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Liberté - Page 788

  • Croissance maîtrisée

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    Commentaire publié dans GHI - 28.02.18

     

    Nous avons, à Genève, un bel aéroport, dont nous avons lieu d’être fiers. Il a traversé le vingtième siècle, contribué à la prospérité et à la notoriété de notre canton. Il est proche de la ville, facilement accessible. Beaucoup d’atouts, c’est vrai.

     

    Mais le site de Cointrin n’est pas extensible à souhait. Coincé le long de la frontière, près des zones habitables, il offre hélas un fort potentiel de nuisances, sonores notamment, aux riverains. Genève n’est pas New York, ni Chicago. C’est une ville de taille très moyenne, et c’est justement pour cela, par l’aspect humain de ses dimensions, qu’il fait si bon y vivre. Nous devons garder, en toutes choses, le sens de la mesure.

     

    Le développement de l’aéroport, lui aussi, doit se plier à cette règle. Depuis une décennie, en très haut lieu, on a trop rêvé d’un immense aéroport international, avec des extensions totalement exagérées. Il n’est, par exemple, par normal que les Lyonnais friands de déplacement inter-villes à bas prix viennent prendre leur avion à Genève.

     

    Surtout, la croissance de l’aéroport doit faire l’objet d’un contrôle démocratique. Pas question qu’un cénacle de décideurs économiques se substitue au verdict des citoyennes et citoyens de ce canton. Il n’en va pas seulement de l’avenir de nos transports. Mais de la santé des riverains. De la qualité de vie à Genève. Bref, du bien commun et de l’intérêt public. Ne les laissons pas dans les griffes de quelques bétonneurs.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Conseil d'Etat sortant : aucun jeu collectif !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.02.18

     

    Sept personnages, parfaitement juxtaposés. Sept ministres, chacun gérant son Département. Sept destins, individuellement jetés dans l’arène publique. Sept bilans, certains corrects, d’autres moins, chacun jugera. Sept humains, mais pas de septuor. Aucun mouvement d’ensemble, dans ce Conseil d’Etat sortant, 2013-2018. Certes pas d’échec flagrant, comme il y en eut dans l’équipe précédente. Pas vraiment de fausse note. Pas d’engueulades internes majeures, ni de ruades. Pas d’esclandre. Pas de bruit, ni de fureur. Non, juste la coexistence de sept silences. Chacun, pour soi, a plaidé, donné de la voix. Mais qui, pour parler au nom de tous ? Quel discours d’ensemble, pour quelle action collective, quelle vision ?

     

    Vous me direz que ce fatras, c’est le lot de toute équipe gouvernementale suisse, par essence disparate. Je vous répondrai non, pas cette fois justement, pas avec cette équipe-là. C’est le premier collège exécutif d’après la Constituante : aux affaires pour cinq ans, avec le même Président pendant toute la législature. De cette importante réforme, on nous a fait miroiter monts et merveilles, châteaux en Espagne : on nous promettait enfin la cohérence, l’action d’ensemble, la coordination, chacun des sept tirant à la même corde. Ce ne fut pas cela. Ce ne fut pas non plus le contraire, qui serait quelque chose comme la foire d’empoigne, le tir aux pigeons, le Radeau de la Méduse. Non, ce fut juste quelque chose entre deux, donnant une impression d’aplani et de sourdine : surtout pas d’éclat ! On y a chuchoté, murmuré, comme en quelque chapelle, pour ne point déranger les Vêpres.

     

    Les bilans individuels ? Chacun a fait ce qu’il a pu, il faut leur rendre cet hommage. Il n’y a, au final, ni brillant premier, ni cancre. Mais il n’y pas de bilan collectif. Même les questions financières, transversales par définition et gérées avec beaucoup d’opiniâtreté par le Grand Argentier, qui a l’étoffe d’un homme d’Etat, demeurent en suspens entre les deux législatures. Nous sommes donc, sans qu’il y ait grand grief à en tirer, dans l’ordre de l’inabouti. Idem pour la santé, le logement, la mobilité. A l’économie, on a surtout fait beaucoup de communication. A l’instruction publique, on a géré avec patience. Bref, chacun a fait son possible. Aucun ne mérite à tout prix d’être réélu. Ni, pour autant, d’être écarté. Sept destins, avec un peu d’ennui.

     

    La législature suivante sera-t-elle plus flamboyante ? Nous n’en savons rien. Si c’est juste pour changer un Président austère par un Président hyper-communicateur, tirant à lui toute couverture, quitte à mettre la République dans de beaux draps, je ne suis pas sûr que l’exercice soit promis à une réussite folle. A la vérité, la Constituante a échoué. Entre le maintien du bon vieux septuor égalitaire, d’où nulle tête n’émerge, et l’instauration d’un vrai chef de gouvernement, elle n’a pas tranché. Il en résulte un singulier marécage. Propice, peut-être, au chant uniforme des batraciens. Pour le frémissement de l’Histoire, nous irons voir ailleurs.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Diable de Moscou

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    Commentaire publié dans GHI - 21.02.18

     

    « Le Président de la Douma (Parlement russe) est persona non grata dans l’Union européenne. Alors, que vient-il faire en Suisse ? ». Cette phrase hallucinante, notamment ce « alors », a été prononcée ce lundi 19 février dans les titres du Journal de 12.30h, sur la Première.

     

    Hallucinant, oui. D’abord, la Suisse, à notre connaissance, n’est pas membre de l’Union européenne, et nous doutons qu’elle soit amenée à y adhérer dans les dix ou quinze années qui viennent. Donc, au nom de quoi Berne devrait-elle se sentir liée par une fatwa de Bruxelles frappant l’un des personnages les plus importants de Russie ? Soyons clairs : la Suisse est un pays souverain, elle reçoit qui elle veut, quand elle veut.

     

    Et puis, il y a cette perpétuelle diabolisation, dans les milieux bien-pensants de l’Union européenne, de tout ce qui touche, peu ou prou, à la Russie. Parce que le Président de la Douma serait « un proche de Poutine », il incarnerait le camp du Mal. Il ne faudrait surtout pas le recevoir, avoir le moindre contact avec lui, le toucher.

     

    Candide vision. Qui rappelle les heures les plus blêmes de la Guerre froide. Propagande orchestrée non seulement par l’UE, mais par l’OTAN. Comme sur les Serbes pendant les années 1990, on jette l’anathème sur un camp, toujours le même. Là, c’est la Russie. Que les propagandistes professionnels agissent ainsi, c’est ma foi leur métier. Mais peut-être, de la part de journalistes suisses, pourrait-on espérer un peu de nuances, de clairvoyance, et d’arrière-pays historique.

     

    Pascal Décaillet