Sur le vif - Mardi 13.03.18 - 14.58h
Mais depuis quand un Parlement a-t-il besoin d'un "capitaine" ? Où sont-ils allés chercher cela ? Chez quel Montesquieu ? En quelle Lettre persane ?
Un Parlement n'est pas un gouvernement. Ca n'est pas une petite équipe, réduite, dense, opérationnelle, avec en effet nécessité d'un patron. Pour un an, ou pour cinq, peu importe.
Le Parlement, c'est le reflet des volontés d'actions citoyennes, pour une législature. Nécessairement antagonistes ! Ils sont là pour ferrailler, et même avec une certaine rudesse, c'est cela la vie démocratique. Vous croyez que les débats étaient gentils et consensuels, sous la Révolution ? A la Constituante ? A la Convention ? Puis, sous la Troisième République ? Ou au Reichstag, à l'époque de Bismarck ?
Il est parfaitement normal qu'on s'engueule (sur les sujets, pas sur les personnes) dans l'enceinte d'un Parlement. On est là pour ça ! Mais toujours avec le verbe, SVP. Pas avec des gestes, encore moins des coups.
Un Parlement n'a pas à avoir de "capitaine". Il est nécessairement pluriel, contradictoire, protéiforme, indocile, imprévisible. Ou alors, c'est juste la Chambre d'enregistrement, mécanique et disciplinée, des ukases d'un gouvernement.
Tout au plus, un Parlement a besoin d'un Président. Pour veiller sur le bon déroulement, c'est tout. Mais en quoi, diable, l'Assemblée reflétant les énergies du peuple aurait-elle besoin d'un "capitaine" ?
Le seul capitaine, c'est le peuple, justement. Le corps électoral. L'ensemble des citoyennes et citoyens qui l'ont élu, ce Parlement. Et qui pourront, à terme, le défaire.
Pascal Décaillet