Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.01.25
Contrôler les réseaux sociaux. La voilà, la grande, la noble, la magnifique idée de la « presse traditionnelle », entendez celle qui se meurt, faute de lecteurs. Quelle superbe ambition ! Notre presse, en Suisse romande, est engluée dans ses habitudes, pétrifiée dans ses schémas de pensée, incapable de s’adresser au plus grand nombre, mais quelle est sa principale préoccupation : censurer ses plus dangereux concurrents, les réseaux sociaux.
Il faut les voir, ces journalistes moralisateurs, tous à se presser dans des séminaires, doctes donneurs de leçons, se plaindre ensemble de la méchanceté, la malignité de ces nouveaux rivaux. Ils sont les rois, pour monter des débats où tout le monde est d’accord, on vomit sur les réseaux sans même les inviter, on conspue l’UDC sans l’associer à la discussion, on se congratule, on regrette le temps passé, on finit par un apéro, la messe est dite.
Que les réseaux ne soient pas parfaits, nous en sommes bien d’accord. Mais notre presse romande l’est encore moins, et en matière de censure, elle s’y connaît. La question ukrainienne, elle la traite avec l’œil de Washington, les mots de l’OTAN, là jamais de « fact checking », on prend comme argent comptant, copié-collé, et vogue la galère ! Et surtout, jamais d’autocritique : on s’absout soi-même par avance, on diabolise les réseaux par jalousie, et finalement on se laisse mourir. Vive la vie !
Pascal Décaillet
Commentaires
Cher Monsieur Décaillet,
J'apprécie vos idées, en particulier l'apologie de l'indépendance que vous exprimez dans votre article publié dans GHI du 15 janvier, mais ne suis pas d'accord avec votre commentaire sur les réseaux sociaux.
Les jeunes de 15 à 30 ans ne lisent plus les journaux, n'écoutent plus la radio et ne regardent plus la télévision. Leurs sources d'informations sont majoritairement ces réseaux.
Avec l'évolution actuelle de X, facebook, instagram etc... Ces sources "d'informations" sont polluées par des fake-news et des incitations extrémistes qui sont à mon avis une menace pour nos démocraties, référence:
https://www.rappler.com/technology/social-media/interview-maria-ressa-meta-scrapping-fact-checking-program-united-states/?cx_testId=2&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=2&cx_experienceId=EX4CPN0G1RJL&cx_experienceActionId=showRecommendationsJQFQYPTR84OP22#
Maria Ressa a reçu le prix Nobel de la paix en 2021, et je partage tout à fait son opinion sur l'évolution des réseaux sociaux qui représentent, selon elle, une grave menace pour les démocraties.
Recevez, cher Monsieur Décaillet, mes meilleures salutations. Jean-François Goumaz
Les médias "traditionnels" ou "institutionnels" sont tout simplement débordés par la puissance de feu des réseaux sociaux. Ils ont eux-mêmes lancé, à leur échelle plus petite mais dans la même veine, le culte du scoop (voir l'excellent petit roman d'Evelyn Waugh publié en 1938), le culte du coup de jarnac (distribué au moment opportun, celui où l'adversaire attaqué peut moins facilement réagir - par exemple dans la presse dominicale). Rien de tout cela, qui est antérieur de plusieurs décennies aux premiers balbutiements des réseaux sociaux, ne visait à assurer des débats sereins dans la société. Rien. Quant aux réseaux sociaux, ils vont évidemment devoir être régulés, ne serait-ce qu'en exigeant une preuve de l'identité de ceux qui s'y expriment, afin de pouvoir sanctionner les débordements, comme on le fait déjà dans "la vraie vie". Souvenons-nous qu'aux débuts de la radio, les radio-amateurs pouvaient opérer librement, ce qui est devenu impossible plus tard.
Le Peuple aura finalement le dernier mot. Il condamnera ces medias aux ordres à la déchéance, et les autorités du même tempérament également, en élisant ses vrais et fidèles représentants! Les traîtres, comme la récente démissionnaire, affidée à, et serve de, l'UE, l'OTAN et l'Oncle Sam, seront renvoyés à leurs études! Nous devrons lutter pied à pied contre cette attaque contre les réseaux certes sociaux, mais surtout libres! Nous n'accepterons pas la moindre censure!
Contrôler, interdire, le vocabulaire de certains est vraiment limité ! Face à des media "officiels et reconnus" dont la partialité n'est plus à démontrer, les réseaux sociaux, avec leurs défauts certes, sont la juste réponse au camp "du bien" pour qui il n'y a qu'une vérité, celle de ceux qui veulent tout contrôler. Au moment où se développe l'IA, où l'Amérique émerge avec un dynamisme ravageur, l'Europe mourante et décadente ne songe qu'aux interdits, aux règles pour tout contrôler. L'UE en particulier ne fait que développer et imposer des règles dans tous les domaines, signes de son incompétence à innover, à voir le futur si proche , bref à simplement se projeter un peu dans le monde nouveau, imparfait, remuant mais entreprenant, dynamique, novateur.
Attention toutefois. Il y a réseaux sociaux et réseaux sociaux. Vive la liberté de parole mais non n’importe quelle parole. Si les annonceurs ne sont pas capables de s’autodiscipliner, alors il faut les réguler, et sans ménagement. Notre jeunesse est en danger de mort !