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Liberté - Page 773

  • Nos paysans disent oui à l'environnement !

     

    Sur le vif - Dimanche 26.08.18 - 09.51h

     

    Correspondant à Berne, j'avais couvert à fond, début 1992, le Septième Rapport sur l'Agriculture. A Jean-Pascal Delamuraz, j'avais demandé si les paysans suisses étaient vraiment prêts à prendre le virage environnemental qui était attendu d'eux, en contrepartie des paiements directs. La question, à l'époque, se posait. La réponse, c'est le moins qu'on puisse dire, n'allait pas de soi.

     

    En bien ce jeu, nos agriculteurs et éleveurs, je puis le dire 27 ans après, l'ont admirablement joué ! Perçus comme peu sensibles à l'écologie dans les années 70 ou 80, les paysans suisses ont orienté leur production vers un modèle résolument respectueux de l'environnement, soucieux de qualité. Ils ont joué la carte du terroir, ils se sont battus pour de beaux produits.

     

    Cela, pourtant, relevait d'une contrainte intérieure, à laquelle on sait l'âme paysanne, par nature, plutôt rétive. Une condition-cadre fixée par la Confédération. Nos paysans ont joué le jeu. Sans doute perçoivent-ils les orientations venues de Berne comme plus naturelles, puisqu'elles fixent le cap d'une politique nationale, que l'ouverture au vent glacé de la concurrence mondiale, voulue par une clique de néo-libéraux furieux qui ont pris en otage, depuis un quart de siècle, la politique économique et commerciale de la Suisse.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Initiatives agricoles : l'erreur majeure de l'UDC

     

    Sur le vif - Samedi 25.08.18 - 18.07h

     

    Le refus des initiatives agricoles du 23 septembre constitue, de la part des délégués UDC, une erreur stratégique majeure.

     

    Il y avait là l'occasion de donner un signal fort, sur le thème de la souveraineté. Et un autre signal, encore plus puissant, vers un monde agricole dont l'UDC, de plus en plus, s'éloigne.

     

    En cas de victoire de ces initiatives, le 23 septembre, l'UDC sera assimilée au camp libéral, voire ultra, qui croit encore au libre-échange, en matière agricole, et à tous ces accords internationaux qui dévastent notre paysannerie suisse. Alors que ce secteur a tant besoin d'Etat, de protection, de solidarités nationales, en un mot de respect et d'attention, de la part du peuple suisse.

     

    Seuls, apparemment, les Vaudois se montraient ouverts à ces deux textes. Nous reconnaissons bien là la vielle, la magnifique tradition agrarienne, PAI ou PAB, bien avant que le parti national ne fût dévoyé par des Zurichois ultra-libéraux.

     

    Le thème, maintenant, qu'il s'agit de traiter, et qui me brûle les lèvres et la plume depuis des mois, des années : peut-on se proclamer "conservateur", dans le très beau sens de ce mot, celui qui invoque les valeurs de proximité humaine et de cohésion sociale, en étant, dans les choix économiques, ultra-libéral et libre-échangiste à souhait ?

     

    A cette question, pour ma part, passionné d'Etat et de cohésion nationale, j'ai toujours férocement répondu NON.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le printemps des peuples ne fait que commencer

     

    Sur le vif - Samedi 25.08.18 - 09.38h

     

    Les peuples d'Europe éprouvent, en profondeur, le besoin d'être écoutés.

     

    Non pas "écoutés", comme dans un sondage d'opinion. Mais "écoutés", comme décideurs de leurs destins nationaux. Ecoutés, non comme une doxa (l'opinion majoritaire, le Café du Commerce), mais comme un démos (le peuple institutionnel, le corps des citoyennes et citoyens, celui qui a voix au chapitre, celui qui vote, et tranche).

     

    En Suisse, nous avons cette chance extraordinaire. Le peuple n'est pas une masse informe, qu'il s'agit juste de séduire pour se faire élire. Non, il constitue un collège électoral. Non pas de 246 personnes, mais de cinq millions ! Il faut être citoyenne ou citoyen suisse, et avoir 18 ans ou plus.

     

    Ce collège n'est pas une fiction, ni un alibi. Quatre fois par an, il est appelé à voter, non pour élire des gens (cela, c'est tous les quatre ans), mais pour se prononcer sur des questions de fond. En Suisse, le suffrage universel décide sur des thèmes. En cela, il tisse et précise, au fil des décennies, le destin de la nation.

     

    C'est une chance exceptionnelle que nous avons. Notre démocratie directe ne doit être touchée que pour augmenter son pouvoir, en aucun cas pour le réduire : n'écoutons pas la complainte grisâtre, jalouse, acariâtre, de la petite clique de professeurs de droit qui voudraient remplacer l'arbitrage universel par celui de commissions de Sages, autrement dit des cléricatures, des oligarchies.

     

    Citoyen suisse, je ne prétends pas que le modèle de mon pays, fruit d'une Histoire idiomatique à nulle autre comparable, doive être reporté sur les autres. C'est à chaque peuple d'Europe, en fonction du génie propre de chaque nation, de faire le chemin vers davantage de démocratie. Et de se donner les moyens institutionnels d'y parvenir.

     

    Mais c'est urgent. Les Français n'en peuvent plus du cirque politique parisien imposé, d'en haut, à l'ensemble du pays. Ils n'ont absolument pas digéré d'avoir, en mai 2005, été interrogés sur le Traité européen, d'avoir dit non, et qu'au final le oui fût imposé. Les Allemands veulent qu'on les écoute sur les flux migratoires. Les Italiens veulent reprendre en mains leur destin national, et notamment contrôler eux-mêmes leur immigration.

     

    Oui, les peuples d'Europe se réveillent. C'est inéluctable. C'est un printemps de plusieurs années, voire plusieurs décennies. Cela passera par des hauts et des bas, des avancées, des reculs. Mais dans une vision macro-historique, celle qui tente d'apprécier les choses globalement, les peuples en ont assez que le pouvoir de décision leur soit confisqué. Alors, ils vont le conquérir. Cela ne fait que commencer.

     

    Pascal Décaillet