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Liberté - Page 1456

  • Le droit au logement n’existe pas

     

     

    Sur le vif - Mercredi 27.05.10 - 10.29h

     

    Hier, la Constituante genevoise a franchi un cap. De sympathique amicale de causeurs et de ratiocineurs, elle est devenue ce qu’elle doit être : le point de rencontre d’antagonismes dialectiques, le lieu où s’affrontent les rapports de forces. C’est un peu plus dur, un peu moins sympa, moins convivial. Mais cela existe : cela s’appelle la politique. Se tutoyer à la buvette, ça va un moment, mais ça n’est pas pour cela prioritairement que le peuple envoie les gens représenter ses idées.

     

    Hier, la gauche a fait ce qu’il ne faut jamais faire : elle a quitté la salle. Elle a pleurniché. Elle a larmoyé. Ce matin, elle dénonce la méchante majorité droite-MCG qui a fait passer le très méchant amendement de l’ignoble Patrick-Etienne Dimier, supprimant d’un coup 14 propositions de commission. Ah, les mauvaises gens, qui ont eu l’outrecuidance de se mettre ensemble pour constituer une majorité !

     

    Eh oui, la droite et le MCG, cela constitue une majorité. C’est valable à la Constituante comme dans d’autres assemblées, d’ailleurs. Autant le Grand Conseil genevois, version 2009-2013, que (dans une moindre mesure) la Constituante sont dominés par des majorités de droite, qui ne proviennent nullement du droit divin, mais du seul souverain qui vaille, le peuple. Qu’hier, cette majorité-là se soit regroupée pour éliminer un excessif fatras de « droits » allant dans tous les sens, est peut-être de nature à faire pleurer la gauche, mais ne constitue strictement rien de scélérat ni de putschiste.

     

    Ce que la gauche de cette assemblée paie, c’est sa profusion à vouloir édicter des « droits » tous azimuts : droit au logement (lobby de l’Asloca), droit à une allocation, droit à un salaire, droit à un territoire aménagé, il y en a même qui parlent du droit à la santé ! Une vision du monde d’enfants gâtés, assistés, attendant tout de la maternelle bienveillance d’un Etat Providence, protecteur, un Etat cocon qui leur sourirait en leur rappelant leurs « droits ». Et des générations d’enfants grandiraient dans la suprême béatitude de cette communauté humaine où ils pourraient se prévaloir de tous les droits du monde. Et où l'on ne parlerait jamais des devoirs, de l’extrême difficulté de la vie, du combat pour s’imposer, toutes choses considérées comme archaïques, ancestrales, des reliquats de ces temps noirs où existait la violence.

     

    Hier, la droite de la Constituante s’est souvenue qu’elle existait. Dans un coup bien préparé, mais parfaitement légal, elle a sifflé la fin d’une récréation consensuelle, où l’on s’écoute parler davantage qu’on ne construit des projets solides. C’est impopulaire, mais il faut le dire : il n’y a pas plus de « droit au logement », sur cette terre, que de droit à quoi que ce soit. Il y a les droits de l’homme, oui, qui sont une grande chose, mais dont tout le monde sait qu’ils ne sont jamais acquis. Pendant que vous lisez ces lignes, sur toute la terre, on les bafoue, on torture, on tue. Ces droits-là, oui, méritent toute la force de nos combats. Mais le « droit au logement », pur produit de l’idéologie Asloca qui entend maintenir (par la reconquête) son espèce de droit permanent à siéger au Conseil d’Etat, non. C’est un intérêt sectoriel parmi d’autres. Mais ça n’a rien à voir avec la Charte fondamentale d’une République.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

  • Isabel Rochat : communication zéro

     

     

    Sur le vif - Mardi 25.05.10 - 17.33h

     

    Très étrange, la gestion de la communication, à Genève, dans le Département d’Isabel Rochat.

     

    Ce matin, 08.56h, un communiqué de ce Département, cosigné par Madame Rochat, annonce un projet de loi visant à construire cent place de détention supplémentaires à la prison de Champ-Dollon, réputée pour sa surpopulation. Le climat politique, autour de cette affaire, est très tendu. La parole ministérielle, sur ce projet de loi, l’était aussi.

     

    Las, Madame Rochat n’est disponible ni ce soir, ni demain matin pour commenter ce projet de loi. Ce soir, ni Georges Lapraz, qui dirige l’Office pénitentiaire, ni Constantin Franziskakis, le directeur de la prison, ne le sont non plus. Ni Mark Müller, conseiller d’Etat chargé des constructions et cosignataire du communiqué !

     

    Plus surréaliste encore : le jour même où est annoncé ce projet de loi, on apprend dans un autre communiqué, à 16.59h, que des incidents se produisent depuis hier dans l’enceinte de la prison. 64 détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules, la prison comptant le nombre record de 611 personnes incarcérées.

     

    Pour commenter cette nouvelle, qui n’est pas moindre, ni Monsieur Lapraz, ni Monsieur Franziskakis ne sont disponibles ce soir !

     

    Tout ce beau monde doit assister, en ce moment même, de 17h à 19h, à la séance de la commission parlementaire chargée d’étudier, précisément, l’extension de la prison. Sollicités, chacun de ces Messieurs renvoie la balle à l’autre.

     

    Bref, un beau cafouillage. Loin de nous l’idée de sous-estimer l’importance d’une commission parlementaire. Mais l’opinion publique, son droit à l’information, alors même que l'État multiplie lui-même les communiqués (en donnant précisément les références téléphoniques de toutes les personnes pré-citées), ça existe aussi.

     

    Conclusion : Madame Isabel Rochat n’a strictement aucune idée en matière d’organisation de la communication.

     

    C’est dommage.

     

    Pascal Décaillet

     

    PS - A moins (mais cette hypothèse serait de nature diabolique) que la nouvelle no 1 (communiqué 08.56h sur extension prison) ne soit destinée à faire écran de fumée sur la nouvelle no 2 (incidents depuis hier à Champ-Dollon). Auquel cas Madame Rochat serait, au contraire de tout ce que j'avance misérablement plus haut, un génie de la communication digne des noces de Machiavel et de Madonna.

     

  • Sale type

     

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 20.05.10

     

    Roger de Weck, futur directeur de la SSR, est-il Dieu ? Comme lui, fume-t-il le havane ? C’est l’impression qui se dégage de la lecture de la presse, romande surtout, toute en pâmoison devant  l’homme parfait. Et Européen en plus, le bougre. Dégagé de cette suintante notion de frontière, cet archaïsme qui nous serre dans ses griffes comme une petite mère.

     

    Imagine, ami lecteur, que la SSR ait porté à sa tête l’ignoble Filippo Leutenegger. Radical de droite. Proche de l’UDC. Autant dire Satan. Un sale type, celui-là, regard noir, idées d’ébène, menton sûr de soi et dominateur. Un dresseur de fauves. L’homme au fouet. Le Mal.

     

    Alors que de Weck, c’est le bien. Parce que de Weck, c’est le centre-gauche. La social-démocratie du Nord, dans toute la blancheur de sa Raison. De Weck, c’est la Lumière. Au-delà de la vulgarité des nations, ces putains de nations qui sentent l’ail et se font la guerre depuis la nuit des temps.

     

    Alors que l’autre, le Filippo ! Il a créé la plus fabuleuse émission politique de l’histoire de DRS ? – Fadaises ! Politique-spectacle ! Populisme ! Valet de Blocher ! Iago ! Sale type ! L’heureux élu, en audiovisuel, n’a rien créé du tout. Mais on s’en fout : il incarne le bien. Le parfum de Vestales du service public. Quand on y entre pieds nus, tête nue, en silence. Surtout ne rien déranger. Juste passer.

     

    Pascal Décaillet