Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.01.25
La Suisse est un pays souverain. Petit pays, certes, minuscule à l’échelle du monde, mais indépendant. La souveraineté d’une nation ne se mesure ni à sa superficie, ni à sa démographie, mais à l’ardeur de son peuple à défendre ses lois, sur son territoire. De même, un petit entrepreneur, férocement attaché à son indépendance, est plus entrepreneur, croyez-moi, dans la tête, dans les colères, le cœur, les angoisses, les insomnies, que tant de cadres qui caporalisent des centaines de personnes, mais ne sont que les rouages hiérarchiques de leur entreprise. Après tout, ils n’en sont que salariés : ils n’incarnent pas la prise de risque entrepreneurial. Pour ma part, je ne les respecte que très modérément, en comparaison d’un petit patron qui tente l’inconfort de lancer sa boîte. La lancer, et surtout la tenir, des décennies.
Il en va de même pour les nations. Citoyen et entrepreneur, je veux la souveraineté et l’indépendance de mon pays, la Suisse. Ne pas confondre avec le repli : il n’est pas question de s’enterrer dans des abris, encore moins d’ignorer nos voisins et amis du continent européen. Commerçons, voyageons, échangeons, pétrissons-nous de culture allemande, française, italienne, lisons les grands auteurs, emplissons nos âmes de musique, celle du Hongrois Bartok, celle du Finlandais Sibelius, soyons totalement européens par les langues et par la culture. Mais politiquement, soyons les plus intransigeants quant à notre indépendance. Et surtout, déployons nos efforts au service du peuple suisse.
Servir le peuple, ça passe par une réorientation de notre économie vers le marché intérieur. Les intérêts supérieurs du peuple suisse. C’est valable pour notre agriculture, qui mérite un total soutien des pouvoirs publics, un protectionnisme face aux importations sauvages de la concurrence mondiale, la mise en place de circuits courts, écologiquement favorables : je n’ai rien contre les vins chiliens, ni californiens, mais enfin nous avons les vignobles genevois, valaisans, vaudois, on peut quand même les soutenir, non ?
La priorité au marché intérieur, ça passe aussi par l’industrie. Il a fallu tant se battre – et j’ai mené ce combat ici, dans ces colonnes – pour arracher un peu de soutien de Berne à nos aciéries, celles de Soleure comme celles de Lucerne. Eh bien il faut aller plus loin, et porter une stratégie économique visant à encourager nos industries travaillant pour le marché suisse. Je n’ai pas dit : « cesser les exportations », je ne suis pas fou, je connais leur importance vitale depuis plus d’un siècle. Mais recentrer la production industrielle suisse sur la clientèle suisse, c’est l’un des éléments de notre souveraineté. Là aussi, circuits courts, recentrage sur nos intérêts vitaux. Et si l’actionnariat pouvait être suisse, et encore mieux si les profits pouvaient être partagés par tous, à commencer par les forces de productions les plus modestes, nous commencerions à nous approcher du modèle économique de mes rêves : produire oui, mais pour le peuple, et par le peuple. A tous, excellente Année 2025 !
Pascal Décaillet