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Liberté - Page 1065

  • Mérite carougeois : bravo Robert !

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    Commentaire publié dans GHI - 15.01.14

     

    La Ville Sarde aura attendu le jour de ses 87 ans pour lui attribuer enfin le Mérite carougeois ! En le récompensant, c’est l’une de nos plus grandes figures genevoises des quarante dernières années qu’elle désigne. Robert Ducret, né en 1927, radical pur-sang, populaire, cassoulet, au contact immédiat, terriblement sympathique, est un homme politique comme on n’en fait plus. Il croit au travail, il croit au contact, il croit à la vie.

     

    Il a gravi tous les échelons de notre vie politique, conseiller municipal à Carouge dès 1955, député en 1965, président des radicaux, conseiller d’Etat de 1977 à 1989, conseiller aux Etats pendant huit ans, et même, en 1983… candidat au Conseil fédéral ! Et ce jour-là de décembre, comment l’oublierais-je, le jour de la non-élection de la socialiste zurichoise Lilian Uchtenhagen, c’est un homme qui lui ressemblait tant, à Robert, qui accédera à la plus haute marche : un certain Jean-Pascal Delamuraz.

     

    Ducret, Delamuraz. C’était le temps où les radicaux donnaient encore envie de bouffer la politique à pleines dents. Le temps des courageux, proches du peuple, visionnaires, rieurs, fous de vie et de partage de l’instant. Le temps aussi, avec des hommes comme Segond, du projet ample et construit, qui savait regarder loin. Le temps où cet immense parti, celui de Fazy ou de Druey, nous donnait encore des hommes d’Etat.

     

    Pascal Décaillet

     

  • 9 février : il suffit de voter oui

     

    Sur le vif - Jeudi 16.01.14 - 17.40h

     

    Un sondage Gfs-SSR dont la légendaire crédibilité ne nous arrachera, tout au mieux, qu’un sardonique éclat de rire. Un matraquage hallucinant des milieux patronaux, que bizarrement dans notre pays on appelle « les milieux de l’économie », comme si un ouvrier, une caissière, un paysan de montagne, un petit indépendant ne participaient pas pleinement, eux aussi, à notre économie nationale. Des dizaines de millions jetés dans la campagne du non. Un président de la Confédération ayant annoncé dès le 1er janvier qu’il serait le commis-voyageur en chef des opposants, menant la charge tambour battant, Matinales par ci, Infrarouge par-là, et ayant de surcroît le culot de déclarer qu’il ne faisait pas campagne. On pensait que tout cela suffirait à définir la machine de guerre du non à l’initiative « contre l’immigration de masse », sur laquelle nous votons le 9 février.

     

    Eh bien non. Cela ne suffisait pas. Il aura encore fallu qu’hier, un Conseil fédéral bien nerveux vînt nous fourguer in extremis, à trois semaines du verdict du peuple et des cantons, des mesures d’accompagnement qu’il aurait dû nous annoncer depuis des années, si la dérive néo-libérale et la sanctification de la libre circulation absolue, conçue comme un dogme, ne l’avaient à ce point, et depuis si longtemps, aveuglé.

     

    Depuis le départ de Jean-Pascal Delamuraz (1998), le dernier grand radical, le dernier de cette famille qui fût de tempérament à se soucier en priorité de l’intérêt supérieur de l’Etat, des petites gens, de notre cohésion sociale et nationale, oui le dernier radical qui ne fût point en génuflexion devant les forces de l’Argent, le Conseil fédéral donne l’impression de n’agir qu’au service d’une économie mondialisée, où la spéculation de quelques-uns, hélas, l’emporte sur l’intérêt de tous.

     

    On nous dit que la libre circulation, depuis dix ans, est un facteur de croissance. Admettons-le. Mais qui, en priorité, dans ce pays, en a profité ? Ces 80'000 nouveaux migrants par an, qui ont-ils, avant tout, enrichi ? Voter oui le 9 février, ça n’est en aucun cas fermer la porte à l’immigration. Encore moins, déconsidérer l’étranger dans une démarche de nature xénophobe. C’est juste instaurer, au service de tous, un minimum de régulation pour éviter, un jour, l’explosion par le surplus. J’ignore absolument quel résultat obtiendra l’initiative le 9 février. J’ignore si elle passera. Mais une chose est sûre : quel que soit le résultat, la Suisse devra empoigner, dans les années qui viennent, la question migratoire. Si ce n’est par des contingents (la solution de l’UDC), cela pourrait être par une typologie plus sévère des choix d’accueil, en fonction des besoins sur le marché du travail.

     

    « Il ne suffit pas de voter non », titrait récemment un éditorialiste à Genève. Je suis bien d’accord avec lui : on pourrait parfaitement, par  exemple, pousser le souci de l’intérêt supérieur de notre population résidente jusqu’à voter oui.

     

    Pascal Décaillet

  • Didier Burkhalter : les mots de trop

     
    Sur le vif - Mardi 14.01.14 - 09.27h

     

    « Le Conseil fédéral ne fait pas campagne, nous expliquons les enjeux ». Invité ce matin de la RSR, le président de la Confédération, répondant à une question parfaitement légitime de mon confrère Simon Matthey-Doret, a osé. Il a eu le culot, à 07.40h, de nous faire le coup de la campagne neutre et explicative, vieille légende éculée depuis des décennies, depuis le Delamuraz du 6 décembre 1992, depuis l’Ogi de la campagne pour les tunnels alpins (1992 aussi). Il a eu le culot de nous dire cela, un matin de grande écoute de janvier 2014, et nous, citoyens, devrions demeurer sans réagir !

     

    Soyons clairs. Le président de la Confédération n’est pas un eunuque. Il a parfaitement le droit, comme ses six collègues, d’entrer dans l’arène lors d’une campagne de votation. Delamuraz l’a fait, il a tout donné, jusqu’à une partie de sa santé, il a sillonné la Suisse d’un bout à l’autre pour convaincre ses compatriotes de dire oui à l’Espace économique européen. Ne parlons pas d’Ogi, la même année, qui s’est transformé en infatigable commis-voyageur du Gothard et du Lötschberg, et il a gagné. Je ne vois, pour ma part, aucun inconvénient à ce que le Conseil fédéral, face à une initiative qui finalement remet en cause sa politique, fasse campagne pour défendre son point de vue.

     

    Et vous faites campagne, M. Burkhalter. Plus que tout autre. Dès le le premier jour de l’année, dans vos vœux, vous avez annoncé la couleur. A l’émission Infrarouge, qui vous a servi la soupe pendant plus d’une heure, vous avez mené bataille. Ce matin encore, à la RSR, vous étiez le porte-flambeau du non à l’initiative contre l’immigration de masse. Je ne vous en veux pas de vous battre pour une cause à laquelle vous croyez, c’est pour moi l’une des fonctions les plus nobles de l’être humain. Mais je vous en veux infiniment de le nier, de vous draper dans cette pseudo neutralité explicative. Même les prêtres en chaire de la ma jeunesse, au moment de l’exégèse du texte biblique, ne nous cachaient pas que l’explication allait dans le sens d’une propagation de la foi. Ils le savaient, nous le savions, il n’y avait nulle duperie.

     

    Vous êtes, M. Burkhalter, le chef du camp du non. Le chef d’un camp qui a pour lui le grand patronat, avec ses moyens titanesques, l’immense majorité de la classe politique suisse, le quasi-totalité des médias, à part la Weltwoche, votre serviteur et quelques autres. Vous avez décidé, au napalm, de gagner cette votation. C’est votre droit. N’ayant jamais reproché à Jean-Pascal Delamuraz, dont j’ai suivi la campagne de 1992 au jour le jour, d’entrer dans l’arène, je ne vous adresserai nul grief pour cela. Mais de grâce, Monsieur le Président, ne prenez pas les auditeurs de la RSR pour des idiots. Vous faites campagne, vous êtes un combattant, un belligérant dans cette affaire. Soyez gentils, ne nous faites plus jamais, d’ici au 9 février, le coup de la gentille explication objective et asexuée. Nous avons, vous et moi, fait pas mal d'armée. Nous savons que les couleurs doivent être affichées. Nul combattant ne se camoufle, en armes, dans l'ambulance à croix rouge.

     

    Pascal Décaillet