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Liberté - Page 1059

  • Un monde en soie

     

    Coup de Griffe - Lausanne Cités - Mercredi 09.04.14
     
     
    Les Japonais photographient tout et n’importe quoi. Ils passent plus de temps à fixer un objectif qu’à humer l’air du monde. Mais au moins, ils braquent leur appareil vers l’extérieur. Un monument. Une gare. Un caillou. Voire rien.
     
     
    À l’inverse, les selfies. Fatigués de porter la misère du monde, d’aucuns n’ont plus d’autre urgence que de se photographier eux-mêmes. Il faut avoir le bras long, le poignet souple, l’âme délicieusement suicidaire : il s’agit, au propre, de retourner l’arme contre soi. Il paraît qu’on y survit. Je n’en suis pas si sûr.
     
     
    Le selfie présente des avantages. Plus besoin d’interpeller un passant pour se faire prendre devant la Tour Eiffel. L’image, au final, n’a pas toujours la qualité des autoportraits de Rembrandt, mais qu’importe, on aura pris du temps pour s’occuper de soi.
     
     
    En politique aussi, le selfie fait rage. Certains partis ne s’expriment plus que pour eux-mêmes. À la seule intention de leurs sympathisants. On évite ainsi la trivialité de l’affrontement, tout juste bonne pour les Gueux. On reste entre soi, dans un monde en soie.
     
     
    Rien n’existe plus que les délices virevoltantes du miroir. On s’aime. On se contemple. On se congratule. On danse, sur l’orchestre, dans un palais des glaces. Figé, dans l’éternité béate. En attendant l’iceberg.
     
     


    Pascal Décaillet



     

  • L'insupportable arrogance des décrispés

     
    Sur le vif - Mercredi 09.04.14 - 10.28h
     
     
    Détestable,  ce terme de "crispation identitaire", inventé par les élites déracinées pour stigmatiser comme pathologiques ceux qui ne pensent pas comme eux.
     

    En quoi la défense des intérêts supérieurs d'une communauté, nationale par exemple, relèverait-elle d'une "crispation" ?


    De quel droit celui qui use d'un tel mot vient-il établir la supériorité de jugement du "non crispé", donc détendu, moderne, mondialiste, supranational, anti-frontières, sur le pauvre malade crispé, qui n'aurait rien compris aux délices affranchissantes de la modernité ?


    Oui, je déteste cette terminologie, tout ce qu'elle révèle de snobisme et d'arrogance. De mépris, aussi, pour les nations et les communautés humaines, qui ont mis des siècles à se construire, et d'ailleurs continuent d'évoluer, ont chacune un sens précis, une Histoire, une part commune de mémoire, une émotion partagée. Cela, les internationalistes déconnectés sont incapables de le percevoir. Mais tellement heureux de leur décrispation.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Graecia capta, Alain-Dominique...

     

    Sur le vif - Mardi 08.04.14 - 09.48h

     

    Aimons le PLR quand ses communiqués semblent avoir été écrits par l'âme et le sang de ces Gueux qu'il méprisait tant, jusqu'à une époque récente. Il y a, dans cette captation du style, comme les inavouées délices d'un vers d'Horace, "Graecia capta...", je n'ai pas dit une capitulation, mais une mise au diapason. Une infiltration du rejeté jusque dans le discours du repoussant: "... ferum victorem cepit".



    La grande victoire du MCG, c''est lorsqu'il n'a plus besoin lui-même de mener les combats auxquels il croit. Parce que les autres s'en chargent.



    Pensons à la jouissance du chrétien, le jour où Constantin, faiseur de ponts, empereur, s'en vient à embrasser une religion que ses prédécesseurs s'étaient acharnés à persécuter.



    Quant à l'arrogant président du Conseil d'Etat, il a du souci à se faire. Dans ses rapports avec sa députation. Peut-être même, plus généralement, avec son parti. A trop avoir régné par le mépris, on finira par en payer le prix.

     

     

    Pascal Décaillet