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Liberté - Page 777

  • Du vent et des illusions

     

    Sur le vif - Mardi 17.04.18 - 09.39h

     

    L'esprit de normalisation qui règne chez les éditorialistes, depuis l'élection de dimanche à Genève, n'est rien d'autre qu'un trompe-l'œil.

     

    D'abord, étonnant, tout de même, cette jouissance des observateurs à l'idée qu'après une parenthèse de fébrilité, tout rentrerait enfin dans l'ordre. Comme si la politique, délivrée des antagonismes et des questions qui fâchent, ne devait être que l'équilibre paisible d'un château de cartes.

     

    Surtout, c'est un leurre. Les questions cruellement posées en 2005, 2009 et 2013 demeurent. Flux transfrontaliers. Emploi local précarisé. Les coûts pour accéder aux soins médicaux. Le manque de logements. La difficulté de circuler.

     

    Pour s'attaquer à tout cela, le corps électoral a choisi de donner une nouvelle chance aux "partis traditionnels". Mais comment la TG ose-t-elle clamer que la frange protestataire "mord la poussière", alors que le MCG, avec ses onze députés, fera clairement office de parti charnière au Parlement ? L'UDC, Ensemble à Gauche, jusqu'à nouvel ordre, ont décroché le quorum.

     

    Le MCG a été attaqué de l'intérieur par une dissidence qui lui a fait perdre plusieurs sièges. Quant à ses thèmes de prédilection, comme la préférence cantonale, ils ont purement et simplement été récupérés par les autres partis. La puissance des "partis traditionnels", depuis la fin du 19ème siècle, c'est de se nourrir doucement des oppositions, en les intégrant.

     

    Le MCG, s'il sait gérer sa défaite et se concentrer sur l'essentiel, peut faire beaucoup mieux avec onze députés cohérents et en ordre de bataille, qu'avec un groupe pléthorique de vingt personnes, où les ferments de dispersion étaient visibles - pour qui sait lire - dès le premier jour de la législature.

     

    Reste que le canton ne veut pas étouffer. Les rêves délirants de croissance, avec flux migratoires, gains faciles pour le patronat, agrandissement démesuré de l'aéroport, ne sont sûrement pas ceux de la population.

     

    Le Grand Conseil 2018-2023, nous dit-on, sera "plus clair". Mais en quoi, je vous prie, un Parlement doit-il être "clair" ? Le gouvernement doit l'être, c'est sûr, mais la députation, c'est la représentation populaire, dans sa diversité, ses contradictions, sa richesse. Que des confrères, journalistes politiques, se réjouissent de l'avènement d'une Chambre d'enregistrement, toute aux ordres d'un Pierre Maudet, est de nature à surprendre.

     

    Dans cinq ans, nos enfants auront-ils des logements, du travail, du pouvoir d'achat ? Seront-ils, comme nous aujourd'hui, étranglés par les primes maladie ? Pourront-ils se déplacer convenablement dans l'espace urbain ? Les Lyonnais viendront-ils embarquer, pour leurs vols à bas coût, à Cointrin ? Cette législature aura-t-elle un peu permis d'avancer ? Ou n'aura-a-t-elle, comme celle qui se meurt, levé que du vent et des illusions ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Rhinocéros

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    Sur le vif - Mardi 17.04.18 - 12.48h

     

    A Genève, c'est le patronat qui pousse à fond, depuis des semaines, pour sécuriser l'élection des quatre candidats de l'Entente. Il lui est égal de savoir qui sera le quatrième élu, ce qui compte c'est de sauver le soldat, à tout prix. Si ce quatrième de l'Entente était un rhinocéros, le patronat le soutiendrait.

     

    L'enjeu, c'est la réforme de l'imposition des entreprises. Garder le taux promis aux multinationales. Pour cela, il faut évidemment une majorité de l'Entente au Conseil d'Etat. Le reste passe loin derrière, jusqu'à la longueur de la corne du rhinocéros.

     

    Rétrospectivement, on comprend mieux certaines attaques contre des magistrat(e)s sortant(e)s, dans la campagne du premier tour. L'enjeu n'a jamais été M. Ramadan, ni les affaires de plaintes contre lui, ni même l'histoire de la secrétaire du DIP. Tout cela est aussi indifférent que la peau épaisse du rhinocéros.

     

    Non. Ce qui comptait, dans ces attaques, n'a jamais été le DIP. Mais affaiblir à tout prix la gauche, en tentant de faire tomber une sortante. Pour que l'Entente conserve la majorité. A cause de l'imposition des entreprises.

     

    Même, au besoin, avec un rhinocéros.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La France que nous aimons

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    Sur le vif - Samedi 14.04.18 - 07.57h

     

    La France n'a strictement rien à faire dans cette aventure. Deux siècles de politique arabe, intelligente et complexe, reposant sur la connaissance et le dialogue, ruinés par l'obédience atlantiste de Macron.

     

    La politique étrangère de la France doit se décider à Paris, pas à Washington, encore moins à New York. Que Mme May joue les caniches de la Maison Blanche, comme en 2003 Tony Blair, est une chose. Mais Paris !

     

    La France que nous aimons est fière et souveraine, elle n'a ni maître ni suzerain, elle détermine et conduit seule sa politique étrangère. Elle entretient avec le monde arabe, au-delà des idéologies, des rapports profonds de connaissance et d'amitié.

     

    Ce matin, l'ombre de quelques hommes s'en vient aiguiser notre noire colère : Bonaparte et Champollion en 1798, Mendès France, les grands négociateurs français des Accord d'Evian (1962), de Gaulle bien sûr, et même encore MM Chirac et Villepin, en 2003.

     

    Sans compter Jean Lacouture, génial biographe de Nasser, prodigieux connaisseur de deux siècles d'Histoire et de réseaux franco-arabes, en Afrique du Nord comme au Proche-Orient. Jean Lacouture, que j'ai eu si souvent l'honneur d'interviewer.

     

    Ce matin, je repense à mon article "Ma Colère", publié dans la Revue Choisir, chez mes amis jésuites, au printemps 2003, le jour de la catastrophique expédition américaine sur l'Irak, mère de tant de malheurs.

     

    La France que nous aimons ne s'aligne pas servilement sur la cause des puissants. Elle a sa voix propre. M. Macron, en emboîtant le pas des faucons américains et de leur 51ème Etat, vous venez de commettre une faute politique. Avoir été l'assistant d'un philosophe ne saurait vous dispenser d'ouvrir des livres d'Histoire.

     

    Pascal Décaillet