Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Moi, je reste

     
     
    Sur le vif - Jeudi 02.01.25 - 09.52h
     
     
    Sur tous mes récepteurs FM, la présélection 1 a toujours été la RSR. La Première. Pour les infos, Matinales, 12.30h, Forum. C’est mon monde, mon univers. C’est de là que je viens.
     
    J’ai travaillé sur ces trois tranches amirales. J’en ai été le producteur. 19 ans après mon départ de la RSR, j’ai continué, avec une régularité métronomique, à les écouter. Je suis un homme d’info, viscéralement : je n’écoute guère le « programme », à part l’excellente émission Tribu, à 11.04h.
     
    Fidélité absolue, donc, jusqu’à hier soir minuit. Je ne les ai pas quittés : ils ont déserté le terrain. Sabordé leur propre Flotte, à Toulon. Quitté la scène, en actionnant eux-mêmes la trappe.
     
    Je laisserai donc vide la présélection 1. Mais je continuerai d’écouter avec passion les présélections 2, France Inter, 3, France Musique, et 4, France Culture.
     
    Je demeure fidèle à la FM, système dont j’ai souligné l’extraordinaire souplesse technique dans mon précédent texte.
     
    Les radios SSR quittent le terrain, c’est sans doute ce qu’on appelle le droit au suicide.
     
    Moi, je reste.
     
    C’est aussi simple que cela : je reste.
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Abandon de la FM : oui, j'ai dit forfaiture !

     
     
    Sur le vif - Mercredi 01.01.25 - 16.43h
     
     
    En ce Jour de l'An, je ne contiendrai pas ma colère. L'abandon de la FM par la SSR est une forfaiture. Je sais de quoi je parle : je suis un homme de radio, j'ai passé deux décennies devant des micros radio, avant d'en passer deux autres devant des caméras TV.
     
    Je connais ce métier sur le bout des ongles, j'ai lancé plusieurs nouvelles émissions, ou nouvelles formules, qui aujourd'hui encore existent. Je ne suis pas un homme de "start-ups", qui lance une boîte puis la ferme pitoyablement après deux ans. Ni un écervelé qui lance une émission pour qu'elle se plante, puis s'en va prêchant des mots vides comme "innovation". Je réfléchis plusieurs mois à un concept, je travaille en confiance avec ceux qui m'en confient le mandat. Je fais des maquettes, avec une petite équipe de super-pros. Le jour venu, on lance la Première, suivie de champagne et petits fours. Mais le lendemain, il y a une deuxième, puis il faut tenir l'émission des mois, des années, des décennies. Avec discipline, rigueur, méticulosité dans les détails d'intendance, confiance entre partenaires, patience. C'est cela, être producteur d'une émission. Ca se joue dans les entrailles du métier lui-même, dans la patience de ses détails, pas dans le cliquetis des cocktails.
     
    Oui, je sais de quoi je parle. J'ai tout donné à ce métier, je n'ai pas de leçons à recevoir de freluquets qui nous chantent les louanges du DAB, en laissant entendre que nous serions, nous les partisans du maintien de la FM, de vieux débris incapables d'évoluer avec les techniques nouvelles. J'ai été coproducteur, avec les deux grands pros William Heinzer et Georges Pop, de la formule qui a révolutionné les Matinales radio en janvier 1994. J'ai été producteur unique du 12.30h. J'ai été producteur unique de la formule, complètement réinventée, de Forum, dès janvier 2001. Je la connais, la musique, sur le bout des doigts. En matière de radio, en Suisse romande, je n'accepte de leçon de PERSONNE. Je suis d'ailleurs abasourdi par l'incompétence actuelle des dirigeants. Aucune vision. Aucune oreille. Aucun instinct. Aucun esprit de réinvention. Des petits pions du conservatisme.
     
    Je n'ai rien contre le DAB. Mais en aucun cas, la SSR n'avait à abandonner le prodigieux réseau FM, patiemment mis en place, pendant plus d'un siècle, sur le territoire suisse. C'est une technique légère, géniale, souple, garante de notre souveraineté médiatique, ce que le DAB n'est absolument pas. Les deux formules, de longues années encore, auraient parfaitement pu coexister. ELLES L'AURAIENT DÛ, absolument !
     
    Au plus haut niveau de la SSR, on nous faisait déjà miroiter le DAB lorsque je travaillais encore dans la grande maison. Mais il n'était nullement question d'abandonner la FM ! Il faudra, un jour, écrire l'Histoire de la manière dont on a imposé ce support nouveau, on a tout misé sur lui, on a voulu faire jeune, faire moderne, on a juste oublié les centaines de milliers de transistors FM qui fonctionnent encore parfaitement en Suisse. On s'est privé de ces incomparables supports : suicide, mode d'emploi !
     
    On a oublié les dizaines de milliers de personne âgées, victimes de la fracture numérique. On a oublié que le 31 décembre 2024 à minuit s'inscrivait en plein coeur d'une période de crise, sans précédent, du pouvoir d'achat. On a imposé cette décision, d'en haut. On a méprisé les auditeurs. On a fractionné l'auditoire entre anciens et modernes, là où il fallait, par la flamme du micro, le génie du verbe, la citoyenneté du propos, le rassembler.
     
    Oui, cette décision est une erreur stratégique majeure. Socialement, une forfaiture. En termes de fédération citoyenne, un coup de poignard dans le dos.
     
    Citoyen et entrepreneur, passionné du verbe et du micro, je fais des émissions pour rassembler les âmes. Pas pour les disperser.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Pierre Ronget : humanisme et espérance de la lumière

     
    Sur le vif - Mardi 31.12.24 - 15.16h
     
     
    Parce qu'il nous était surgi de tant d'autres mondes, pétri de tant d'archaïsmes, Pierre Ronget était l'un des plus vifs de nos contemporains. Parce qu'il était homme de tradition, il était d'une brûlante modernité, capable de renaissance intérieure et de réinvention. Il incarnait le vertige de ce paradoxe.
     
    Comme tant de gens à Genève, je veux dire ici mon émotion. A son épouse Penka d'abord, qui fut ma collègue de grec il y a si longtemps sur les bancs de l'Université, à ses filles, à ses proches, à tous ceux qui l'ont connu. C'est peu dire que notre Canton perd un humaniste, c'est trop chétif, trop maigre, ça dit trop peu de l'ampleur de l'homme, son charme, sa culture, son humour.
     
    Un serviteur de l'Etat, de l'enseignement, un directeur d'école. Un homme de foi, archonte, chef de choeur à l'Eglise orthodoxe, tourné vers les passionnantes complexités de la Grèce chrétienne. Un homme politique subtil, imaginatif, grand serviteur de la Ville de Vernier, mais aussi du Canton. Un homme de devoir, habité d'un éternel sourire. Un homme transcendé par des convictions spirituelles qui donnaient un sens à sa vie.
     
    Ce qu'il a fait pour la culture à Vernier est époustouflant. Avec Thierry Apothéloz et Yvan Rochat, ils ont formé un sacré trio, complémentaire, où les différences enrichissaient plutôt que d'abolir. Mais en ce jour de tristesse, l'heure n'est pas au bilan politique. Elle est à l'espérance de la lumière. Merci à cet homme si attachant d'avoir été notre contemporain.
     
     
    Pascal Décaillet