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Liberté - Page 1457

  • Bobos verts

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 08.03.10

     

    Les spots dans les cinémas, toujours recommencés, les pubs sur les trams, matraquantes, auront produit leur effet : la loi sur l’énergie est passée. Les quartiers populaires ont voté non, les nantis ont dit oui, les milieux immobiliers ont mis quelques sous, nous ne saurons toujours pas ce qu’est un joule, mais nous voilà partis vers le grand bonheur vert. Auquel s’ajoute, plus prosaïque, celui de centaines d’entreprises en isolation basées à Genève. Ah, les braves gens !


    Hypothèse : et si tout cela n’était qu’un vaste lavage de cerveau. Le cadeau d’adieu des douze ans de magistère idéologique de Robert Cramer. Le progrès écologique pistolet sur la tempe, parce que si tu dis non, coco, alors tu devras t’arranger avec la noirceur de ta conscience parce que tu conduis la planète à sa perte. Et la planète, c’est Genève, parce que Genève, c’est un monde en soi.


    On a beaucoup parlé des bobos roses. Et si on parlait un peu des bobos verts. Dans la main gauche, le chasselas, dans la droite l’épée de l’Archange, un soir d’Apocalypse. Et vive la nature, les poissons, les oiseaux, et si t’est pas d’accord, c’est la faute à Rousseau. Et s’ils veulent te faire taire, dans l’absolu unique de leur pensée, le Rayon vert de leurs fantasmes, c’est la faute à Voltaire. Et si ma mère n’y comprend rien, c’est la faute à Cramer.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Doux empire

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 04.03.10

     

    Ces jours, à Genève, à l’arrière des trams, des bus, en prélude à tous les films, dans les salles de cinéma, la pub des partisans de la loi sur l’énergie. Elle est agréable, rafraîchissante, bien faite : elle préfigure un monde plus doux, plus vert, moins réchauffé, moins imprégné par Marx, Jaurès, le sang des hommes, le tragique de l’Histoire.

    Il serait intéressant de savoir un jour combien les milieux financiers, patronaux, ceux qui représentent les entreprises du bâtiment, ont investi dans cette machine de propagande. Car c’en est une. Omniprésente. Avec, en sus, le soutien d’une coalition de partis politiques où on retrouve les Verts avec la droite. Le cartel des bien pensants, ceux qui tiennent Genève et ont la ferme intention d’y faire, entre eux, de bonnes affaires.

    Rarement disproportion entre les moyens de campagne des uns et des autres n’aura été aussi flagrante. Les Genevois jugeront, dimanche, s’il est aussi impérieux que cela de se mettre à isoler des centaines d’immeubles. Puissent-ils prendre leur décision en conscience, et non sous le doux empire du Nirvana Vert, ce mythe d’une humanité qui sortirait de l’Histoire pour entrer dans un monde meilleur, enfin propre.

    Propagande ? Oui. Alliance de circonstance entre les forces de l’argent et l’onirisme verdâtre. Isolons-nous, citoyens : non du froid, mais des obligations de pensée. Ca revigore.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Loques à terre

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 01.03.10

     

    A l’heure où le parti de leurs aînés s’englue dans un travail d’introspection qui n’en finit pas, les Jeunes Socialistes, à Genève, brillent par leur fraîcheur, leur inventivité, leur envie de faire de la politique de façon joyeuse et percutante, en touchant les gens, sans leur faire la morale.

    Ils sont une petite équipe, parmi lesquels Romain de Sainte Marie, grand garçon souriant à la voix douce. Ils descendent dans la rue, montent des coups, parlent aux gens. Bref, ils en veulent. Avec eux, la vie est en couleur, là où chez leurs aînés, elle apparaît plutôt comme un documentaire noir-blanc sur la neurasthénie dans les mines de Silésie, années cinquante.

    Regardez la campagne sur la loi sur l’énergie, avec ce scandaleux clip des « pour » (financé par qui ?), qu’on nous assène dans toutes les salles de cinéma. Les Jeunes socialistes, eux, tournent une vidéo à zéro franc, remplacent « locataires » par « loques à terre », c’est drôle, c’est vivifiant, et le tour est joué.

    A certains caciques du parti de leurs aînés, ils devraient donner des cours de communication : bien parler, ça n’est pas faire bailler l’auditeur. L’image, ça n’a rien de scélérat. Faire de la politique sans donner l’impression qu’on a envie de se pendre, ça n’est pas interdit. Aimer la vie, l’image, ça ne relève pas, jusqu’à nouvel ordre, du Code pénal. Vous ne trouvez pas, Monsieur Longet ?

     

    Pascal Décaillet