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Le droit au logement n’existe pas

 

 

Sur le vif - Mercredi 27.05.10 - 10.29h

 

Hier, la Constituante genevoise a franchi un cap. De sympathique amicale de causeurs et de ratiocineurs, elle est devenue ce qu’elle doit être : le point de rencontre d’antagonismes dialectiques, le lieu où s’affrontent les rapports de forces. C’est un peu plus dur, un peu moins sympa, moins convivial. Mais cela existe : cela s’appelle la politique. Se tutoyer à la buvette, ça va un moment, mais ça n’est pas pour cela prioritairement que le peuple envoie les gens représenter ses idées.

 

Hier, la gauche a fait ce qu’il ne faut jamais faire : elle a quitté la salle. Elle a pleurniché. Elle a larmoyé. Ce matin, elle dénonce la méchante majorité droite-MCG qui a fait passer le très méchant amendement de l’ignoble Patrick-Etienne Dimier, supprimant d’un coup 14 propositions de commission. Ah, les mauvaises gens, qui ont eu l’outrecuidance de se mettre ensemble pour constituer une majorité !

 

Eh oui, la droite et le MCG, cela constitue une majorité. C’est valable à la Constituante comme dans d’autres assemblées, d’ailleurs. Autant le Grand Conseil genevois, version 2009-2013, que (dans une moindre mesure) la Constituante sont dominés par des majorités de droite, qui ne proviennent nullement du droit divin, mais du seul souverain qui vaille, le peuple. Qu’hier, cette majorité-là se soit regroupée pour éliminer un excessif fatras de « droits » allant dans tous les sens, est peut-être de nature à faire pleurer la gauche, mais ne constitue strictement rien de scélérat ni de putschiste.

 

Ce que la gauche de cette assemblée paie, c’est sa profusion à vouloir édicter des « droits » tous azimuts : droit au logement (lobby de l’Asloca), droit à une allocation, droit à un salaire, droit à un territoire aménagé, il y en a même qui parlent du droit à la santé ! Une vision du monde d’enfants gâtés, assistés, attendant tout de la maternelle bienveillance d’un Etat Providence, protecteur, un Etat cocon qui leur sourirait en leur rappelant leurs « droits ». Et des générations d’enfants grandiraient dans la suprême béatitude de cette communauté humaine où ils pourraient se prévaloir de tous les droits du monde. Et où l'on ne parlerait jamais des devoirs, de l’extrême difficulté de la vie, du combat pour s’imposer, toutes choses considérées comme archaïques, ancestrales, des reliquats de ces temps noirs où existait la violence.

 

Hier, la droite de la Constituante s’est souvenue qu’elle existait. Dans un coup bien préparé, mais parfaitement légal, elle a sifflé la fin d’une récréation consensuelle, où l’on s’écoute parler davantage qu’on ne construit des projets solides. C’est impopulaire, mais il faut le dire : il n’y a pas plus de « droit au logement », sur cette terre, que de droit à quoi que ce soit. Il y a les droits de l’homme, oui, qui sont une grande chose, mais dont tout le monde sait qu’ils ne sont jamais acquis. Pendant que vous lisez ces lignes, sur toute la terre, on les bafoue, on torture, on tue. Ces droits-là, oui, méritent toute la force de nos combats. Mais le « droit au logement », pur produit de l’idéologie Asloca qui entend maintenir (par la reconquête) son espèce de droit permanent à siéger au Conseil d’Etat, non. C’est un intérêt sectoriel parmi d’autres. Mais ça n’a rien à voir avec la Charte fondamentale d’une République.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

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