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Liberté - Page 1063

  • Les yeux en amendes

     

    Sur le vif - Dimanche 22.09.13 - 09.30h

     

    Nous avions sorti, il y a deux semaines, l'affaire du rapport de l'ICF (Inspection cantonale des Finances) sur le Service des Contraventions. Aujourd'hui, le Matin dimanche nous en dit un peu plus: l'Etat ne reverse pas aux communes l'argent des amendes. A cause d'un problème....... informatique !


    Comme nous l'avions annoncé, Pierre Maudet, ministre de tutelle du Service des Contraventions, sera auditionné demain par la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil, présidée par le bon docteur Buchs.


    Pierre Maudet a-t-il tenté ce bloquer la sortie du rapport ? La question, demain, devra lui être posée par les commissaires. Si ces derniers, en tout cas, plutôt que de se laisser tétaniser par l'exécutif, entendent assumer l'une des responsabilités amirales du Parlement: le contrôle de l'action du gouvernement et de l'administration.

     

    Parce que l'autre hypothèse, c'est la Chambre d'enregistrement. Ou la temporisation lâche et muette. Parce que peut-être, dans deux semaines, il y aurait une échéance. Laquelle, déjà ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Celui qui communique - Et celui qui informe

     

    Vendredi 20.09.13 - 19.03h

     

    Je m’exprime ici, comme hier et avant-hier, sur les conséquences politiques du drame qui secoue Genève, et l’organisation de la communication. L’un des acteurs majeurs étant à la fois ministre chargé de la sécurité et candidat à réélection, premier tour dans deux semaines. Cas d’école, comme je l’ai déjà relevé, qui sera sans doute décortiqué, plus tard, dans les séminaires de communication de crise.

     

    Après une semaine d’incroyables flottements, où le pouvoir exécutif s’est illustré comme voulant sauver les meubles, se protéger lui-même, chercher des responsables dans le seul échelon administratif (et surtout pas politique, donc surtout pas lui-même), tout cela jusqu’à réduire au silence, hier matin 07.35h, le chef de la psychiatrie aux HUG qui devait s’exprimer à la RSR, ce matin, enfin, nous avons une communication absolument impeccable, signée Olivier Jornot, Procureur général, accompagné de François Schmutz, chef de la Police judiciaire. Enfin, nous avons eu des faits, de la clarté, l’indication d’une direction, d’une chronologie et d’un calendrier dans l’enquête. Ces deux Messieurs ne sont pas venus les mains vides. Ils nous ont apporté des informations, c’est bien le moins quand on convoque ce perpétuel exercice de mise en scène du pouvoir qui s’appelle une conférence de presse.

     

    Le contraste avec le bric-à-brac improvisé par le Conseil d’Etat vendredi dernier est saisissant. Il y avait là, en plus de M. Hiler, deux conseillers d’Etat n’ayant au fond rien de précis à nous dire. Seule était perceptible l’émotion, au reste fort légitime, qui les touchait ce jour-là, comme elle nous touchait tous, à Genève. Mais en termes d’informations, strictement rien. Et avoir ouvert les feux avec une haut fonctionnaire tétanisée (elle le sera bien plus encore, juste après, dans Forum), dénuée d’autorité sur le sujet, augmentait cruellement le sentiment de non-dit et d’improvisation. Pire encore : pendant que le pouvoir exécutif s’exprimait, nous parvenait un communiqué totalement laconique du Ministère public, en retrait. Il était difficile, dès ce moment-là, pour l’observateur avisé, de ne pas percevoir les premier éléments d’une rivalité entre le ministre de la Police et le Ministère Public, qu’un article de la Tribune de Genève, hier, a très bien mise en lumière.

     

    Ce matin, après une semaine de silence, une donnée d’informations absolument impeccable de MM Jornot et Schmutz. D’abord, ces Messieurs ont préparé leur apparition, soigneusement. Ils se sont parfaitement partagé les rôles, le Procureur apparaissant comme le patron de l’enquête, le chef de la PJ s’exprimant, avec clarté et précision, sur le détail des opérations de police. Là aussi, terrible contraste avec MM Maudet et Unger, vendredi dernier, personne ne comprenant exactement ce qui relevait de l’un ou de l’autre. On le sait maintenant, du moins « on » organise toute la communication pour charger le Département du sortant, mais vendredi dernier, jour du drame, le public regardant cette prestation de deux ministres sur Léman Bleu était bien incapable de savoir ce qu’était la Pâquerette, qui la gérait, etc.

     

    Et puis, ce matin, M. Jornot n’est pas venu avec la langue de bois, cela n’a d’ailleurs jamais été dans ses habitudes. Il établit clairement la primauté de l’enquête pénale, celle dont il est responsable, sur « l’enquête administrative » diligentée par le Conseil d’Etat, et confiée à Bernard Ziegler. Et il ajoute, M. Jornot, que dans cet exercice où un gouvernement enquête au fond sur lui-même, le Conseil d’Etat aura l’obligation de lui signaler les cas qui pourraient relever de la justice pénale. Par cette précision, loin d’être innocente, le Procureur nous rappelle une nouvelle fois qu’il est le patron.

     

    La donnée d’informations de ce matin nous a, pour la toute première fois depuis l’éclatement du drame, donné ce qui manquait tant jusqu’à maintenant : des faits. Là aussi, contraste avec la politique de communication du pouvoir exécutif, dont il est tellement clair qu’elle est organisée à fins de trouver, dans l’échelon administratif, des fusibles. Pire : la mise en cause de la Commission des visiteurs de prison du Grand Conseil apparaît comme un dérivatif bien léger.

     

    Voilà où nous en sommes ce soir, au-delà des grandes interviews données à la presse de Tamedia, dans lesquelles il est difficile de ne pas décrypter les intentions de se sauver soi-même. En chargeant à gauche et à droite. C’est peut-être de bonne guerre. Mais il appartient  à ceux qui font métier de lire les actes et les paroles du pouvoir, de ne pas en être dupes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pierre Maudet : la loi du silence

     

    Sur le vif - Jeudi 19.09.13 - 09.59h

     

    Je m'exprime ici, comme hier, sur les conséquences politiques du drame qui secoue Genève, l'organisation de la communication, sur l'affaire, par un gouvernement à deux semaines des élections, et dont le ministre chargé de la sécurité se représente. Cas d'école.

     

    Vous allez voir, comme par hasard, dans les jours qui viennent, un incroyable fardeau de charges s'accumuler contre la Pâquerette, dont la direction va bien sûr sauter. Espoir du pouvoir politique concerné et soumis à réélection: établir, en s'appuyant dès le 9 octobre (trois jours après le 6) sur l'expertise d'un ancien confrère, que le degré de responsabilité était administratif, non politique, et qu'on en tire les conséquences en coupant une ou deux têtes.

     

    On se montre comme celui qui nettoie les Écuries d'Augias, en se dédouanant soi-même de toute responsabilité. Procédé classique, déjà utilisé dans l'affaire de l'informatique de l'Etat, en train de l'être dans celle du rapport de l'ICF sur le Service des Contraventions, promise à le demeurer dans la gestion politique des Services industriels. Est-il besoin de rappeler que Pierre Maudet est, avant toute chose, un formidable communicateur ?

     

    Dans l'affaire du drame qui secoue Genève depuis vendredi, après un premier moment de flottement, le ministre s'est ressaisi et organise avec un rare savoir-faire l'information, ou plutôt la gestion du silence, autour de la crise. Il contrôle tout, bétonne tout, impose le mutisme absolu à l'ensemble des collaborateurs de son Département. Toute parole autorisée ne doit émaner que de lui, ou de personnes agréées par lui.

     

    Ce qui s'est passé ce matin à la RSR le révèle avec éclat. Mon confrère Simon Matthey-Doret avait invité pour sa tranche 07.30h - 08.00h le directeur de la psychiatrie aux HUG. 07.35h, une certaine gêne: le journaliste annonce que l'invité s'est fait interdire d'antenne par sa hiérarchie. En lieu et place, les justifications maladroites du nouveau directeur général des HUG, Bertrand Levrat, proche du pouvoir, à qui il doit sa récente nomination.

     

    Dans d'autres secteurs dépendant de Pierre Maudet, de la prison à la police en passant par les chefs de service, la loi du silence est implacable. Républicain, je n'y suis pas nécessairement opposé: je trouve normal que la communication émane du pouvoir politique élu, et que les fonctionnaires demeurent sur la réserve. Mais à ce point d'étouffement de toute parole qui pourrait gêner, à commencer par la très grande expertise du numéro un de la psychiatrie aux HUG, il y a là l'amorce d'un pouvoir personnel. Voilà sans doute ce qui nous attend pour la législature 2013-2018. Tout le pouvoir, toute la parole, à une petite clique, autour de MM Maudet et Longchamp, entourés de quelques affidés puissamment fidèles et loyaux, dans la noirceur des cabinets et le bruissement du silence.

     

    Pascal Décaillet