate allemande, qui remonte au moins à 1848, pourquoi n'a-t-il pas tiré la sonnette d'alarme, suite à l'ouverture inconsidérée des frontières par Mme Merkel, à l'automne 2015 ? Le sort de la classe ouvrière allemande n'intéresse-t-il plus le parti qui fut celui de Willy Brandt ?

     

    La maladie héréditaire de la sociale-démocratie allemande, aujourd'hui comme en 1919, c'est sa prétention à l'internationalisme, et à quelque dimension universelle qui n'intéresse guère les Allemands les plus précaires. A cela s'ajoute une "gentrification" du parti, devenu celui des villes et des classes moyennes, voire supérieures, et plus du tout celui des travailleurs. Or, des usines, oui des bonnes vieilles machines keynésiennes de fabrication à la chaîne, il en existe encore beaucoup en Allemagne, c'est d'ailleurs l'une des raisons - avec la maîtrise de l'acier - de l'incroyable prospérité économique de ce pays.

     

    Là où il y a des usines, ou des aciéries, il y a des ouvriers. Oui, cela existe encore ! En Allemagne, depuis Bismarck et ses premiers contrats collectifs, ses premières assurances sociales, le souci a été constant de maintenir un dialogue fructueux entre patronat et syndicats. Dans cette dialectique, le SPD a historiquement tenu un rôle majeur. Ce rôle, aujourd'hui, il l'a perdu.

     

    Pendant ce temps, à la gauche du SPD, des formations plus radicales, avec un langage plus clair, plus proche du peuple, mais aussi avec des options plus tranchées, parfaitement identifiables, ont prospéré. Elles sont les héritières de cette autre gauche allemande, qui existait puissamment en 1918, 1919, plus percutante, plus offensive, et dont l'une des branches était franchement plus nationale. Pendant la République de Weimar, pendant les années d'opposition au Troisième Reich, puis dans les deux Allemagnes de 1949 à 1989, la dualité antagoniste de ces gauches a existé.

     

    Aujourd'hui, la gauche radicale monte. Et la vielle sociale-démocratie, humaniste, s'effondre. Enlisée dans ses rêves internationalistes, dans ses chimères cosmopolites. Ce qui se passe dans la politique allemande, souvent, se retrouve chez nous quelques années plus tard. Le combat des gauches, entre préférence nationale et béatitude mondialiste, ne fait que commencer.

     

    Pascal Décaillet

     

  • PYM : un peu trop pressé !

     

    Sur le vif - Lundi 20.08.18 - 11.40h

     

    J'éprouve, depuis vingt ans, la plus vive admiration pour Pierre-Yves Maillard, que j'ai nommé "Le meilleur de tous", dans un commentaire, il y a une quinzaine d'années. C'est un homme d'Etat et de conviction.

     

    Mais je ne suis pas sûr que dévoiler son aspiration à devenir le premier syndicaliste de Suisse, alors qu'on est encore en poste dans un gouvernement cantonal, soit stratégiquement habile. L'intérêt avoué pour la fonction future sera de nature, qu'on le veuille ou non, à jeter une ombre sur l'action exécutive présente.

     

    Être ministre cantonal est une chose. Être le patron de la première centrale syndicale du pays en est une autre. On peut exercer les deux fonctions successivement. Mais évoquer la seconde, alors qu'on est encore en plein dans la première, donne l'impression qu'on regarde déjà ailleurs, ce qui n'est jamais bon.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La parole au peuple !

     

    Sur le vif - Lundi 20.08.18 - 05.52h

     

    La force du système politique suisse, avec la démocratie directe, c'est le primat des idées sur les personnes.

     

    Une initiative, que nous amène-t-elle ? Un thème ! Elle l'exhume de l'indifférence de la classe politique, l'impose au public, charrie pendant des mois un vaste débat national. Chaque citoyenne, chaque citoyen se sent concerné, donne son opinion, argumente. La Suisse, communément, de Chancy à Romanshorn, fédère ses énergies en débattant d'un même sujet. En cela, l'initiative populaire écrit, chaque fois, une page de l'Histoire politique de notre pays. Une page originale, qui appartient au corps électoral entier, et pas seulement aux élus.

     

    Dans les élections, nous parlons des personnes. Le centre du débat, ce sont des hommes et des femmes. Pouvons-nous, ou non, leur faire confiance ? On montre leurs visages, sur des affiches. On les choisit, ou non.

     

    La politique, ce sont ces deux dimensions-là, les idées et les personnes. Comme des abscisses et des ordonnées.

     

    Devant l'Histoire, lorsque l'on considère, avec recul, les mouvements de fond, ce sont les idées qui demeurent, même si les biographies des grands acteurs sont souvent captivantes.

     

    La démocratie directe place les idées au centre de tout. Alors que certains de nos grands voisins, comme hélas la France, ne convoquent le peuple aux urnes que pour choisir des personnes. Quand, exceptionnellement, on donne au suffrage universel l'occasion de s'exprimer par référendum, comme en mai 2005 sur le Traité européen, on s'arrange pour ne pas l'écouter.

     

    Ce qui, trois fois hélas, fut aussi commis en Suisse, dans l'application du 9 février 2014.

     

    La démocratie directe suisse est le fleuron le plus noble de notre système politique. On ne doit la toucher que pour augmenter sa marge d'action. Plus le corps électoral empoigne les vastes sujets qui déterminent le destin national, plus solide et ancrée sera la légitimité des décisions.

     

    Pascal Décaillet