Sur le vif - Page 127
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La politique ! Pas la morale !
Sur le vif - Jeudi 06.04.23 - 09.39hNe nous laissons pas embarquer dans d'insupportables thèmes "de société", qui n'ont rien à faire dans le champ politique. La droite unie, telle que je la prône depuis de longues années, ne vient se mêler ni de questions de mœurs, ni de morale, ni de la vie privée des gens.Non. L'armature d'une nouvelle alliance durable (et non bricolée, elle est donc encore à l'épreuve, rien n'est gagné), ce sont la fiscalité, la taille et l'efficacité de l'Etat, les classes moyennes, le pouvoir d'achat, l'accès aux soins, la dignité des retraites, l'indépendance et la souveraineté du pays, le contrôle des flux migratoires, les qualité de la formation et des métiers.Dans ce catalogue, qui a toujours été le mien, vous ne retrouverez rien qui ressemble aux cogitations d'une Congrégation. Ni à l'élaboration d'un dogme. Juste des structures lourdes. Des lames de fond de notre cohésion sociale. Nous faisons de la politique, pas des études de mœurs. Ni de la morale.Pascal Décaillet -
La vie qui va
Sur le vif - Mercredi 05.04.23 - 15.02h
La Semaine Sainte, puis la Fête de Pâques, nous saisissent de vertige. Elles nous racontent une histoire simple, un jeu de mort et de vie, de nuit et de lumière. La nécessité d’un Passage. Pour aller où ?
Le mystère de Pâques est celui de la vie elle-même, nul besoin de miracles, et surtout pas de surnaturel. Lire les textes. Ou mieux : les écouter, dans l’incomparable traduction de la Bible en allemand, par Martin Luther, acte fondateur de la langue allemande moderne (1522).
Et comment les écouter, mieux qu’en musique ? Les Passions de Bach, Saint Jean (1724), Saint Matthieu (1727). Le texte, et lui seul. Sublimé par ce qu’il y a de plus beau dans la vie : la voix humaine. Bientôt trois siècles que ces versions saisissantes du récit évangélique nous accompagnent. Elles ne vieillissent pas.
Vous le savez pourtant, ces œuvres immortelles ont dormi dans la seconde partie du dix-huitième, et même début dix-neuvième, jusqu’à leur redécouverte par un autre génie de la musique : Felix Mendelssohn. C’est une histoire extraordinaire : les partitions sombrent dans l’oubli, traversent un temps de mort. Et puis, un jour, la vie reprend. Comme dans l’histoire qu’elles racontent. On appelle cela une mise en abyme.
Dans tout cela, pas de miracle, ni de surnaturel. Rien de ce kitch qui tue les grands récits. Non, juste une très vieille histoire, qui avait été celle de Déméter. Ou celle de la mer Rouge. La vie qui l’emporte. La vie qui va, tout simplement.
Pascal Décaillet
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La droite genevoise : "Voglio una donna !"
Sur le vif - Mardi 04.04.23 - 13.56hLa droite genevoise me fait penser à cette famille italienne qui s'en va, un beau dimanche ensoleillé, prendre dans sa carriole un oncle un peu spécial, dans sa maison de repos. C'est dans Amarcord, de Fellini, l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. J'ai bien dû le voir vingt fois.Elle le sort, l'oncle au regard un peu perdu, pour un pique-nique champêtre, quelque part au milieu de rien, dans l'éblouissante beauté du Pays Romagnol. Il n'est pas 100%, mais il est de la famille, on l'aime bien.Tout juste un peu imprévisible, l'oncle. Là, il avise un arbre, se hisse sur la plus haute branche, et se met à hurler à la ronde, dans l'immensité de la plaine : "Voglio una donna !". Il y demeure longtemps perché, jusqu'à l'intervention d'une soeur naine, une religieuse, qui lui intime l'ordre de descendre.Toute famille a son vieil oncle. Tout conte, ses fantômes. Toute alliance, ses branches cassées. Toute géométrie, ses fêlures. Ainsi, la vie. Fragile, et pourtant souriante.Pascal Décaillet