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Conseil d'Etat sortant : aucun jeu collectif !

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Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.02.18

 

Sept personnages, parfaitement juxtaposés. Sept ministres, chacun gérant son Département. Sept destins, individuellement jetés dans l’arène publique. Sept bilans, certains corrects, d’autres moins, chacun jugera. Sept humains, mais pas de septuor. Aucun mouvement d’ensemble, dans ce Conseil d’Etat sortant, 2013-2018. Certes pas d’échec flagrant, comme il y en eut dans l’équipe précédente. Pas vraiment de fausse note. Pas d’engueulades internes majeures, ni de ruades. Pas d’esclandre. Pas de bruit, ni de fureur. Non, juste la coexistence de sept silences. Chacun, pour soi, a plaidé, donné de la voix. Mais qui, pour parler au nom de tous ? Quel discours d’ensemble, pour quelle action collective, quelle vision ?

 

Vous me direz que ce fatras, c’est le lot de toute équipe gouvernementale suisse, par essence disparate. Je vous répondrai non, pas cette fois justement, pas avec cette équipe-là. C’est le premier collège exécutif d’après la Constituante : aux affaires pour cinq ans, avec le même Président pendant toute la législature. De cette importante réforme, on nous a fait miroiter monts et merveilles, châteaux en Espagne : on nous promettait enfin la cohérence, l’action d’ensemble, la coordination, chacun des sept tirant à la même corde. Ce ne fut pas cela. Ce ne fut pas non plus le contraire, qui serait quelque chose comme la foire d’empoigne, le tir aux pigeons, le Radeau de la Méduse. Non, ce fut juste quelque chose entre deux, donnant une impression d’aplani et de sourdine : surtout pas d’éclat ! On y a chuchoté, murmuré, comme en quelque chapelle, pour ne point déranger les Vêpres.

 

Les bilans individuels ? Chacun a fait ce qu’il a pu, il faut leur rendre cet hommage. Il n’y a, au final, ni brillant premier, ni cancre. Mais il n’y pas de bilan collectif. Même les questions financières, transversales par définition et gérées avec beaucoup d’opiniâtreté par le Grand Argentier, qui a l’étoffe d’un homme d’Etat, demeurent en suspens entre les deux législatures. Nous sommes donc, sans qu’il y ait grand grief à en tirer, dans l’ordre de l’inabouti. Idem pour la santé, le logement, la mobilité. A l’économie, on a surtout fait beaucoup de communication. A l’instruction publique, on a géré avec patience. Bref, chacun a fait son possible. Aucun ne mérite à tout prix d’être réélu. Ni, pour autant, d’être écarté. Sept destins, avec un peu d’ennui.

 

La législature suivante sera-t-elle plus flamboyante ? Nous n’en savons rien. Si c’est juste pour changer un Président austère par un Président hyper-communicateur, tirant à lui toute couverture, quitte à mettre la République dans de beaux draps, je ne suis pas sûr que l’exercice soit promis à une réussite folle. A la vérité, la Constituante a échoué. Entre le maintien du bon vieux septuor égalitaire, d’où nulle tête n’émerge, et l’instauration d’un vrai chef de gouvernement, elle n’a pas tranché. Il en résulte un singulier marécage. Propice, peut-être, au chant uniforme des batraciens. Pour le frémissement de l’Histoire, nous irons voir ailleurs.

 

Pascal Décaillet

 

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