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Sur le vif - Page 323

  • Les sujets "de société" ? Pas chez moi !

     
    Sur le vif - Mercredi 07.10.20 - 09.57h
     
     
    La décadence d'un journal commence lorsque les sujets dits "de société" (obsession depuis Mai 68) l'emportent sur l'analyse politique, la culture, la perspective historique, la critique du pouvoir : tous les pouvoirs, quels qu'ils soient.
     
    La décadence d'un journal, ou d'un média, c'est préférer nous parler, à n'en plus finir, d'une histoire de t-shirt, dans une école, sous prétexte que cette histoire serait révélatrice d'un "phénomène de société", alors que l'économie, autour de soi, est en train de s'effondrer. On voudrait se placer du côté du pouvoir, brandir "l'affaire du t-shirt" comme un paravent, pour distraire la foule, la détourner les enjeux économiques et sociaux de fond, ceux qui sont structurellement lourds, on ne s'y prendrait pas autrement.
     
    La mode "société", depuis Mai 68, n'est ni neutre, ni le fruit du hasard. Sous prétexte d'ouvrir des horizons nouveaux, transversaux, sous prétexte de réinventer l'humain sur les questions liées au genre, au sexe, elle détourne son regard de l'Histoire en marche. Elle méprise les plus faibles, les plus précaires, en faveur de qui une constante réflexion économique et sociale est fondamentale. Elle méprise l'institutionnel. Elle méprise la démocratie elle-même, avec toutes les voies d'expression du démos : travail législatif, démocratie directe. Elle méprise les vrais contre-pouvoirs culturels, ceux qui prennent des risques. Le risque, par exemple, de se faire laminer par les meutes, sur les réseaux sociaux.
     
    La mode "société" n'a strictement rien entrepris, depuis trente ans, contre les ravages du système ultra-libéral, destructeur d'Etat et de lien social. Au contraire, elle a profité des années de vaches grasses pour nous fourguer des milliers de sujets futiles, sur papier glacé, dans des magazines aux mains de richissimes financiers ne songeant qu'à capter le marché publicitaire. Pendant ces trente ans, les sociétards ont profité du système. Ils n'ont jamais exposé la moindre critique du modèle ultra-libéral.
     
    Je lutte, pour ma part, pour exposer au public des sujets d'intérêt général, soit la politique dans le sens le plus noble, les affaires de la "Polis", la Cité, au sens où entend Aristote dans son traité si fondamental sur ce thème. Je lutte pour un univers où chaque citoyenne, chaque citoyen, prenne position sur les sujets qui concernent le destin commun. Et qu'on s'engueule, ça fait du bien, ça fait partie du jeu, de la catharsis (pour reprendre un autre mot d'Aristote, La Poétique, Livre 6, définition de la tragédie).
     
    Dans ce sens, qui a toujours été le mien, je m'exprime sur la politique. Sur l'Histoire. Sur la culture. Sur la littérature. Sur la musique. Les sujets "de société", notamment ceux liés aux questions de genre, ne m'intéressent pas.
     
    Je ne dis pas qu'ils ne sont pas intéressants. Je dis qu'ils ne m'intéressent pas. Vous les trouverez ailleurs, à profusion. Mais pas chez moi.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Grève : l'indécence !

     
    Sur le vif - Mercredi 07.10.20 - 01.36h
     
     
    L'idée même que la fonction publique pourrait faire grève, alors que le privé traverse une crise sans précédent depuis la guerre, est aussi indécente que surréaliste.
     
    Le privé souffre, et ça n'est qu'un début. Le privé a dû vivre le régime du chômage technique (80% du salaire), qui arrive bientôt à échéance : que va-t-il se passer après ? On tremble à l'entrevoir.
     
    Le privé doit licencier. Des secteurs entiers, hôtellerie, restauration, petit commerce, sont dévastés. Les indépendants risquent tout, ils n'ont strictement aucune garantie, ils paient à 100% eux-mêmes leurs assurances sociales, ils crèvent de trouille de tomber malades.
     
    Le privé finance avec ses impôts les salaires et les retraites des fonctionnaires.
     
    Et la fonction publique qui menace de faire grève ! Nous avons besoin d'un Conseil d'Etat courageux, notamment la ministre en charge du dossier, qui sache répondre à ce syndicat irresponsable comme il convient.
     
    Attention, Mesdames et Messieurs les élus, la colère des classes moyennes monte à Genève ! La colère du privé. La colère des indépendants. La colère de ceux qu'on pompe, comme des sangsues, à coup d'impôts, de taxes. La colère de ceux qui bossent, à qui on prend tout, et qui n'en peuvent plus.
     
    Je l'ai dit, je le répète : le Conseil d'Etat doit se transformer en Comité de Salut public, pour sauver l'économie. Avec les sept qui s'en occupent ! Un cabinet de guerre. Pas des timorés qui, ne pensant qu'à la réélection, ménagent leur image auprès de leurs fonctionnaires.
     
    L'heure du courage a sonné.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Raphaël Leroy : un homme, face au micro

     
    Sur le vif - Mardi 06.10.20 - 11.49h
     
     
    Raphaël Leroy : une voix d'homme, une diction claire, des syllabes pesées pour toucher le plus grand nombre. Des choix éditoriaux consacrés à la politique, à l'espace public, sans se croire obligé de sombrer dans la mode du sociétâââl.
     
    Le courage, comme ce matin, d'inviter la droite suisse à se réinventer. Dans un esprit "humaniste et libéral", dit-il : je partage au moins le premier de ces mots. Mais enfin, en voilà au moins un qui parle de la droite, avec intelligence, recul, sens critique. On sent qu'il a dû lire un ou deux livres d'Histoire.
     
    Dans le phrasé radiophonique de Raphaël Leroy, bien que sa voix soit un peu moins grave que la mienne, dans son souci de convaincre, dans la clarté de ses choix éditoriaux, il me semble retrouver la passion du micro qui était la mienne, dans mes années à Berne comme correspondant parlementaire, il y a trente ans, au début de ma longue carrière radiophonique.
     
    La radio est le plus abouti des médias. Elle privilégie le verbe. Le rythme. Les silences. Elle met la forme - l'oralité - au service du sens. Ces vertus cardinales, Raphaël Leroy les a comprises. Je lui souhaite de longues et belles années d'apprentissage continu face à ce prodigieux révélateur des âmes : le micro.
     
     
     
    Pascal Décaillet