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Liberté - Page 780

  • Combat des idées : le vrai front

     
    Sur le vif - Dimanche 12.08.18 - 14.05h
     
    A gauche, les journalistes, comme ne cessent de s'en plaindre les anti-gauche professionnels ?
     
    Pas du tout !
     
    Si seulement nous avions encore une bonne vieille presse de gauche, convaincue et fraternelle. A part quelques louables exceptions, qui tentent de survivre, cette presse est en voie de disparition.
     
    La tendance dominante, écrasante même, dans nos médias, ça n'est pas la gauche. Et ça n'est évidemment pas non plus la droite conservatrice, ou anti-libérale, ou nationale.
     
    Non, le rouleau compresseur majoritaire, c'est l'idéologie du libre échange, de l'ouverture des frontières, de la libre circulation des personnes, du libéralisme économique sans entraves, et surtout de la vision multilatérale des rapports entre États.
     
    Tout, sauf la priorité aux nôtres. Tout, sauf le sentiment de communauté nationale. Surtout ne jamais parler de nation, mot tabou, honni, conspué, vilipendé, immédiatement associé (par un raccourci immonde autant qu'ignare) au nationalisme, en effet condamnable, celui des deux guerres mondiales de la première partie du vingtième siècle.
     
    La vraie ligne de front, aujourd'hui, n'est pas vraiment entre la droite et la gauche. Elle se situe quelque part entre protectionnisme et libre échange, relations bilatérales et pieuvres multilatérales, adhésion à des conglomérats supranationaux, purement abstraits, et sentiment d'appartenance communautaire à une aventure commune, celle que depuis un peu plus de deux siècles, autour de la Révolution française, on appelle "nation".
     
    Ma position, dans cette dualité antagoniste, vous la connaissez. Tout en souhaitant que mon pays entretienne les meilleures relations, oui les plus fraternelles et ouvertes, avec les peuples du monde, à commencer par ses voisins directs, je prétends qu'il ne pourra rien entreprendre vers l'Autre sans d'abord s'être occupé en profondeur de lui-même. A cet égard, la priorité nationale, loin d'être une coupure, ou une césure, ou un isolement, m'apparaît au contraire comme CONDITION SINE QUA NON de la possibilité d'un chemin vers l'Autre.
     
    Chemin que je souhaite. Mais d'abord, il fait se connaître-soi même. Et respecter le périmètre de communauté de destin que l'Histoire nous a défini. Sinon, c'est l'errance, la construction intellectuelle abstraite, l'échafaudage en dehors des réalités.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Pas de mégalomanie pour la Suisse !

     

    Sur le vif - Samedi 11.08.18 - 05.55h

     

    La Suisse n'a rien à faire au Conseil de sécurité de l'ONU. Une telle présence, rêvée par quelques mégalomanes, serait de nature à dévoyer le charme secret de notre petit pays : demeurer l'ami de tous, le lieu de résolution des conflits, influent par sa réserve et sa retenue, et surtout pas un gros gueulard dans la cacophonie multilatérale du monde.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Soleil noir

     

    Sur le vif - Vendredi 10.08.18 - 07.22h

     

    Il faudrait, dans la langue, inventer d'autres mots que seulement le mot "noir", qui d'ailleurs est déjà fort beau. Il faudrait pénétrer les nuances de la nuit.

     

    Dans le noir, toute sa vie, Pierre Soulages a intensément cherché la lumière. C'est difficile à dire aux gens qui n'ont pas physiquement vu ses tableaux. Nulle reproduction photographique ne restitue l'immédiateté de ce contact, nulle ne la remplace.

     

    Face aux noirs de Soulages, l'œil errant du passant est saisi de lumière. Il est pris par la matière. Le goudron, impressionnant. La noix. L'acrylique. Plus le spectateur évolue au milieu des œuvres, plus il regrette la pauvreté de la langue française : le noir, le noir, le noir.

     

    Et puis, le corridor des photographies. Pierre Soulages (99 ans le 24 décembre prochain) dans son atelier. L'homme en noir, au milieu de ses outils, de son matériau. Le petit coquillage posé à l'entrée, juste pour dire qu'il travaille.

     

    Ici et là, de magnifiques citations du peintre, sur la solitude du spectateur, la quête incessante de la lumière.

     

    Bref, allez voir Soulages. C'est à la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny. Après le choc du noir, si riche et si nourrissant pour l'œil et pour l'âme, il y a les mille nuances de verts du jardin, où le feuillu de plaine est roi, sous la maternelle présence des montagnes.

     

    Sur le chemin du retour, vous branchez Forum. Quelques minutes passionnantes sur la tragédie du glacier de Giétroz, 16 juin 1818, 16.30h, dans ce Val de Bagnes qui m'est si cher. La mort blanche, subite. Déjà, les noirs de Soulages, solaires, éblouissants, commencent à vous manquer.

     

    Pascal Décaillet