Sur le vif - Mercredi 25.04.18 - 16.42h
Je n'utilise jamais le mot "l'Occident". Ce dernier présuppose une agrégation d'identité, de valeurs, de culture, entre nos pays d'Europe et le monde anglo-saxon, principalement les États-Unis d'Amérique. Et cette communauté serait plus importante que ce qui nous relie à l'Orient. Je n'en crois rien.
L'Orient, ça commence avec les Balkans. Puis surtout la Grèce, dont j'ai commencé à étudier la langue en 1971. Puis la Bulgarie, la Turquie, le Proche et le Moyen-Orient. On peut aller ainsi jusqu'à l'Iran, voire jusqu'à l'Indus, comme Alexandre.
Je suis allé maintes fois en Grèce, et pas seulement sur les sites touristiques. J'arrive à comprendre ce que raconte le journal Ta Nea, j'ai la chance de lire Homère dans le texte.
Je suis allé souvent dans les Balkans, au Proche-Orient, en Afrique du Nord. Je m'y sens bien. Comme en Italie. On y respire l'Histoire, les strates de civilisation, les guerres et les traités, les arts, la richesse plurielle des religions.
Le ville que je préfère, plus encore que Rome, c'est Jérusalem, la Vieille Ville surtout, du côté de la Porte de Damas. Chrétiens, Juifs, Musulmans, millénaires d'Histoire, couvents arméniens, inscriptions syriaques, géorgiennes, coptes : l'immensité du monde, à livre ouvert.
Dans ces conditions, sans avoir rien contre le Nouveau Monde, je ne vois pas pourquoi je m'afficherais particulièrement d'une appartenance à "l'Occident", alors que tout (à part ma fascination pour l'Allemagne) me porte, ou plutôt me transporte, vers l'Orient compliqué.
Dire "l'Occident", c'est accepter comme fait accompli la vision de coupure du monde en deux que certains, notamment du côté américain, veulent nous imposer. On se souvient de l'ahurissant "conflit de civilisations" de l'entourage de George Bush Junior, pour nous faire avaler en 2003 la pilule de la catastrophique expédition militaire en Irak.
A mes amis de Grèce, de Turquie, du Proche-Orient, de l'Iran, et tous les autres, j'adresse mon fraternel salut.
Pascal Décaillet