Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 786

  • L'âge du Capitaine, on s'en fout !

     

    Sur le vif - Mardi 13.03.18 - 14.58h

     

    Mais depuis quand un Parlement a-t-il besoin d'un "capitaine" ? Où sont-ils allés chercher cela ? Chez quel Montesquieu ? En quelle Lettre persane ?

     

    Un Parlement n'est pas un gouvernement. Ca n'est pas une petite équipe, réduite, dense, opérationnelle, avec en effet nécessité d'un patron. Pour un an, ou pour cinq, peu importe.

     

    Le Parlement, c'est le reflet des volontés d'actions citoyennes, pour une législature. Nécessairement antagonistes ! Ils sont là pour ferrailler, et même avec une certaine rudesse, c'est cela la vie démocratique. Vous croyez que les débats étaient gentils et consensuels, sous la Révolution ? A la Constituante ? A la Convention ? Puis, sous la Troisième République ? Ou au Reichstag, à l'époque de Bismarck ?

     

    Il est parfaitement normal qu'on s'engueule (sur les sujets, pas sur les personnes) dans l'enceinte d'un Parlement. On est là pour ça ! Mais toujours avec le verbe, SVP. Pas avec des gestes, encore moins des coups.

     

    Un Parlement n'a pas à avoir de "capitaine". Il est nécessairement pluriel, contradictoire, protéiforme, indocile, imprévisible. Ou alors, c'est juste la Chambre d'enregistrement, mécanique et disciplinée, des ukases d'un gouvernement.

     

    Tout au plus, un Parlement a besoin d'un Président. Pour veiller sur le bon déroulement, c'est tout. Mais en quoi, diable, l'Assemblée reflétant les énergies du peuple aurait-elle besoin d'un "capitaine" ?

     

    Le seul capitaine, c'est le peuple, justement. Le corps électoral. L'ensemble des citoyennes et citoyens qui l'ont élu, ce Parlement. Et qui pourront, à terme, le défaire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Coups bas

     

    Sur le vif - Lundi 12.03.18 - 12.32h

     

    Attaquer Anne Emery-Torracinta, par tous les moyens possibles, est le sport favori, ces jours, dans la classe politique genevoise, en pleine férocité de la campagne.

     

    Certains, comme des motionnaires PLR, le font de façon correcte, précise, ciblée, sur des sujets thématiques. C'est le jeu politique, il n'y a rien à dire.

     

    D'autres, ailleurs, exploitent éhontément une certaine actualité judiciaire, pour porter, à cinq semaines de l'échéance, une estocade dont l'opportunisme crasse ne les grandit pas.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Aigle royal et pie bavarde

    XVM76243a84-a856-11e7-aab4-2721e4baf56d.jpg 

    Sur le vif - Dimanche 11.03.18 - 15.58h

     

    Il y aurait tant à dire sur le total dévoiement du mot "chroniqueur", depuis une dizaine d'années, dans les émissions radio et TV.

     

    A l'origine, un chroniqueur, ou une chroniqueuse, sont l'homme ou la femme d'une courte et intense apparition. Contrairement au meneur de toute une tranche d'émission, le chroniqueur surgit, dense et furtif, pour son moment de gloire. Il doit être silex, feu, étincelles. Puis, s'éclipser.

     

    Ainsi, Mauriac était chroniqueur au Figaro. Ou Clavel, au Nouvel Observateur. Un nombre de signes très réduit, un texte ciselé, serti. Une étoile filante.

     

    Ainsi, le chroniqueur radio. Une minute pour un papier, dense, envoyé, sans appel. Une minute trente pour un commentaire. Et puis voilà. La chute, la révérence, la disparition. Et le meneur qui reprend la parole. Pour passer à autre chose.

     

    Aujourd'hui, hélas, sous l'influence de quelques cercles parisiens où l'on ricane et se congratule entre soi, le mot "chroniqueur" ne désigne plus le sublime passant furtif, mais l'impénitent bavard. Il siège, là, comme un roitelet, tout le temps de l'émission. Il intervient sur tout et sur rien. Donne son avis sur l'ensemble des sujets de l'univers, à commencer par ceux qu'il ne maîtrise pas.

     

    Le chroniqueur était un aigle royal. Il est devenu une pie bavarde.

     

    Pascal Décaillet