Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 684

  • Gilets jaunes : tous cinéastes !

     

    Sur le vif - Mardi 11.12.18 - 03.41h

     

    Jusqu'à une période très récente, dans les manifs, il y avait deux sortes de personnes : les gens du cortège, qui défilaient en scandant des slogans et en brandissant des pancartes ; et puis, les journalistes, notamment les équipes TV qui filmaient.

     

    Avec les gilets jaunes, ce duo acteur/observateur vole en éclats. Désintégré ! Presque chaque gilet jaune filme sa part de vérité, avec son portable. Chacun d'entre eux est Fabrice à Waterloo, dans la Chartreuse de Parme, le chef d'œuvre de Stendhal.

     

    Des dizaines de milliers de réalités fragmentées. En les additionnant, comme un historien recoupe les témoignages, on aurait une idée infiniment plus précise de la situation qu'en se contentant de la machine de propagande gouvernementale de BFMTV.

     

    Les gilets jaunes font voler en éclats les corps intermédiaires. Le Parlement est muet. Les partis, aux fraises. Et les médias, concurrencés par les acteurs eux-mêmes, sur le terrain.

     

    Cette crise majeure est une crise sociale et institutionnelle, on l'a dit. Elle est aussi une crise profonde des médiateurs. En cela, elle préfigure une nouvelle sémiologie de la communication politique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • France : démocratie directe oui, mais sur les thèmes !

     

    Sur le vif - Lundi 10.12.18 - 12.10h

     

    Depuis des années, à vrai dire depuis le refus du Traité européen (2005), j'écris des textes sur le déficit démocratique dont souffre, à mes yeux, la France. Je les écris en toute amitié pour ce pays voisin et ami, à qui je dois tant dans l'ordre de la culture, et dont j'étudie l'Histoire depuis des décennies. Je n'écris pas par paternalisme suisse, je ne préconise en rien la projection du système suisse sur la France, ce serait absurde : chaque pays a son Histoire, de même que chaque espèce végétale a son bagage génétique.

     

    Depuis des années toujours, j'écris que la France a un besoin profond de s'inventer, selon son génie propre, une forme de ce que nous appelons chez nous "démocratie directe". Ce processus, je crois, va advenir dans les années qui viennent, il faut laisser les Français en inventer la forme, en fonction de leurs besoins.

     

    Mais une chose est sûre : la France n'a nullement besoin, en termes de renouveau démocratique, d'inventer un processus électif supplémentaire. Des élus, en France, à tous les niveaux (y compris certains échelons totalement artificiels, mais somptuaires dans leurs dépenses), il y en a déjà beaucoup trop ! La France n'a pas besoin d'élire encore plus de gens ! Au contraire : dans nos pays d'Europe, c'est justement la bonne vieille démocratie représentative, issue du dix-huitième siècle, qui doit céder du terrain à des mécanismes accrus de démocratie directe. Si vous lisez mes textes, depuis des années, je ne dis que cela.

     

    A l'heure des réseaux sociaux, et du partage des connaissances, nos sociétés doivent adapter leurs institutions à cette extraordinaire horizontalité générée par les nouveaux outils de la communication, cette intelligence collective entre gens de bonne volonté, où nul n'est gourou, et où chacun apporte sa pierre à l'édifice.

     

    Ce que la France doit inventer, c'est une démocratie directe agissant directement sur les thèmes. A l'instar de notre droit d'initiative populaire. Ce qui m'impressionne le plus dans le mouvement des Gilets jaunes, c'est son aspiration citoyenne. Le peuple de France veut reprendre la main, ou plus exactement la prendre, sur les leviers de son destin. Ca n'est certainement pas en remplissant un nouvel échelon d'élus qu'il y parviendra. Mais en inventant, dans les années qui viennent, un mécanisme de décisions directes du suffrage universel sur les thèmes. Pas sur le choix des personnes.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Sans-culottes monarchistes

     

    Sur le vif - Lundi 10.12.18 - 09.41h

     

    Singulière contrée, tout de même, où l'on décoche les fourches, le samedi, en se promettant de promener sur une pique la tête du tyran, et où chacun, dès le dimanche, attend avec une extatique impatience les mots du monarque, pour les Vêpres du lundi.

     

    C'est tout le paradoxe de la France : attendre d'une Révolution qu'elle vienne d'en haut. Ou, tout au moins, qu'elle soit adoubée par la majesté suprême. Celle-la même qu'il s'agissait d'anéantir.

     

    Tout Michelet, tout Tocqueville, toutes les plus lumineuses pages sur la Révolution, sont contenues dans cette géométrie de la Base et du Sommet.

     

    Pascal Décaillet