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Liberté - Page 783

  • Mai 68 : Cantique de la Nostalgie

     

    Sur le vif - Samedi 24.03.18 - 11.18h

     

    La complaisance avec laquelle les médias, un demi-siècle après, nous parlent de Mai 68, sans la moindre dimension critique face à ce mouvement, nous prouve, mieux que tout, à quel point les ultimes reliques de l'esprit de Mai s'accrochent encore à ceux qui détiennent le pouvoir dans nos journaux.

     

    L'idée même que puisse exister une lecture critique de Mai 68 (qui, de son côté, nous aboyait son droit à la critique universelle), semble totalement échapper à ces éternels nostalgiques d'une jeunesse déjà si lointaine.

     

    Personne pour parler de l'échec politique immédiat du mouvement de Mai, qui prétendait pourtant au statut révolutionnaire, mais n'aura été que l'incantation éruptive - et rêvée - d'un printemps.

     

    Une Révolution, ce n'est pas cela. C'est le renversement, confirmé sur la durée, des forces sociales. Au final, pour des années, Mai 68 n'a fait, au contraire, que renforcer la droite économique et patronale en France : ce furent, de 69 à 74, les très tranquilles années Pompidou, l'ex-banquier de chez Rothschild, s'empressant de jeter aux orties les remarquables projets gaullistes de participation dans les entreprises (Louis Vallon, René Capitant, etc.).

     

    Ces choses-là, dans les rétrospectives du demi-centenaire, qui les dit ? Aurons-nous droit, jusqu'à l'éternité, à l'interminable Cantique de la Nostalgie, celui d'une génération désespérément agrippée aux illusions perdues de sa jeunesse ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Mépris

     

    Sur le vif - Jeudi 22.03.18 - 05.41h

     

    Ici, l'insoutenable légèreté de la Chancellerie. Là, l'arrogance du Conseil d'Etat, son mépris de la démocratie directe, dans l'affaire du Plaza.

     

    Dans les deux cas, on joue avec la démocratie, donc avec le peuple souverain. Celui qui élit, celui qui tranche.

     

    Dans les deux cas, on se coupe du réel. On ferme les yeux, on se bouche les oreilles.

     

    Plaza : s'il fallait tout résumer par le titre d'un film, ce serait l'un des plus beaux de l'Histoire du cinéma, Jean-Luc Godard, "Le Mépris".

     

    Moi-même, je suis sur les rotules, après les 104 interviews des Visages de Campagne. Comme citoyen et comme journaliste professionnel, oui à ce double titre, j'en veux à ce Conseil d'Etat, et surtout à son président, de leur arrogance et de leur frivolité de tour d'ivoire.

     

    Misère hautaine. Sans même le vol de gerfauts du poète.

     

    Fatigue et colère.

     

    Une campagne, c'est la lente et régulière montée à l'autel du corps des citoyennes et des citoyens. Une procession laïque vers l'acte, indivisible, du vote. En mépris de cela, nos hauteurs célestes nous balancent des échantillons de Monopoly. Comme si c'était fictif !

     

    Et ils osent encore nous entourlouper, en prenant les grands airs mondains de ceux qui savent, avec leur "Genève internationale" !

     

    Leur planète n'est pas la nôtre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La nouveauté d'un possible

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    Commentaire - GHI - 21.03.18

     

    Il y a des listes, plus que d’autres, d’où sortent de belles vibrations. Et dans ces listes électorales, il y a bien sûr, avant toute chose, des personnes. En l’occurrence, des femmes.

     

    Une liste avec uniquement des femmes : le principe philosophique ne m’avait jamais plu, je le trouvais sectaire, alors que la République est une et indivisible. Bref, j’étais – et suis encore, au fond – mal disposé, sur le principe.

     

    Seulement voilà, il y a les principes, et il y a les personnes. Pour ma grande opération « Visages de Campagne », 104 candidats face à moi, six minutes chacun, j’ai rencontré huit représentantes de la Liste des femmes. Au-delà de savoir si je suis d’accord ou non avec elles, j’ai découvert des univers, des engagements, une joie militante profondément ancrée. Enfin, quelque chose d’assez puissant, à quoi je ne m’attendais pas.

     

    Ensuite ? Ensuite, rien ! Je n’appelle ici ni à voter pour cette liste, ni à la rejeter, chacun est libre. Mais j’ai découvert, après des décennies de passion pour la chose politique, la nouveauté d’un possible. Pas avec de grands discours, ni des démonstrations, ni des palabres de salons parisiens. Mais avec la force, parfois saisissante, de huit témoignages.

     

    Laisser émerger l’inattendu de la parole, c’est peut-être aussi cela, la mission du journalisme. Alors, à ces dames de passage, je dis simplement merci.

     

    Pascal Décaillet