Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Suisse-Europe : ne lâchons rien, restons libres !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.01.19

 

D’abord, dire une chose, haut et fort : la Suisse est, dans toutes les profondeurs de ses entrailles, un pays européen. Son destin n’a rien d’insulaire : il s’est construit, au fil des siècles, en fonction des événements extérieurs. Aucune des grandes lames de fond ayant déferlé sur le continent européen n’a épargné la Suisse : ni l’Empire romain, ni la structure féodale, ni les grands ordres chrétiens, ni l’invention de l’imprimerie, ni la traduction de la Bible en allemand par Luther (1522), ni la Réforme, ni la Contre-Réforme, ni les Lumières, ni la Révolution française, ni l’épisode napoléonien, ni la Restauration, ni le romantisme, ni la Révolution industrielle, ni le printemps des peuples de 1848 (début de la Suisse moderne), ni le Kulturkampf, ni l’Encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891), ni les deux Guerres mondiales. Dans tous ces mouvements tectoniques, la Suisse a été secouée, comme ses voisins. La thèse de l’insularité ne vaut pas un clou.

 

Oui, la Suisse est un pays européen. Le destin du continent est le sien. Sa position géographique, centrale, configure ainsi les choses. Simplement, nous ne sommes pas membre de la structure appelée « Union européenne ». C’est ainsi : les choses, depuis 1957 (Traité de Rome) se sont faites sans nous. Nous avons, certes, constamment négocié avec Bruxelles, mais nous avons choisi de rester dehors. Hors de la structure, mais pas hors de l’Europe ! Dans la longue dialectique, déjà six décennies, engagée entre la Suisse et l’Europe communautaire, notre atout principal est, simplement, de rappeler ce que nous sommes. Un pays d’Europe, ami de tous, désireux d’entretenir avec ses voisins les meilleures relations, mais férocement attaché à ses institutions, sa démocratie directe, son fédéralisme, son indépendance nationale, sa souveraineté. Il n’y a là aucune animosité, aucune déclaration de guerre : juste dire à Bruxelles : « Nous sommes un pays libre, nous entendons le rester ».

 

Dans les négociations, le Conseil fédéral doit absolument avoir cette tonalité-là : courtoisie sur la forme, implacable fermeté sur le fond. En aucun cas les négociateurs ne doivent arriver avec le complexe d’infériorité du petit face au géant : la Suisse est un pays libre, une nation souveraine, elle défend avec rage les intérêts supérieurs de ses citoyens, c’est cela le rôle de nos négociateurs, et non chercher à plaire à Bruxelles. Et surtout, ne rien précipiter ! Quelle UE sortira des élections européennes de mai 2019 ? Quelle place, au sein même du conglomérat, vont y reconquérir les différentes nations ? Quelle place pour la nation française, la nation allemande, la nation italienne, la nation hongroise ? Partout en Europe, comme en 1848, gronde la voix des peuples, partout l’exigence démocratique émerge, partout l’aspiration à la démocratie directe fait surface. Face à cette gigantesque incertitude, nous, la petite Suisse, nous aimons nos institutions, nous avons déjà la démocratie directe, nous vivons ensemble dans la paix et le respect mutuel. Aucune raison, donc, de paniquer face à l’Europe ! Affirmons ce que nous sommes, ne lâchons rien, restons libres.

 

Pascal Décaillet

 

Les commentaires sont fermés.