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Liberté - Page 777

  • La souveraineté n'est pas une option !

     

    Sur le vif - Vendredi 17.08.18 - 17.49h

     

    L'indépendance, la souveraineté, ne sont pas des OPTIONS dans la stratégie de survie d'un pays, comme il existe des options à l'achat d'un nouveau véhicule.

     

    Vouloir sauvegarder l'indépendance, affirmer la souveraineté d'une communauté humaine définie par un périmètre géographique, mais surtout par le partage ému de la mémoire et des valeurs, n'a rien d'une option ! Rien, non plus, d'un dada pour souverainistes ou conservateurs, que les partisans des conglomérats supranationaux veulent absolument, par les artifices les plus retors du langage, faire passer pour des archaïques.

     

    La souveraineté, l'indépendance, loin d'être des options nostalgiques, ne sont rien d'autres que des CONDITIONS SINE QUA NON à l'existence des nations. Si on accepte un suzerain, on s'intègre à un système de dépendance. C'est un choix, celui de l'appartenance à un Empire. Mais ce choix, qui reconnaît des autorités supérieures, ou des figures de tutelle, est très précisément antinomique du choix national. Ce choix de l'intégration à un vaste ensemble n'est pas le mien.

     

    Pour ma part, je crois que l'échelon de la nation, apparu avec la Révolution française, n'est pas mort. Il n'est certes pas éternel, rien ne l'est, mais pour un bout de temps, nous y sommes encore. Je crois à la nation souveraine, associée à un système très puissant d'expression du peuple dans les grands choix de destin, associée aussi à des valeurs de fraternité et de partage, et puis d'ambition culturelle. Parce que les communautés humaines ont besoin de lieux de mémoire, de repères, d'institutions choisies par elles, pour exercer avec proximité leur citoyenneté. Dans l'Empire, le citoyen se dilue, il devient sujet de la machine ou de ses fonctionnaires. La nation, pour moi, est indissociable de l'exercice le plus vif et le plus vigilant de la démocratie, directe notamment.

     

    De la nation, je ne fais aucune mystique. Je déteste l'idée que l'une d'entre elles, quelconque, se proclame supérieure aux autres. Je milite pour l'égalité de TOUS les humains de la planète, celle du paysan oublié du Sahel, comme celle du décideur de Paris, Londres ou Berlin. Simplement, nous devons respecter, comme des fleurs fragiles, le lien de chaque communauté humaine, dans l'ordre de la mémoire, de l'Histoire et des valeurs. Je ne crois absolument pas à la nation universelle, ni à une quelconque recette cosmopolite, imposée d'en haut, par des Kouchner ou des BHL. Nos pays se sont construits par le bas, chacun selon son chemin, son Histoire, sa spécificité. Il faut se pencher, patiemment, sur chacun de ces cas : la Suisse n'est pas la France, qui n'est pas l'Allemagne, ni la Grande-Bretagne.

     

    La perversité sophistique des partisans de l'Empire, ou des géants multilatéraux, consiste à mettre dans le même panier la nation et le nationalisme, et nous faire croire qu'au bout, il y a la guerre. Comme si les Empires n'avaient pas conduit le plus de guerres ! Comme si l'éternelle référence aux années trente devait tenir lieu de toute réflexion, toute imagination, toute appréciation nuancée, différenciée. Nous sommes là dans le champ exact du combat idéologique d'aujourd'hui. La vielle césure droite-gauche n'y tient plus grand place. D'autres paramètres, passionnants, occupent le front, quelque part entre le petit et le grand, la citoyenneté et la sujétion, la volonté de se battre et la résignation.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La Suisse, l'Europe, et la légende du Cid

     

    Sur le vif - Jeudi 16.08.18 - 09.58h

     

    L'Accord institutionnel : non seulement personne n'y croit, mais personne en vérité n'y a jamais cru !

     

    C'est une vaste supercherie, digne d'Orson Welles et de son émission de radio sur l'arrivée des martiens. On se refile l'Accord institutionnel, comme un savon glissant ou une patate chaude.

     

    Je me suis longtemps demandé si les mots "Accord institutionnel", qui ont bien dû être prononcés quelque cent mille fois ces cinq dernières années à la RSR, ne font pas l'objet de l'un de ces paris potaches, entre gens de radio, surtout débutants, allez tu me balances le mot "zygomatiques", ou "rhinocéros", dans ton flash, et je te paye une bière.

     

    L'Accord institutionnel, personne n'y croit, personne n'y a jamais cru. Même ceux qui nous le brandissent n'y croient pas. Alors, quelle est, sémantiquement, la véritable fonction de ces deux mots ? Réponse : c'est une fonction incantatoire. Il s'agit, pour les partis ayant milité à fond pour la libre circulation, et voyant aujourd'hui que le château de cartes de l'Union européenne s'effondre, de simuler un minimum de fidélité à leurs croisades pro-européennes, tout en sachant très bien que c'est pour la galerie. Parce que ces partis, notamment le premier d'entre eux, fondateur de la Suisse moderne, que je continuerai toujours d'appeler le parti radical, préparent le plan B.

     

    Le plan B ? Je vais vous expliquer. Le génie absolu du parti radical, depuis 1848, c'est son œcuménisme idéologique. De nouvelles idées apparaissent ? Il commence par les combattre. Ces idées résistent ? Alors, tout doucement, le parti radical les intègre. Oui, il les pique à leurs parents, comme le coucou dans le nid des autres oiseaux. Il a intégré la protection sociale, la prévoyance vieillesse, il a commencé à se soucier d'environnement, eh bien maintenant je puis vous annoncer que l'idée de souveraineté, d'indépendance, est un concept montant dans cet univers politique.

     

    Oh, ils n'en parlent pas encore, il faut laisser mûrir. Mais l'idée d'une Suisse intégrée à la charpente européenne, le grand combat de Jean-Pascal Delamuraz, ce séducteur d'exception, est en chute libre dans la famille politique même de l'ancien conseiller fédéral, que tant d'entre nous ont aimé. Alors, ça commence à sortir, à poindre. Disons que la tyrannie du Commerce extérieur, qui dictait tout de même beaucoup les actes du conseiller fédéral vaudois, n'est peut-être plus aussi prioritaire, dans les consciences, qu'en ce début des années 90, où il fallait bien décartelliser, ce qui fut la grande œuvre de JPD.

     

    Les radicaux d'aujourd'hui, ceux avec qui je discute, sont évidemment attachés à l'entreprise et au libre marché. Mais ils commencent à se méfier des mots d'ordre nationaux du grand patronat dans les votations sur la libre circulation, de la toute puissance des multinationales dans certaines économies cantonales. Bref, nombre d'entre eux aspirent à retrouver, dans leur engagement politique, quelque chose de plus fort, de plus instinctif, de plus tellurique, dans leur rapport au pays profond. Ils ne décolèrent pas, en voyant qu'un autre parti, depuis trente ans, s'occupe de ces valeurs-là. L'amour du pays n'appartient ni à la gauche, ni à la droite, ni à aucun parti, mais à l'ensemble des hommes et des femmes saisis, dans le tréfonds de leur intimité, par l'émotion d'appartenance à une communauté humaine, définie par la mémoire et par l'Histoire.

     

    Alors voilà, face à ces enjeux-là, qui sont d'instinct et non de la Raison pure des géomètres, vous pensez bien que la vaste supercherie nommée "Accord institutionnel", ce mensonge organisé pour faire, encore une fois, bonne figure européenne aux élections fédérales d'octobre 2019, ne vaut pas un seul kopeck. Tout le monde en est conscient, sans doute même les deux conseillers fédéraux qui se refilent la patate chaude, MM Cassis et Schneider-Ammann. Tout le monde sait la vanité de ce mot. Mais on continue d'en faire usage. Comme dans la légende du Cid, où l'on brandit encore le cadavre du héros, au milieu de la bataille.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Foutez la paix à Philippe Morel !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.08.18

     

    Il ne s’agit pas ici de nous prononcer sur le litige juridique entre Philippe Morel, l’un de nos plus grands chirurgiens, et l’un de ses patients, c’est une affaire qui les concerne l’un et l’autre. Il arrive souvent que des patients attaquent leur médecin, la justice tranche.

     

    Mais il y a, il faut le dire haut et fort, un problème entre Philippe Morel, cet homme brillant, généreux, infatigable, et une armada de gros jaloux sur la place genevoise. Ils passent leur vie couchés, comme au sommet d’une tranchée, en position de tir. Et, dès que l’éminent professeur de médecine, spécialiste des transplantations, et admirable militant pour cette cause en Suisse, pointe un millimètre du haut de sa tête, ils tirent à vue. Ça dure depuis des années. Et franchement, ça commence à bien faire.

     

    Qui veut la peau de Philippe Morel ? Pourquoi tant d’animosité envers un tel homme de bien, de dévouement ? D’où viennent les salves ? Perfides rancœurs dans son monde professionnel ? Inimitiés à l’intérieur de son propre camp politique ? En tout cas, une chose est sûre : cet homme mérite mieux que la lie des amertumes humaines. Il mérite notre respect et notre admiration. Laissons-le travailler. Et foutons la paix à Philippe Morel.

     

    Pascal Décaillet