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Liberté - Page 1063

  • Français, étonnez-nous !

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 21.03.14


     
    J’ai toujours été profondément francophile. L’Histoire de ce pays m’habite. Je vis avec elle, ai lu toutes les biographies possibles et imaginables de ses grands hommes. Oui, j’aime la France, sa politique, ses écrivains, et même de plus en plus, de Rameau à Debussy, ses musiciens. Au moment où ce pays va élire ses dizaines de milliers de maires et de conseillers municipaux, acte majeur de proximité, son état général n’est pas perçu comme bon par ses voisins. Saignée économique, délocalisations, chômage installé depuis des décennies, relation difficile à l’immigration. Amertume. Gueule de bois.


     
    Surtout, le crédit du politique s’est effondré. Quand j’étais enfant, le chef de l’Etat s’appelait Charles de Gaulle, il incarnait la grandeur du pays. On l’aimait ou non, mais la référence était là, puissante, majestueuse. Un demi-siècle plus tard, toutes les politiques de lutte contre le chômage ayant échoué, de gauche comme de droite, nos voisins ont de plus en plus de peine à croire à la politique elle-même. C’est pourtant eux, à bien des égards, depuis 1789, qui nous en ont inventé le modèle, avec ces mots sublimes de nos livres d’Histoire, la Gironde, la Montagne, les Jacobins. Et eux, hélas, aujourd’hui, qui ne semblent plus y croire.
     


    A mes amis français, je dis que la politique est une grande, une immense chose. Qu’on soit de gauche, de droite, il s’agit d’organiser ensemble notre destin commun dans la République. Valeur universelle, à Paris comme en Valais, à Genève comme à Kiev, Tunis ou Athènes. Elire ses maires, ses conseils communaux, c’est justement l’un des actes amiraux de l’appartenance républicaine. Ce pays qui, des Soldats de l’an II à François Mitterrand, en passant par Guizot, Jules Ferry ou Mendès France, nous a tant légué de modèles, j’aspire profondément à ce qu’il retrouve ce souffle puissant de démocratie qui, aujourd’hui, lui fait défaut. Il appartiendra aux Français de le trouver. Dans le génie propre qui est le leur. Chaque pays a sa logique.


     
    Je doute que cette renaissance puisse passer par d’autres chemins que celui d’une parole accrue au suffrage universel. Peut-être une Sixième République. Moi qui ai exactement l’âge de la Cinquième, créée par un homme d’exception, je puis témoigner qu’elle n’a pas démérité. Mais à d’autres générations, d’autres défis. Français, étonnez-nous !


     
    Pascal Décaillet

     

  • Secret médical: la décision inacceptable du Conseil d'Etat

     

    Sur le vif - Jeudi 20.03.14 - 11.35h

     

    Ayant immédiatement organisé, hier soir, un débat Poggia-Buchs sur la levée (exigée par le Conseil d'Etat) du secret médical en prison, je n'ai pas encore eu le temps de rédiger un billet sur la question. J'espère trouver un moment dans la journée. Mais une chose est claire: cette décision du Conseil d'Etat est totalement inacceptable. Un patient détenu demeure, face à son médecin, un patient. Son droit au secret médical est inaltérable.



    Je sais que la majorité de l'opinion publique, dans le tout sécuritaire que veut nous imprimer le coupe Maudet-Jornot, ira largement dans le sens du gouvernement. Eh bien moi, pas. Les détenus ont des droits. Les patients ont des droits. Les détenus-patients ont des droits. Il n'y pas à les abolir d'une chiquenaude pour plaire à la pensée ambiante.



    Plus s'égrènent les heures, plus je me dis que la candidature de Pierre Bayenet, comme modèle alternatif à ce tout sécuritaire, a du sens et de la pertinence. J'ai dit et je répète que je voterai Jornot, tant l'homme est compétent et nécessaire à notre République. Mais il est sain que s'exprime avec vigueur une opposition sémantique et philosophique à sa politique judiciaire.



    Au fait, les deux hommes s'opposeront pendant une heure, en direct dans le GRAND GAC du dimanche 30 mars 2014, de 18h à 19h.



    Ah ben tiens, il est presque ficelé, du coup, mon billet.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Crimée : les clefs par l'ascèse de l'Histoire

     

    Sur le vif - Jeudi 20.03.14 - 09.31h

     

    "Pourquoi la Crimée ? Et pourquoi maintenant ?" - Le Temps, page 12.



    Enfin, l'éclairage d'une situation par les profondeurs politiques, économiques, culturelles, de l'Histoire. Enfin, quelques clefs. Qui ne condamnent personne. Mais expliquent.



    Dès 1991, pendant toutes les guerres balkaniques, je n'ai cessé les premières années, avant de me rendre sur place en reportage, de lire, lire, et lire encore les différentes visions du monde des antagonistes. Nous étions quelques-uns à proclamer que la diabolisation systématique des Serbes faisait le jeu d'autres puissances, en fonction d'antécédents puissants. Pour les identifier, il faut connaître. Se renseigner. Cela passe par une ascèse de l'Histoire.



    Aujourd'hui, dans l'affaire ukrainienne, la  vraie ligne de fracture n'est pas entre partisans des pro-Européens et des pro-Russes. Bien sûr qu'il faut trouver pour tous la solution de la meilleure coexistence possible. Non, la vraie démarcation se situe entre ceux qui acceptent de se plonger dans l'Histoire, le choc des cultures, la confrontation des visions, sans immédiatement les juger à l'emporte pièce. Et, d'autre part, ceux qui, au nom de grilles de lecture uniquement morales (et encore, leur morale à eux, autoproclamée), se contentent de coller des étiquettes, "Poutine dictateur", "Russie impérialiste", etc.



    Je ne veux pas revivre ce dialogue de sourds des guerres balkaniques. Ces intellos parisiens débarquant à Sarajevo en chemise blanche. Cette détestation organisée de tout ce qui avait le mauvais goût d'être Serbe. Cette ignorance crasse de l'Histoire, notamment des événements majeurs entre 1941 et 1945, Ce primat de la seule morale. A  ces facilités intellectuelles, résistons. Faisons pièce dès le début, ce qui ne fut pas le cas au début des années 1990. Écoutons toutes les parties. Ne diabolisions personne. Lisons, lisons et lisons encore. Ne rejouons pas la sinistre comédie des années 1990.

     

     

    Pascal Décaillet