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Liberté - Page 1459

  • Crac, boum, hue !

     

    Tribune de Genève - Jeudi 26.11.09

     

    Ils ont fait très fort, hier, à la SSR : ils ont commencé par nous balancer des organigrammes. Des schémas sagittaux, comme en maths modernes, avec « direction », « relations extérieures », « communication d’entreprise », « affaires générales », « finances et logistique », « marketing et promotion ».

    Au fond, la SSR, c’est le CERN. Avec un super appareil. Qui, hélas, ne fait pas « crac, boum, hue ! », ce qui serait au moins drôle, générateur de rêve et de désirs, un peu de chair de poule, quoi, dans ce monde de brutes. Non, là, c’est juste un accélérateur à apparatchiks. Qui les projette, à la vitesse de la lumière, enfin disons celle des ténèbres, dans une grande course circulaire à la poursuite d’eux-mêmes.

    L’Enfer ? Non. Juste une conception du désir en circuit fermé. J’aime l’appareil, tu aimes l’appareil, je n’ai pas mon pareil pour tourner en rond. Je m’aime, je me reproduis, je clone mes clones. Et la vie, grise comme l’atome d’hélium, continue.

    Alors, mon ombre poursuit ton ombre. Elle lui court après, elle la persécute, c’est colin-maillard dans un meublé un peu crasseux où se multiplient les placards. Alors, le chef des placards, le sous-chef des rayons, le prince des crayons, l’imperator des gommes. Pour effacer quoi ? La fureur de vivre ? Ou la folle envie de se pendre ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Anja Wyden : un excellent choix pour Genève

     

    A 30 ans, elle était déjà directrice adjointe de l’action sociale, à Genève. A 34, directrice du même service, sous François Longchamp. Et, on vient de l’apprendre, elle sera la vingtième chancelière de la République et Canton de Genève, la succession de Robert Hensler, le Jason de la politique genevoise, chevelu comme mille comètes.

    A coup sûr, ce choix du nouveau Conseil d’Etat est le bon. Valaisanne, ayant grand à Brigue, attirée très tôt par le social, formée à Sion, à Tübingen et à l’Université de Genève, en sciences politiques, Anja Wyden, 36 ans seulement aujourd'hui,  est passée par le SECO (Secrétariat d’Etat à l’économie), mais aussi par le privé. Grande travailleuse, avec vision d’ensemble, elle incarne le service de l’Etat, dans le sens le plus fort de ce terme : non celui de grands airs qu’on prendrait, mais simplement celui de la compétence. L’atout majeur du service public ne devrait-il pas, dans l’idéal, au-delà des grands discours, être celui-là ?

    Pour assumer un rôle transversal, organique mais aussi psychologique, entre les sept membres du collège, il fallait une personnalité à la fois pointue et ductile, excellente sur le fond. C’était le cas avec Robert Hensler. Cela le sera, aussi, avec Anja Wyden.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Maison commune

     

    Tribune de Genève - Lundi 23.11.09

     

    Dans l’affaire des minarets, les Eglises de Suisse ont eu mille fois raison d’intervenir, et d’appeler au rejet d’une initiative qui sape la paix confessionnelle dans notre pays. Car la question n’est pas christianisme contre Islam, ni judaïsme contre Islam, ni christianisme contre judaïsme. La question, la seule qui vaille, est la qualité du vivre ensemble entre tous, sous un même toit.

    Ce toit commun a un nom : il s’appelle la République. La chose de tous, celle qui intègre croyants et athées, hommes et femmes, nomades et sédentaires dans une même aventure collective. Catholique, je dis et répète depuis des années que la seule voie possible est celle de la laïcité. Le grand Léon XIII, en appelant les catholiques de France au Ralliement républicain, ne disait, au fond, pas autre chose, même si les lois Combes et Waldeck-Rousseau n’étaient pas encore votées.

    Dans leurs déclarations, les Eglises de Suisse ont montré que la nécessité de dialogue transversal, entre elles, mais aussi avec les athées, primait sur la notion débile de « guerre des civilisations » lancée par George W. Bush. Bien sûr, l’Islam de Suisse doit s’astreindre à des règles. Comme les catholiques, juifs ou protestants. Comme n’importe qui. En République, il y a certes des sensibilités. Elles sont les bienvenues. Mais, devant la loi, il n’y a que des citoyens.

     

    Pascal Décaillet