Sur le vif - Lundi 12.10.20 - 07.35h
À Genève, les ukases sanitaires tombent, comme fruits d'automne. Les décisions sont prises en roue libre. Un seul homme, régnant à la fois sur la Police et sur la Santé, mais aussi sur la survie du Commerce, fait la pluie et le beau temps. Il ne supporte pas la moindre critique, alors qu'il est au service du peuple. Au service des citoyennes et citoyens de ce Canton.
Le Grand Conseil, comme ce printemps, est aux fraises. Il n'exerce pas son contrôle politique, laissant l'exécutif à son arbitraire princier. Alors que la situation économique de Genève est dramatique, notre Parlement doit perdre du temps avec des questions sociétâââles, portées par le vent des modes, n'ayant strictement rien à faire dans le cahier des charges d'un législatif. Alors qu'autour de ce cocon, dans la vraie vie, l'économie s'effondre. Des familles sont jetées dans la précarité.
Le pouvoir politique a ses petits collabos. De beaux esprits, riches en salivation, prêts à lui lustrer les pompes, en discréditant toute critique, tout émetteur du moindre doute sur l'opportunité des décisions sanitaires. On met en doute, comme dans les très riches heures de M. Brejnev, la santé mentale de ces gens. On leur colle le mot-valise de "complotistes", équivalent de celui "d'hérétiques" lors de l'Inquisition. On leur dresse des bûchers. On convoque les meutes.
Le Conseil d'Etat genevois est totalement déséquilibré. Un homme accapare tout : la Santé, la Sécurité. D'un geste, d'un mot, il ferme des bistrots, interdit a des acteurs économiques d'exercer simplement leur métier, dissout le monde de la nuit. Sans le moindre contrôle parlementaire, il décrète, régente, régule. Sur la scène du pouvoir, il est seul. Autour de lui, des ombres diaphanes promènent leur impuissance impersonnelle.
La crise est sanitaire, nous dit-on. Sans aucun doute. Mais ce virus aura été le puissant révélateur d'un autre mal : la propension de l'exécutif à s'accaparer tous les pouvoirs. Celle d'un ministre à régner en maître absolu. Celle du Parlement à se dessaisir de sa mission de contrôle.
Celle d'étiqueter comme ennemis du bien commun, ou esprits dérangés, des citoyennes ou citoyens se permettant d'émettre, sur la gestion de la crise, une autre tonalité vocale que les tessitures rugissantes du pouvoir.
Ce que je dis ici dérange ? Eh bien, dérangeons !
Pascal Décaillet