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Liberté - Page 1568

  • La honte à New York



    Édito Lausanne FM – Vendredi 07.03.08 – 07.50h



    Hier soir, à Jérusalem, huit adolescents de 15 à 16 ans, dans un institut d’études talmudiques, ont été assassinés par un Palestinien. C’est le premier attentat d’envergure à Jérusalem depuis longtemps. C’est un acte abominable.

    Bien sûr, mille autres actes, depuis des années, dans la région, le sont aussi, abominables. Bien sûr, les responsabilités sont partagées. Bien sûr, il y a Gaza, ce qui vient de s’y passer.

    Mais enfin voilà, cet attentat-là, encore plus parce qu’il touche des adolescents, est un acte de pure barbarie, il n’y a rien d’autre à dire. Vous, moi, tout le monde peut tomber d’accord sur cela.

    Tout le monde, sauf le Conseil de sécurité de l’ONU. Réuni hier soir, il n’a même pas réussi à s’entendre pour condamner cet attentat. A cause de qui ? À cause de la Libye ! Qui commençait à se refaire une santé sur le plan international, et qui, là, rechute.

    Les palabres du Conseil de sécurité, certes, ne ressuscitent pas les morts. Ni ceux de Jérusalem, ni ceux de Gaza, ni ceux de Tel-Aviv, ni ceux de l’Intifada. On peut, à vrai dire, fort bien se passer, à chaque moment de barbarie, des commentaires de cette instance qui n’a jamais changé la face du monde.

    Mais enfin, si elle décide – ce que personne ne lui demande – de mettre à son ordre du jour un attentat, et qu’elle n’est même pas capable de dire clairement que cet acte est une lâche boucherie, alors on saura définitivement, pour peu qu’il subsistât encore l’ombre d’un doute, qu’elle ne sert strictement à rien.

  • Le premier à Sion, ou le huitième à Berne?


    Edito Lausanne FM – Jeudi 06.03.08 – 07.50h



    Le Nouvelliste, en primeur, nous l’annonce ce matin : Christophe Darbellay est candidat au Conseil d’Etat valaisan. C’est une nouvelle importante pour le Valais, et bien sûr aussi pour la vie politique suisse. C’est surtout une décision courageuse, une décision de destin où le flandrin des glaciers, qui aura 36 ans demain, joue beaucoup. L’homme, décidément, a le goût du risque, il n’a pas froid aux yeux.

    Le risque, parce qu’en terre valaisanne, l’aventure est loin d’être gagnée d’avance. Il ne faut pas croire que tous les électeurs démocrates-chrétiens de ce canton attendent comme un archange de la Providence cette grande star nationale. Le combat interne au parti pourrait être assez dur. S’y lancer est tout à l’honneur du postulant.

    Le risque, surtout, parce que Christophe Darbellay, l’un des tacticiens les plus doués de la nouvelle génération, perdrait en Valais l’aura nationale qui est la sienne. Dans huit, dans douze ans, s’il veut revenir au premier plan fédéral, ne trouvera-t-il pas un terrain largement occupé par d’autres, la nature ayant horreur du vide ?

    Lui, n’a pas peur du vide. Ce qui fascine, chez lui, ce ne sont pas les idées, qu’il a, disons, relativement souples en fonction des circonstances. Non, c’est son audace, son tempérament. L’image, toujours, me revient de cet homme qui, avant l’aube, après une courte nuit dans la cabane, remonte l’arête d’un grand sommet. À gauche, le vide. À droite, le vide. Et ça ne lui fait pas peur. Il avance.

    Christophe Darbellay a raison de se lancer dans cette aventure. D’abord, parce qu’il pourrait donner, en Valais, un conseiller d’Etat hors normes. Aussi, parce que son avenir politique personnel, pour le Conseil fédéral par exemple, va se heurter, pour un certain temps, à la résistance et la mémoire de ceux, dans la famille de droite, qui n’ont pas digéré le coup du 12 décembre 2007. L’UDC, n’en parlons pas. Mais aussi les radicaux. Et même des démocrates-chrétiens. Cela fait pas mal de monde. Cela s’appelle même une majorité.

    Mieux vaut-il être, pour ce tempérament de feu, le premier à Sion ou le huitième à Berne ? C’était la question. Christophe Darbellay a choisi d’y répondre. Là où il aurait pu patiner, il relance son destin. Le sens du jeu, le sens du risque, pouvoir au fond tout perdre ou tout gagner, c’est la marque de l’homme de caractère.

  • L'Amérique et le murmure du vent



    Édito Lausanne FM – Mercredi 05.03.08 – 07.50h



    Elle l’a fait. Déjà donnée morte, et jusque dans son propre camp, Hillary Clinton vient de remporter, cette nuit, les primaires de l’Ohio et du Texas. Cela ne signifie pas qu’elle obtiendra l’investiture démocrate de Denver, encore moins qu’elle sera présidente des Etats-Unis. Mais cela constitue un nouveau tournant dans l’une des campagnes les plus passionnantes, depuis longtemps, Outre-Atlantique.

    Hillary Clinton ne respire pas la sympathie. Elle est froide, métallique, ne brille pas par son charisme. Mais là, en se cramponnant face à la tempête de l’Obamania, en allant jusqu’au bout, cette femme étonnante a fait exactement ce qu’on attend d’un futur président : elle a, tout simplement, tenu. Comme Jacques Chirac, seul contre tous fin 1994 face à la déferlante Balladur dans les sondages, avait tenu.

    Je vous fais un pari : dès ce matin, et pour les jours qui viennent, nombre d’observateurs, en Suisse romande, hier encore les chantres du charisme d’Obama, vont se mettre à retrouver maintes qualités à l’ex-first lady américaine. Des femmes socialistes, par exemple. Féministes, évidemment : c’est aujourd’hui dans le contrat, pour exister comme femme socialiste. Et adeptes du vent, aussi, ce vent qui tourne et nous défrise. Pendant toute la tempête Obama, ne voulant pas être dans le camp des perdantes, elles venaient nous jurer que, pour une fois, le sexe était sans importance. Aujourd’hui, avec cette remontée (ponctuelle ?) de Madame Clinton, elles vont très vite revenir sur l’urgence d’avoir enfin une femme à la Maison blanche.

    Au fond, le grand maître de cette campagne, c’est le vent. Les Etats-Unis, après huit ans de George W. Bush, semblent avoir envie d’ouvrir grand les fenêtres, quitte à casser les vitres, laisser passer un souffle de renouveau. Mais lequel ? Nul, ce matin, n’est capable de dire qui sera conduit, le 4 novembre, à la Maison-Blanche. Nul, même pas le murmure du vent.