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Liberté - Page 779

  • Soixante-huitards, passez votre chemin !

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    Sur le vif - Mercredi 11.04.18 - 09.23h

     

    C'était à prévoir, mais déjà ça dépasse tout : à l'approche du cinquantenaire de Mai 68, la vieille garde - encore vivante - des nostalgiques remplace évocation par célébration, substitue le panégyrique à l'Histoire, bref elle fait ce qu'elle a toujours fait : elle rêve à voix haute.

     

    Profitez bien, mes agneaux : c'est la dernière fois. Dans dix ans, pour le soixantième, le vent de l'Histoire aura passé. Ces leviers de pouvoir, pour régir les consciences, auxquels vous vous accrochez avec tant de véhémence, désespérée, vous les aurez lâchés. On ne pourra pas, indéfiniment, nous balancer l'infâme Cohn-Bendit sur les plateaux TV, comme cela, avec tant de mielleuse complaisance, se fait encore aujourd'hui.

     

    Soixante-huitards, passez enfin votre chemin. Laissez-nous, sans vous, renouer, par la culture, le lien avec les ancêtres, et le transmettre à nos enfants. Laissez-nous, face à nos monuments aux morts, la mémoire de nos aïeux, la part meurtrie de nos rêves à nous, qui ne sont simplement pas les vôtres. Laissez-nous avec la Grèce antique, l'Allemagne du Sturm und Drang, le Dictionnaire des Frères Grimm, la Bible de Luther, le Lübeck de Thomas Mann, les inflexions souabes de Hölderlin et Brecht, lorsqu'ils s'attaquent à Sophocle.

     

    Laissez-nous face au mystère de la musique. Laissez-nous, pétris de vie et de mort, face à Haendel, Rameau, Beethoven, Brahms, Wagner ou Bartók.

     

    Laissez-nous, dans l'usage de la grammaire, la connaissance des repères, l'exercice et l'empire de la mémoire.

     

    Et vous, soixante-huitards, passez votre chemin. Célébrez, entre vous, ce demi-siècle, dans l'encens de vos illusions. Vous, qui avez voulu casser toute transmission, faire table rase du passé, laissez-nous transmettre, laissez-nous communier dans l'universelle mémoire des hommes et des femmes.

     

    Et surtout, s'il vous plaît, passez votre chemin.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Jamais la moindre frite

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    Sur le vif - Lundi 09.04.18 - 15.49h

     

    Bien évidemment, les Hongrois sont des brutes épaisses. Ils ont mal voté, n'ont rien compris aux enjeux de leur propre nation. Oui, il faut se faire à cette pénible idée : les Hongrois n'entendent rien aux affaires hongroises !

     

    Pour ces gens, incapables de se déterminer dans le sens qui conviendrait à Bruxelles et aux médias d'Europe occidentale, ne faudrait-il pas envisager une forme - pédagogique, mais ferme - de rééducation ?

     

    Par exemple, chaque citoyen magyar ayant commis l'incroyable faute de goût de voter Orban pourrait être astreint à un stage bénévole d'un an, au stand frites du Bâtiment des Communautés Européennes, à Bruxelles.

     

    Ou comme grille-saucisses au Parlement européen, à Strasbourg.

     

    Au retour, chacun de ces êtres métamorphosés viendrait colporter la Bonne Nouvelle européenne, sur les rivages hirsutes du Danube. Dans un pays qui n'a produit que Liszt et Bartók. Et jamais la moindre frite.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le dogme libéral mérite des contrepoids

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    Sur le vif - Dimanche 08.04.18 - 16.33h
     
     
    Il est totalement faux d'affirmer que tous les médias, en Suisse, sont de gauche. Friand d'un pensée de gauche bien articulée, républicaine et avec le sens de l'Etat, je serais très heureux d'avoir des journaux qui colporteraient avec fougue et talent ces positions.
     
     
    Il est tout aussi faux de prétendre que la presse suisse serait aux mains de l'UDC. Quelques journaux, dans la galaxie Blocher, représentent cette tendance, mais ils sont largement minoritaires.
     
     
    Non. L'immense majorité des médias suisses véhiculent la pensée libérale. Ils défendent mordicus la libre circulation des personnes, ont tout fait pour que l'initiative du 9 février 2014 ne soit pas appliquée, ont vécu huit années de pâmoison face à Obama, n'ont cessé de vomir sur Trump, encensent Macron. A Genève, il sont les fidèles relais du PLR, principalement de Pierre Maudet. Toutes choses dont ils ont, je tiens à le souligner, le droit le plus pur : la presse est libre, une fois pour toutes, et il est très bien que chacun affiche la couleur, plutôt que de jouer les eunuques.
     
     
    Souhaiter plus de diversité dans la presse suisse, c'est parvenir à équilibrer, dans les années qui viennent, ces innombrables journaux libéraux. Soit en créant de nouveaux supports d'information et de commentaires sur leur gauche. Soit, sur leur droite, côté national et conservateur.
     
     
    A Genève, par exemple, le délire pro-croissance, pro-extension de l'aéroport, qui ne cesse de nous faire miroiter un canton à un million d'habitants sous prétexte que cette inflation démographique serait inéluctable, tous ces rêves où l'ultra-libéralisme se mêle à l'appétit du gain pour une toute petite minorité, tout cela, ardemment véhiculé par nos principaux journaux, doit impérativement être équilibré par l'exposition d'une autre vision.
     
     
    Cette vision, cette autre pensée pour Genève, passe par un retour à la raison et au bon sens. Un respect absolu des zones agricoles et du métier de paysan. Un développement harmonieux, qui maintienne l'excellente qualité de vie entre Rade, Jura et Salève. Une attention aiguë à l'environnement, aux services publics, aux hôpitaux, aux écoles, à la qualité des relations entre les gens. En économie, un peu plus de soutien au statut d'indépendant, aux PME, un peu moins d’obsession servile pour les seules multinationales.
     
     
    Ces idées-là, vous ne les lisez guère dans les éditos de vos grands journaux, chez M. Ruetschi ou son homologue du Temps. A gauche comme à droite, pourtant (oui, une autre droite que libérale, une droite à la fois conservatrice, fraternelle et sociale, ça existe, et depuis la Révolution !), elles gagnent du terrain. Quand auront-elles enfin une plate-forme visible et ambitieuse, pour les défendre et les illustrer ?
     
     
    Pascal Décaillet