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Liberté - Page 687

  • Le choeur, seul, face à Créon

     

    Sur le vif - Mardi 04.12.18 - 09.34h

     

    Les gilets jaunes pulvérisent les corps intermédiaires. Au grand dam des chefs syndicalistes, totalement dépassés par l'irruption de cette concurrence inopinée. Incontrôlée. Non-recensée dans leurs fichiers d'adhérents.

     

    Dans la mise en scène, il n'y a plus que le choeur, face au Prince. Même pas de coryphée.

     

    Le choeur, unique acteur, face à Créon.

     

    Il n'y a plus ni Eteocle, ni Polynice, ni Ismène. Il n'y a même plus Antigone.

     

    Antigone, c'est le choeur tout entier. Il a ravi le rôle au personnage principal.

     

    Il n'y a plus de personnage principal.

     

    Il y a le choeur, face à Créon.

     

    Les gilets jaunes, c'est la Révolution brechtienne. Sauf qu'il n'y a même plus de théâtre. Pas de texte. Ni actes, ni scènes. Ni intrigue.

     

    Juste le choeur, face à Créon.

     

    Préfiguration, dans la crise, de ce que pourraient être nos sociétés futures. Nos rapports de forces politiques et sociales. Disparition des corps intermédiaires. Mise en congé des médiateurs. La totalité d'une revendication, face à la solitude murée du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Macron, l'erreur de casting

     

    Sur le vif - Mardi 04.12.18 - 05.58h

     

    En portant Macron au pouvoir, en mai 2017, la France a élu un président à contresens. Un défenseur de l'Europe, alors que le château de cartes de Bruxelles est en voie d'écroulement. Un ultra-libéral orléaniste, valet des financiers, quand les peuples d'Europe redécouvrent un impérieux besoin d'Etat, de protectionnisme et de solidarité sociale. Un affidé à Mme Merkel, au moment où l'Europe aurait justement besoin d'une France forte, pour équilibrer le retour de la puissance allemande, y compris en matière stratégique et militaire.

     

    Du coup, nous voilà avec un président en total décalage. Jeune, intelligent, dynamique, il ne comprend tout simplement pas le monde qui l'entoure. À quoi lui sert sa formation philosophique, si c'est pour raisonner dans le vide, sans le moindre ancrage dans la connaissance de l'Histoire, domaine dans lequel il accumule les énormités chaque fois qu'il y tente une immixtion verbale ? On dirait que cet homme ne sait pas que l'Histoire est tragique. Autre parallèle avec le jeune Giscard, dont il n'a hélas pas la dimension d'arbitrage.

     

    Les BHL et les Cohn-Bendit soutiennent Macron, c'est dire si l'affaire est mal emmanchée. L'image, face à la France profonde, est dévastatrice : l'appui des mondialistes cosmopolites, un ploutocrate et un opportuniste, n'est sans doute pas le blason le plus reluisant pour celui qui, par sa fonction, incarne l'exceptionnelle continuité française.

     

    Augmenter le prix de l'essence, touchant ainsi les plus faibles et les plus oubliés des provinces sous-équipées, alors qu'on a commencé son quinquennat par des largesses envers les plus nantis, dénote un sens politique relativement limité. Si l'homme eut de l'instinct pour se hisser au pouvoir, avec l'appui sonnant et trébuchant de la haute finance mondiale, il en est hélas totalement dépourvu dans son rapport au pays profond. Il serait peut-être temps qu'il en tire les conséquences.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Carla Del Ponte : non, non et non !

     

    Sur le vif - Lundi 03.12.18 - 14.27h

     

    L'incroyable condescendance des médias de Suisse romande, depuis plus de vingt ans, envers Carla del Ponte, laisse pantois.

     

    Voilà une dame qui, au moment des guerres balkaniques, dans les années 1990, a passé son temps (jusqu'en 2007) à instruire des procès, toujours dans le même sens. Toujours contre les Serbes, d'où qu'ils fussent, ceux de Bosnie comme ceux d'ailleurs.

     

    Dans un deuxième temps seulement, comprenant que le grief d'unilatéralité pouvait lui être adressé, elle a commencé, PAR COMPENSATION, à s'intéresser à d'autres, comme par exemple les criminels de guerre croates, liés aux événements de la Krajina.

     

    Pendant toute cette période, Mme Del Ponte n'a absolument pas été un Procureur au seul service de la justice. Non. Elle a été le bras exécutant des quelques pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne fédérale, hélas rejoints en cours par la France de Mitterrand) visant à diaboliser à tout prix la seule Serbie, en sanctifiant par là ses adversaires.

     

    Prendre le contrôle économique et stratégique des Balkans, c'était le plan initial de l'OTAN. Il fut appliqué à la lettre, avec le concours des services secrets allemands. Avec ses poursuites orientées et sélectives contre les seuls Serbes, Mme Del Ponte n'a été que l'auxiliaire de justice de ces puissances politiques.

     

    Vous comprendrez dès lors que cette personne n'ait jamais recueilli de ma part la moindre admiration. Encore faut-il lire la politique sous le prisme de l'Histoire et des rapports de forces. Et non sous celui, si facile, de la morale et des chevaliers blancs.

     

    Pascal Décaillet