Sur le vif - Mercredi 16.01.19 - 11.30h
Homme d'honneur et parfait gentleman de la politique, Alexandre de Senarclens va bientôt laisser la place à ce qui pourrait bien être un homme (ou une femme) de paille des Frères de la Côte, cette garde personnelle de Pierre Maudet, dont on connaît les allégeances, les rites et les obédiences. Ce noyau de grognards, galvanisés par le seul culte du chef, qui a si bien su se mobiliser, hier soir. Pour obtenir, au demeurant, une majorité d'autant plus pitoyable qu'elle est plutôt minoritaire.
Le PLR genevois est en lambeaux. Il lui faudra des années pour s'en remettre. Ça n'est plus une césure entre libéraux et radicaux, celle-là est au moins soldée : non, ce seront les cicatrices infiniment douloureuses de cet insupportable et interminable psychodrame.
Au-delà du PLR, c'est le principe même de l'existence des partis, de l'importance excessive que nous leur accordons, qui doit être interrogé. Nés de la Révolution française, et chez nous des événements de 1848 (un peu avant, à vrai dire), les bons vieux partis, avec leurs bonnes vieilles Assemblées, leurs bonnes vieilles séances de comitards, auront bientôt vécu. Les citoyennes, les citoyens, aspirent à une verticalité tellurique de la vie politique, qui leur permette, par un maximum de démocratie directe, de peser eux-mêmes sur le destin de leur pays.
Dans le processus, partout en Europe, de dégradation des corps intermédiaires, qui est une lame de fond de nos sociétés, la gigantesque pantalonnade d'Uni Dufour marque une étape. La victoire de Pierre Maudet est, tout au plus, le répit d'un Pyrrhus. Elle sauve, pour un temps, un homme, son ego, sa soif de pouvoir, sa petite clique d'hallucinés autour de lui.
Nous, les citoyens, devons entreprendre toutes choses pour que la suite de cette aventure personnelle et dévoyée soit, au fond, sans intérêt. Privilégions les magnifiques sujets de fond que nous offre notre démocratie directe : mitage du territoire, soins dentaires remboursés, système de santé, primes maladie, retraites, avenir de nos paysans, qualité de notre environnement. Il y a tant de choses, tellement belles, tellement concernantes pour tous, tellement citoyennes, dans le sens le plus noble et le plus fort.
Concentrons-nous sur les thèmes ! Citoyennes et citoyens, arrêtons de nous focaliser sur les personnes, sur la vie interne des partis. Prenons en mains nous-mêmes, directement, les affaires publiques. Inventons ensemble la politique ! A cet égard, la leçon de courage et de détermination données par les gilets jaunes, nos amis français, est remarquable.
Emparons-nous de la politique ! Et laissons Pierre Maudet et ses tristes grognards vivre, entre eux, dans la pénombre de leurs conciliabules, le reste de leur âge.
Pascal Décaillet