Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 20.05.10
Roger de Weck, futur directeur de la SSR, est-il Dieu ? Comme lui, fume-t-il le havane ? C’est l’impression qui se dégage de la lecture de la presse, romande surtout, toute en pâmoison devant l’homme parfait. Et Européen en plus, le bougre. Dégagé de cette suintante notion de frontière, cet archaïsme qui nous serre dans ses griffes comme une petite mère.
Imagine, ami lecteur, que la SSR ait porté à sa tête l’ignoble Filippo Leutenegger. Radical de droite. Proche de l’UDC. Autant dire Satan. Un sale type, celui-là, regard noir, idées d’ébène, menton sûr de soi et dominateur. Un dresseur de fauves. L’homme au fouet. Le Mal.
Alors que de Weck, c’est le bien. Parce que de Weck, c’est le centre-gauche. La social-démocratie du Nord, dans toute la blancheur de sa Raison. De Weck, c’est la Lumière. Au-delà de la vulgarité des nations, ces putains de nations qui sentent l’ail et se font la guerre depuis la nuit des temps.
Alors que l’autre, le Filippo ! Il a créé la plus fabuleuse émission politique de l’histoire de DRS ? – Fadaises ! Politique-spectacle ! Populisme ! Valet de Blocher ! Iago ! Sale type ! L’heureux élu, en audiovisuel, n’a rien créé du tout. Mais on s’en fout : il incarne le bien. Le parfum de Vestales du service public. Quand on y entre pieds nus, tête nue, en silence. Surtout ne rien déranger. Juste passer.
Pascal Décaillet