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Liberté - Page 780

  • La Galerie des Glaces

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    Sur le vif - Samedi 07.04.18 - 10.58h

     

    Dès qu'un humain dispose de pouvoir, il a tendance à en abuser. C'est valable pour tous, y compris pour un Président du Conseil d'Etat.

     

    A propos du titulaire sortant de cette fonction, une remarque : c'est quand il émerge, et qu'il est en phase ascendante de son appétit de pouvoir, qu'il faut signaler publiquement l'arrogance d'un puissant, plutôt que de trottiner derrière lui comme des lapereaux.

     

    En clair, je trouve assez lamentable de voir tant d'âmes critiques de la 25ème heure se lâcher aujourd'hui sur François Longchamp, alors qu'ils avaient douze ans et demi pour le faire. Dès la fin de sa première législature, en 2009, et assurément pendant toute la détestable année 2010, les signaux, flagrants, étaient là. A cette époque, les plumes incendiaires d'aujourd'hui faisaient la roue, dans la Cour du Prince.

     

    Aujourd'hui, je vais le dire franco de port, un autre personnage s'en vient poindre avec, pour la législature à venir, de véritables risques d'autocratie et de pouvoir personnel : il s'agit de Pierre Maudet.

     

    Oh, il sera brillamment réélu, et se taillera une belle part dans la répartition des Départements. Osera-t-il briguer l'Instruction publique ? L'homme est très intelligent, vif, rapide, malicieux, il a de l'humour, c'est toujours un plaisir de discuter avec lui. Il a tout pour réussir. Tout, sauf qu'il a cette démesure dans l'appétit de pouvoir.

     

    Et puis, il y a cette hyper-communication. Cette volonté de tout contrôler, au millimètre, dans l'image qu'on donne de soi. Ces relais, dans les médias, où le jeu de sources et de révélations est tellement facile, quand on connaît un peu la musique, à reconstituer. Oui, dans certaines rédactions, à Genève et à Lausanne, Pierre Maudet dispose d'une aimable batterie de perroquets et de perruches pour reproduire son discours.

     

    Ceux qui, aujourd'hui, tombent sur François Longchamp après l'avoir encensé dans les heures de gloire, lâcheront aussi, le jour venu, Pierre Maudet. Mais pour l'heure, ils se taisent. Parce que le Phénix est encore dans sa phase ascendante, voire tout en haut. Parce qu'il se profile comme l'homme fort de la prochaine législature. Et parce qu'il est plus confortable de critiquer un astre en déclin que le Roi Soleil en majesté, au milieu de la Galerie des Glaces.

     

    Pour ma part, je suis un homme seul. Je dis les choses telles que je les analyse et les pense, telles que je les perçois. Et je puis déjà vous affirmer que la voracité démesurée de pouvoir de Pierre Maudet constituera le problème no 1 de la future équipe gouvernementale. Après quelques mois d'état de grâce, les signaux de pouvoir autocratique resurgiront. En allant vers 2023, ils ne feront que croître.

     

    Pascal Décaillet

     

  • A voté !

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    Sur le vif - Vendredi 06.04.18 - 15.45j

     

    Bon, ben voilà. J'ai pris la liste du Conseil d'Etat, et j'ai coché sept noms, sur les 31 proposés. Parmi ces sept, il y a les trois qui ont été le plus attaqués dans des campagnes de presse dont je repère parfaitement les sources.

     

    Puis, j'ai pris la liste du Grand Conseil. Feuille vierge. J'ai inscrit, à la main, au crayon, cinquante noms, de sept partis différents. Comme il me reste cinquante suffrages, et que je ne veux pas les jeter au Rhône, j'ai inscrit en haut le nom d'un parti.

     

    C'est l'une des manières de faire, parmi des dizaines d'autres. Chacun est libre. Inscrire ces 57 noms, sans me presser, en réfléchissant bien, m'a pris moins de quarante minutes.

     

    Quarante minutes, une fois tous les cinq ans. Chacun de nous peut bien donner cela à notre démocratie, non ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La fermentation des esprits

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    Commentaire publié dans GHI - 04.04.18

     

    Une campagne électorale, c’est un univers qui rappelle le monde de la fermentation. Celle d’un vin, par exemple. Il y a comme un moment où les choses ne sont plus ce qu’elles sont, se mettent à décoller vers un ailleurs. Une forme de métamorphose.

     

    Une campagne électorale a quelque chose d’un Carnaval. On sort, on se presse dans la rue, on passe son temps dehors, jamais chez soi. Au milieu de la foule, on s’oublie soi-même. On tutoie, on fraternise, on rit beaucoup, on boit des verres.

     

    Dit comme ça, c’est plutôt sympa. Mais sachons nous méfier des illusions. Les meutes qui se mélangent, en quémandant des voix, seront les premières à se reconstituer, le jour venu, pour s’affronter. On se redira « vous », on s’écharpera. Les uns contre les autres, on se remettra à ourdir.

     

    Journaliste, j’aime le temps de la campagne. Mais déjà, je vois les temps futurs, où les masques tomberont. Ceux qui, du peuple, auront reçu une parcelle de pouvoir, commenceront à croire en leur puissance. Ceux qui vous cajolaient se mettront à vous ignorer. Ceux qui nous avaient promis monts et merveilles sombreront dans l’amnésie.

     

    A quelques jours du scrutin, je veux ici convoquer la mémoire d’un homme. Il s’appelait Pierre Mendès France (1907-1982), il n’est resté au pouvoir que sept mois, en 1954-55. Il a dit ce qu’il ferait. Et il a fait ce qu’il a dit. Autour de cette parole, si précieuse, s’articule la seule chose qui vaille : la confiance.

     

    Pascal Décaillet