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Liberté - Page 686

  • De l'Histoire politique, SVP !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.12.18

     

    Il est inimaginable que l’Histoire politique soit aussi peu enseignée à l’école. A tous les degrés : primaire, Cycle d’orientation, post-obligatoire (Collège, Ecoles de commerce, etc.).

     

    Je dis bien : l’Histoire politique. J’ai eu la chance, là où j’étais, dans mon école primaire des années soixante, d’être initié très jeune à l’Histoire des guerres, des traités, des alliances. Avec des dates, qui n’étaient certes pas des buts en soi (l’ignorance chronologique ne l’est pas non plus), mais des repères, dans le champ de perspective de la durée. Ce qu’on appelle la diachronie.

     

    Depuis Mai 68, la mode est à l’enseignement de l’Histoire, à travers les sujets de société, Au nom de la valorisation des sources, l’obsession du document, émanant souvent des aspects de la vie privée des gens, tellement parcellaire, a pris une importance telle que, chez beaucoup d’élèves, pourtant fort disposés à la chose historique, la vision politique d’ensemble est très atténuée.

     

    Il faut réhabiliter, dans nos écoles, l’Histoire politique. Je ne dis pas qu’il faille gorger les élèves, comme des oies, de dates. Mais tout de même, un peu de vision chronologique, que diable ! Qu’on leur fasse lire du Thucydide, le lumineux auteur, il y a 25 siècles, de la Guerre du Péloponnèse. Qu’on raconte la Réforme, la Révolution française, les deux Guerres mondiales ! Qu’on réhabilite les grands ensembles ! Certains profs, admirables, le font avec un rare talent, je le sais. Mais j’aimerais tant qu’ils soient plus nombreux !

     

    Pascal Décaillet

     

  • Gilets jaunes ? Non : démocratie directe !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.12.18

     

    En France, personne n’a vu venir le phénomène des gilets jaunes. Ni Macron, ni son Premier ministre, ni vous, ni moi. L’irruption, sur les routes du pays, dans les rues des villes, et jusqu’aux Champs-Elysées, de ces manants et croquants surgis des profondeurs, constitue un événement que les historiens retiendront comme quelque chose de nouveau. On a beau agiter les références du passé, l’Histoire de France n’en manque pas, on a beau évoquer les jacqueries médiévales, les foules révolutionnaires de 1789, celles de 1830, la Liberté guidant le Peuple, rien n’y fait : on ne parvient pas à circonscrire intellectuellement un soulèvement populaire qui nous dépasse.

     

    Il faudra bien pourtant le comprendre. Et lui donner une réponse politique. Partie de la hausse du prix de l’essence, engendrant une colère légitime dans les périphéries sous-équipées en transports publics, la grande colère de l’automne 2018 s’est vite transformée en vague de haine contre Macron. C’est lui, maintenant, dont les foules veulent la tête. Les plus modérées exigent une dissolution de l’Assemblée nationale, les autres réclament le départ du Président. Face à cette vague, il est très clair qu’une intervention du chef de l’Etat au journal de 20h ne suffira pas. Nous n’en sommes plus là : le peuple veut du concret, sonnant et trébuchant, sans tarder.

     

    Face à cette déferlante, nous, les Suisses, sommes spectateurs. Tous en tête, nous avons une question : « Aurons-nous des gilets jaunes dans notre pays ? ». Nul n’a la réponse. Mais une chose est sûre : nous avons, en Suisse, la chance exceptionnelle d’avoir la démocratie directe. Elle n’empêche pas les manifestations de rue, mais elle en atténue grandement la probabilité et surtout la fréquence. Le droit de référendum permet d’attaquer une loi parlementaire. Bien mieux : celui d’initiative donne au peuple la possibilité de lancer sur la place publique, à l’échelon du pays tout entier, des thèmes tabous, volontairement oubliés par la classe politique. Tout cela constitue des soupapes, orientant la pression non vers les clameurs de la rue, mais, concernant les initiatives, vers un changement de la Constitution. Vous vous rendez compte : en Suisse ce sont le peuple et les cantons qui modifient la Charte fondamentale du pays !

     

    Nous ne sommes pourtant pas, par nature, un peuple plus sage, ni plus tranquille, que n’importe quel autre. Notre Histoire, pour qui veut bien la considérer dans sa réalité sociale plutôt que dans ses mythes, est jalonnée de combats, de douleurs, de cicatrices. Notre corps social n’est pas moins explosif qu’un autre. Mais nous avons la démocratie directe, comme antidote. De grâce, n’en diminuons en rien la marge d’action. Au contraire : planchons, dans les années et les décennies qui viennent, pour une extension de ses compétences. C’est un outil de légitimité profonde. Encore faut-il en accepter, tous les trois mois, les verdicts, sans jouer aux mauvais perdants. Vaste programme !

     

    Pascal Décaillet

     

  • Faire front, face à un homme

     

    Sur le vif - Mardi 04.12.18 - 14.35h

     

    Ne voir dans la crise des gilets jaunes qu'une jacquerie de plus, dans une Histoire de France qui n'en est pas avare, c'est passer à côté de l'essentiel.

     

    Les gilets jaunes, au-delà de la revendication (parfaitement légitime) sur le prix de l'essence, c'est l'émergence d'un nouveau langage dans la sémiologie politique française. Une nouvelle scénographie, aussi.

     

    On fait irruption sans préavis, sous le seul signe de rassemblement d'une monochromie banale, celle du conducteur en panne, sur la piste d'accotement.

     

    On ne se revendique d'aucune faction. Aucun parti. Aucun mouvement syndical. On laisse les corporatismes au vestiaire. On passe les corps intermédiaires au napalm.

     

    On fait front, face à un homme. Celui qui incarne le pouvoir suprême. Il n'y a plus que vous et lui. On s'adresse au trône, en refusant toutefois de lui parler, même s'il vous y invite. On se contente de SIGNALER sa présence. Massivement.

     

    Ce matin, les gilets jaunes ont obtenu un premier succès. Le chef de l'Etat a laissé son connétable annoncer lui-même les concessions sur le prix des carburants. Les rois, à l'époque des jacqueries, ne procédaient pas autrement.

     

    Les gilets jaunes s'en contenteront-ils ? On peut en douter. A en juger par l'ampleur du mouvement, la seule réponse sur la revendication de base (fût-elle essentielle) ne suffira pas. C'est à autre chose que le peuple de France aspire. Pas nécessairement un changement de régime, je l'ai déjà dit. Mais assurément, la mise en place d'un dialogue direct de la base avec le sommet. Cela pourrait passer par l'introduction de la démocratie directe. Et assurément, par la proportionnelle.

     

    Dialogue direct, oui. Sans les corps intermédiaires. Non qu'il faille dissoudre ces derniers (ne rêvons pas). Mais les remettre à leur place. Il ne convient nullement de s'en plaindre.

     

    Pascal Décaillet