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Liberté - Page 781

  • Lausanne et les requins du microcosme

     

    Sur le vif - Jeudi 05.04.18 - 18.02h

     

    Hallucinant d'entendre la titreuse de Forum nous raconter que la campagne électorale genevoise "a plus mis en avant les attaques personnelles que le débat d'idées" !

     

    Qui nous relate, nous décrit et nous met en scène une campagne électorale ? Qui, d'autres que les médias ? C'est leur rôle, leur responsabilité.

     

    Que la RSR, avec d'autres, ait choisi - ELLE - de mettre en avant les attaques personnelles, ou de matraquer à répétition tel(le) magistrat(e), faisant servilement le jeu d'officines adverses, c'est son affaire.

     

    D'autres médias, au contraire, ont constamment, depuis Noël, fait le choix de parler - et faire parler leurs invités - de la seule chose qui vaille en politique : le débat de fond ! Santé, logement, mobilité, fiscalité, etc.

     

    Une campagne, c'est ce qu'on en fait ! Si certains médias, notamment du côté de Lausanne, ont passé leur temps à se précipiter sur des "affaires", relayant bien fidèlement des sources tellement faciles (croyez-moi) à identifier, qu'ils ne viennent pas prétendre que cette basse vision de la chose publique fût prédominante sur les grands sujets qui, manifestement, touchent et concernent au plus près la population genevoise.

     

    C'est LEUR choix, LEUR responsabilité, d'avoir couvert la campagne ainsi. Ca n'est pas de la faute du monde politique qui, de mon point de vue, s'est dans les grandes lignes correctement comporté.

     

    C'est mon deuxième coup de colère en quatre jours contre la couverture lausanno-centrée du débat électoral genevois. Il existe, Dieu merci, des journalistes, à Genève, notamment à Léman Bleu (mais aussi, entre autres, à Radio Lac, GHI, ou Tout l'Immobilier) pour qui les soucis du grand nombre l'emportent largement sur les règlements de comptes de quelques requins du microcosme.

     

    Je commence à en avoir assez de cette manière de faire du journalisme. Je veux, pour ma part, pratiquer mon métier dans la Cité, au milieu de la Cité, dans la perspective historique, culturelle et sociale de la Cité. Et, à ma manière, comme à celle des quelques confrères et consœurs que j'apprécie, au service de la Cité.

     

    Ces quelques lignes vont me valoir des ennemis supplémentaires ? Si vous saviez comme je m'en fous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La politique : une noble affaire !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.04.18

     

    A quelques jours de l’élection (dimanche 15 avril) du Parlement genevois, et du premier tour du Conseil d’Etat, donc du renouvellement pour cinq ans de nos autorités cantonales, je prends ici, une nouvelle fois, la défense acharnée de la politique. Pas la défense de la droite. Ni celle de la gauche. Non, la politique en tant que telle, celle qui place la citoyenne, le citoyen, au centre de tout. La politique, comme espace commun de nos antagonismes. Comme lieu d’explications et, pourquoi pas, d’engueulades bien sonores. Comme langage commun pour la résolution de nos problèmes. La politique, oui, avec des institutions, dont fait intégralement partie la démocratie directe. La politique, pour dessiner ensemble les contours de l’Etat. La politique, pour faire équilibre aux puissances de l’Argent, à la spéculation, aux corporatismes, à l’arrogance des puissants. La politique, au service de la justice sociale et de la redistribution. La politique, contre la loi du plus fort, la jungle.

     

    Au fond, le fossé n’est pas entre la droite et la gauche, même si la géographie de la Convention, la représentation populaire sous la Révolution française, détermine puissamment, depuis plus de deux siècles, notre imaginaire du champ de combat. Non, le vrai gouffre est celui qui sépare ceux qui veulent croire en l’action publique, et ceux qui hélas n’y croient plus. Soit par cynisme, parce que la jungle leur convient. Soit par déception, désillusion : il n’y aurait plus, dans ceux qui aspirent à l’élection, que des arrivistes ou des voyous. Cette thèse du « tous pourris », je la déteste et la récuse de toutes mes forces. Il y a certes, en politique comme ailleurs, des brebis galeuses, mais l’immense majorité sont de braves gens, soucieux d’être utiles, qui sacrifient beaucoup de leur temps à la chose publique. Et je sais de quoi je parle : je viens de donner la parole à 104 d’entre eux, sans compter tous les autres, rencontrés au quotidien depuis plus de trente ans !

     

    La politique a toujours existé, mais il y a tout de même un moment de l’Histoire humaine, tellurique, où tout a basculé, du moins dans la représentation de l’exercice du pouvoir : cette série de séismes, sur plusieurs années, c’est évidemment la Révolution française. Si je devais, parmi les milliers de livres qui lui ont été consacrés, ne vous en recommander qu’un, c’est l’Histoire que nous en lègue l’immense Jules Michelet (1798-1874). Oui, un ordre du monde, dans la symbolique, a laissé la place à un autre, même s’il faudra attendre encore près d’un siècle pour que la République s’installe durablement. Lire l’Histoire politique, se renseigner sur la longue conquête du pouvoir par le corps des citoyens, c’est déjà intellectuellement faire de la politique. Suivre une campagne électorale, voter, lancer des initiatives et des référendums (nous avons en Suisse ce rare privilège), participer, donner son avis, c’en est encore un autre mode. Tout cela, la part du cerveau et celle de l’instinct, constitue ce mot magnifique, qui s’appelle l’engagement. N’oubliez pas d’aller voter !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Quatre raisons de rejeter Mai 68

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.03.18

     

    Mon opposition à Mai 68 est totale. Elle date des événements (j’allais sur mes dix ans, et les ai suivis de près), n’a cessé de se renforcer en un demi-siècle. Elle est non-négociable. Au moment où les nostalgiques nous agitent, une nouvelle fois, le caléidoscope de la rétrospective, il m’apparaît nécessaire de rappeler les raisons qui m’amènent à un rejet sans appel de ce mouvement, et surtout de l’idéologie qu’il a portée, ensuite, pendant des décennies. Je pourrais en recenser des dizaines, il me faudrait écrire un livre, qui serait un pamphlet d’une rare violence. En attendant, en voici déjà quatre.

     

    1)  Mai 68 n’est pas une Révolution

     

    Les étudiants, dans les rues, prétendaient explicitement à une Révolution politique, soit au remplacement d’un ordre social par un autre. Ils n’y sont absolument pas parvenus. Dès que les ouvriers ont obtenu, grâce aux Accords de Grenelle, une augmentation inespérée (35%) du salaire minimum, ils ont aussitôt laissé tomber les petits-bourgeois du Quartier latin. Pire : aux élections de juin, un mois plus tard, la France, qui avait pris peur, a envoyé à la Chambre la majorité la plus conservatrice depuis 1919. Ce furent les très tranquilles années Pompidou. Comme Révolution, on fait mieux.

     

     

    2) Le désordre libertaire, ça n’est pas la République

     

    Je suis fondamentalement républicain, très attaché aux valeurs de la Révolution française. Mais la République, pour atteindre ses idéaux d’égalité des chances, a besoin de l’ordre social. La dialectique entre pensées adverses, excellente en soi, c’est dans les espaces institutionnels prévus à cet effet qu’elle doit s’exercer. Pas dans la rue. Pas en incendiant des voitures. Pas en paralysant le pays.

     

     

    3) Mai 68 n’a rien à voir avec la gauche

     

    Rien, ou très peu. Les vociférations de rue des étudiants ne sont pas l’expression du vieil antagonisme gauche-droite, porté par la Convention, avec ses Jacobins, ses Montagnards et ses Girondins. D’ailleurs, la gauche ouvrière détestait ces éruptions de petits révoltés. Le reste de la gauche (Mitterrand, et même Mendès France) est passé à côté des événements, tout comme d’ailleurs les droites. Mai 68, c’est un épisode, joyeux et printanier, du vieux mythe parisien des Barricades, celles de 1830, 1848, 1870 et 1944 (Libération de Paris). Beaucoup des leaders de Mai sont devenus, par la suite, des patrons libéraux, fort peu soucieux, pour certains, du bonheur social de leurs employés.

     

     

    4) Mai 68 a détruit l’Ecole

     

    Que certaines chaires parisiennes fussent, en 1968, aux mains de mandarins tout puissants, c’est exact, et les étudiants n’avaient pas tort de le dénoncer. Mais, au-delà des événements de ce printemps-là, l’esprit de Mai a colporté, pendant des décennies, tout le charivari idéologique qui a fait tant de mal à l’Ecole, et pas seulement en France : méthodes « globales » plutôt qu’analytiques dans l’enseignement des langues, abandon des repères chronologiques en Histoire, obsession des structures, etc. Je pourrais multiplier les exemples. Tout cela est bien court, j’en suis conscient. Il me faudrait écrire un livre, oui. Un pamphlet. En aurai-je l’énergie ? A tous, excellentes Fêtes de Pâques !

     

     

    Pascal Décaillet