Sur le vif - Lundi 10.10.22 - 16.21h
Il va sans dire que la grève des fonctionnaires, mercredi, jouira d'une incomparable popularité auprès de tous ceux qui triment dans le secteur privé.
Auprès de qui ? Auprès des petits indépendants, entrepreneurs, ceux qui n'ont aucune garantie de travail, ni de revenu. Ceux qui paient eux-mêmes l'intégralité de leurs retraites, AVS et deuxième pilier (s'ils en ont contracté un). Ceux qui paient leur perte de gain, au prix fort. Ceux qui ont la trouille de tomber malades.
Auprès de qui ? Auprès des employés du secteur privé, aussi. Ils ont certes droit, eux, à la part patronale pour les retraites, la perte de gain. Mais garantie d'emploi, néant. Problème avec l'employeur, raus ! Difficultés économiques, raus ! Restructuration, raus !
Auprès de qui ? Auprès des chauffeurs-livreurs, qui ADORENT les cortèges de manifs, un après-midi ouvrable, en plein centre-ville, rien que pour emmerder. Auprès de tous ceux qui se lèvent le matin et rentrent le soir, doivent traverser Genève, leurs familles les attendent, le temps compte.
Mais non ! La fonction publique manifeste. Procession sacrée. Fête-Dieu. Ils ont des conditions incroyables de part patronale pour leur Caisse de pension. Ils ont la sécurité de l'emploi. Ils ont des foules d'avantages que le privé n'a pas. Mais il faut bien manifester. Accomplir le rituel. Honorer les syndicats. On procède, dans la rue, dans ces après-midis de petites rencontres, comme on monte à l'autel.
Pascal Décaillet