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Liberté - Page 1064

  • Maintenir Bernard Ziegler est une erreur

     

    Mercredi 18.09.13 - 17.04h

     

    Je m’exprime ici sur les suites du drame de vendredi, ses conséquences politiques, la manière dont le gouvernement réagit.

     

    La conférence de presse de vendredi après-midi a été catastrophique. Deux magistrats jetés là, en plus de David Hiler, la parole d’abord donnée à une haut fonctionnaire terrorisée et n’ayant manifestement pas autorité pour parler. Tout cela pour nous annoncer la nomination de l’ancien conseiller d’Etat Bernard Ziegler pour l’enquête interne. Pire : pendant que les conseillers d’Etat tentent d’occuper le terrain de la parole, le Ministère public publie un communiqué, laconique et en retrait par rapport aux événements. On veut bien que les pouvoirs soient séparés, on avait pourtant cru il y a quelques mois à la magie d’un duo, elle s’effondre. N'avait-elle été là, par temps calme, que pour le vernis de la communication ?

     

    Dimanche, sur le site de la Tribune de Genève, le criminologue Martin Killias rappelait la demande de suivi et d’évaluation de la Pâquerette, en 1986. Cette demande avait été refusée. Le Conseil d’Etat de l’époque, élu en novembre 1985 comportait un certain Bernard Ziegler, chef du Département de Justice et Police. Quels que fussent ses liens organiques avec l'institution mise en cause, sa présence à l'époque au gouvernement le récuse naturellement.

     

    Il n’est pas question, ici, de mettre en cause une seule seconde l’intégrité de M. Ziegler, reconnue dans toute la République. Mais confier une enquête administrative à un ancien magistrat exécutif, ayant occupé une fonction au moment de cette demande d’évaluation, n’est pas une bonne décision. Ni sur le fond, ni politiquement.

     

    Pire encore : donner à M. Ziegler le 9 octobre comme délai de remise de son rapport, alors qu’une échéance électorale majeure se profile le 6, c’est donner l’image de la peur, du bétonnage dans l’urgence. Comme s'il fallait se protéger soi-même. De quoi ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Nulle alliance n'est malsaine

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 13.09.13


     
    « Alliance malsaine » : c’est ainsi que se trouve qualifiée la convergence de vues entre UDC et socialistes concernant l’idée d’obliger les banques à se scinder en deux, d’une part la gestion traditionnelle, de l’autre les risques de l’investissement. « Malsaine », à cause de cette vision du camembert politique que nous avons tous en tête, de gauche à droite les socialistes, les Verts, le PDC, le PLR, l’UDC. Vu comme ça, en effet, on se demande par quel saut périlleux les deux extrêmes arriveraient à travailler ensemble.


     
    Cette notion d’alliance malsaine, dans un système comme la France, a toute sa pertinence. Tout, depuis le début de la Cinquième République, le scrutin uninominal à deux tours, majoritaire, est organisé pour le grand choc de deux fronts : jusqu’ici, la gauche et la droite (encore que la montée du Front National nous amène à voir, déjà aujourd’hui, les choses autrement). Et en effet, dans cette logique majorité/opposition, on voit mal le PS et l’UMP s’allier au Palais Bourbon. Mais en Suisse, rien de cela : les quatre partis gouvernementaux historiques (radicaux, PDC, socialistes, UDC) sont arrivés au fil de décennies au Conseil fédéral (radicaux 1848, catholiques conservateurs 1891, socialistes 1943, etc.), chacun a creusé son sillon pour lui-même, et non dans une logique d’alliance. Il n’y a donc pas, véritablement, sous la Coupole, un bloc de droite contre un bloc de gauche.
     


    Et puis, il y a le fond. Dans certains domaines, comme justement le rapport à l’argent spéculé, de puissantes convergences peuvent exister entre les conservateurs de la droite nationale et les socialistes. Car Blocher, avec les milliards de sa fortune personnelle, a passablement faussé l’image de l’UDC, dont l’immense majorité de l’électorat n’est justement constitué ni de nababs, ni de notables. Sans doute l’électeur moyen de l’UDC est-il même, en 2013, moins aisé, et assurément moins caviar, que pas mal de socialistes. Une chose est sûre : dans ces deux familles politiques existe, majoritairement, un rejet commun du principe d’argent facile et de capitalisme de casino. Oui, il existe en Suisse une droite à la fois conservatrice et sociale, populaire et joyeuse, attachée au pays, au patrimoine, à la protection de la nature, aux paysages, aux valeurs de travail et de famille, qui n’a pas grand-chose à voir avec le boursicotage en col blanc. Pourquoi, sur la question précise de la séparation des activités des banques, cette droite ne ferait-elle pas un bout de chemin avec la gauche ?
     


    Je dis « joyeuse ». Je pense à ce magnifique mot allemand de « Gemeinschaft », difficilement traduisible, qui représente notre bonheur de partager un paysage, des coutumes, une culture politique. Rien à voir avec le communautarisme. Ce serait même le contraire : la totalité nationale, vécue dans le partage, au-delà des différences.


     
    Pascal Décaillet
     

  • La Traversée du Dessert

     

    Sur le vif - Jeudi 12.09.13 - 09.29h

     

    C'est fou comme ça tombe bien, pour une Entente genevoise bien apeurée à l'approche des élections, cette miraculeuse étude des milieux patronaux pour une flamboyante traversée du lac, horizon 2030, qui ne coûterait rien aux contribuables.

    Ca tombe à pic, parce que ça permet de faire passer pour ringarde une initiative de l'UDC sur la petite traversée, celle de la Rade. La ridiculiser, mais juste avec du vent, juste une étude pour 2030, qui n'engage à rien, sinon qu'elle arrive à point nommé, en période électorale.

    Bien entendu, les élus de l'Entente n'étaient au courant de rien. Bien entendu, il n'y a aucune espèce de passerelle entre la FER, la CCIG et les partis de l'Entente. C'est d'ailleurs ce que tout le monde a cru percevoir à la Rentrée des Entreprises.
     

    Pascal Décaillet