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Aigle royal et pie bavarde

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Sur le vif - Dimanche 11.03.18 - 15.58h

 

Il y aurait tant à dire sur le total dévoiement du mot "chroniqueur", depuis une dizaine d'années, dans les émissions radio et TV.

 

A l'origine, un chroniqueur, ou une chroniqueuse, sont l'homme ou la femme d'une courte et intense apparition. Contrairement au meneur de toute une tranche d'émission, le chroniqueur surgit, dense et furtif, pour son moment de gloire. Il doit être silex, feu, étincelles. Puis, s'éclipser.

 

Ainsi, Mauriac était chroniqueur au Figaro. Ou Clavel, au Nouvel Observateur. Un nombre de signes très réduit, un texte ciselé, serti. Une étoile filante.

 

Ainsi, le chroniqueur radio. Une minute pour un papier, dense, envoyé, sans appel. Une minute trente pour un commentaire. Et puis voilà. La chute, la révérence, la disparition. Et le meneur qui reprend la parole. Pour passer à autre chose.

 

Aujourd'hui, hélas, sous l'influence de quelques cercles parisiens où l'on ricane et se congratule entre soi, le mot "chroniqueur" ne désigne plus le sublime passant furtif, mais l'impénitent bavard. Il siège, là, comme un roitelet, tout le temps de l'émission. Il intervient sur tout et sur rien. Donne son avis sur l'ensemble des sujets de l'univers, à commencer par ceux qu'il ne maîtrise pas.

 

Le chroniqueur était un aigle royal. Il est devenu une pie bavarde.

 

Pascal Décaillet

 

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