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Commentaires GHI - Page 87

  • Vous reprendrez bien un peu de haine ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.02.22

     

    La haine. C’est leur toute dernière invention. Ils ont déjà ressuscité le mot « race », que nul d’entre nous, ou presque, n’utilisait plus depuis des décennies, peut-être depuis la guerre. Ils nous ont sorti des vieilles citernes le mot « genre », dont ils nous aspergent à toutes les sauces. Et voilà qu’ils nous balancent la « haine ». Pas pour nous parler des personnages de Jean Racine, ni de François Mauriac. Ni des guerres intestines à la famille, dans la tragédie grecque. Mais pour installer ce mot dans le vocabulaire politique. Le principe est simple : dès que vous vous permettez de mettre en cause la puissante novlangue « sociétale », sur les questions de genre ou de couleur de la peau, surgie des campus américains ou des ineffables « chercheurs en sciences sociales de l’Université de Lausanne », ils vous accusent publiquement de produire « un discours de haine ».

     

    Au fond, dès que vous n’êtes pas d’accord avec eux, et que vous avancez une contre-argumentation à leurs propos, principe élémentaire de la liberté d’expression en démocratie, vous devenez à leurs yeux un homme ou une femme « de haine ». Prenez leurs textes, leurs communiqués, courageusement signés d’un « collectif », donc souvent sans le moindre nom propre pour assumer, ils vous inondent de ce grief de « haine ». C’est leur dernier mot, leur ultime argument, leur sentence. Vous, l’opposant à leurs visions, vous êtes un être de « haine », pour la simple raison qu’eux, puissants apôtres sur les thèmes du genre ou de la couleur de la peau, représentent le Bien. Ils sont l’Ange, vous êtes la Bête. Et, comme ils n’ont pas lu Blaise Pascal, ils ne seront jamais sensibles au moindre retournement de l’équation.

     

    Ils nous bombardent le mot « haine », parce que leur seul langage est celui de la morale. Tenez, ils raffolent aussi du mot « honte », par exemple. La haine, la honte : des vocables qui suintent la gravité du confessionnal. Et qui n’ont rien à voir avec les outils lexicaux qui doivent être ceux de l’analyse politique : chercher à comprendre, restituer le mécanisme des causes et des effets, donner la parole à tous, pour mieux restituer l’ensemble. Eux, la parole, ils commencent par vous l’ôter : avec ce mot « haine », appliqué comme un sceau d’infamie, ils vous disqualifient de tout débat possible. Pour un rien, ils invoquent les années trente, vous êtes le fasciste, ils sont le résistant. Vous êtes l’aveugle, qui se laisse envoûter. Ils sont le translucide. Vous êtes le Mal, ils sont le Bien.

     

    Ce cirque, jusqu’à quand ? La réponse est simple : tant que nous ne réagirons pas avec une absolue fermeté, en leur renvoyant le miroir de leur tartufferie, ils continueront. La balle est dans notre camp. Ne rien laisser passer. Les contredire, chaque fois qu’il le faudra. Décrypter calmement leur pitoyable usage de la morale dans le champ politique. Combattre cette mode, impitoyablement. Sans haine, justement. Mais sans relâche. La guerre est culturelle. Ce sera eux, ou nous.

     

    Pascal Décaillet

  • La pipe, c'est fini !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Les jeunes ne s’informent plus ? Totalement faux ! Ils se renseignent, et beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais n’utilisent plus les canaux traditionnels. Ils n’attendent pas, c’est sûr, de se précipiter dans un kiosque pour acheter un journal, rentrer à la maison, et déplier bien sagement le précieux Sésame, sur leurs genoux, une fois assis sur le canapé de leur salon. Ça, c’est fini, et depuis bien longtemps. Le sofa : et pourquoi pas la pipe, tant qu’on y est, et les pantoufles, comme leurs aïeux, quand ils écoutaient la TSF, après leur journée de boulot.

    Que font les jeunes, et d’ailleurs aussi la plupart d’entre nous, beaucoup moins jeunes ? Mais, c’est très simple : nous nous informons principalement sur les réseaux sociaux. Oh, un journaliste de mon âge, soixantaine dépassée, 36 ans d’expérience comme professionnel, devrait vous dire le contraire : noircir les réseaux, les diaboliser. Tout entreprendre pour vous garder sur les médias traditionnels. Eh bien non. Moi, j’aime les réseaux. Je trouve ça génial.

    La nouvelle génération n’a pas besoin que de puissantes équipes rédactionnelles trient à sa place le bon grain de l’ivraie, lui imposent une « hiérarchie » des sujets. Non. Elle aime fureter. Elle est parfaitement capable, sans qu’on lui fasse la leçon, de discerner l’info vérifiée de la fausse nouvelle, l’information de la propagande. Son chemin vers l’info est peut-être saccadé, par rapport à la quiétude du lecteur à la pipe, assis dans son fauteuil. Mais il est actif, lucide, exigeant, critique. Les vieux modèles s’effondrent. Et alors ? La vie est là, qui continue.

     

    Pascal Décaillet

       

     

  • La gauche ne fait plus de politique, mais de la morale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Je ne suis pas un homme de gauche, vous l’avez compris. Pourtant, j’ai toujours respecté la gauche, lorsqu’elle se battait pour l’amélioration des conditions de vie. Combat social, pour la dignité dans le monde du travail, la décence des salaires, le respect des ouvriers, l’accès de tous à l’instruction, aux services de santé, aux sports, aux loisirs. J’ai toujours respecté les socialistes, quand ils s’inscrivaient dans cette démarche-là, et tout autant les communistes : ceux de chez nous, les gens du Parti du Travail, ou les militants du PC français, ou ceux d’Italie. Je n’étais pas d’accord avec ces gens, mais c’était juste une question de curseur : je voulais moins d’Etat qu’eux, moins d’impôts.

     

    Divergences, donc. Mais au fond, nous parlions le même langage. Zola, ça me parle, Jaurès encore plus. La Révolution industrielle, le travail des enfants dans les mines, les combats pour la dignité, les premières conventions collectives (sous Bismarck, déjà !), puis le vingtième, le siècle des assurances sociales : en France, la Sécu, en 45 ; en Suisse, la fantastique aventure de l’AVS (47-48) ; en Grande-Bretagne, les lois travaillistes de l’après-guerre ; en Allemagne, l’immense figure de Willy Brandt, l’homme qui s’est agenouillé, en décembre 1970, devant le Monument du Ghetto de Varsovie. Oui, toute ma vie, j’ai eu, à côté d’autres, des figures de gauche dans mon Panthéon politique. Et le de Gaulle que d’admire est celui des grandes lois sociales de la Libération, de la décolonisation, de l’indépendance algérienne.

     

    Mais tout ça, aujourd’hui, c’est fini. Pourquoi ? Parce que la gauche (à l’exception des communistes, mais combien sont-ils ?) a totalement abandonné le monde ouvrier. Au lieu de faire de la politique, elle fait de la morale. Elle se gargarise de la novlangue des climatistes, ou des ultra-féministes. Elle nous inonde de théorie du genre. Elle se prosterne devant la première mode « sociétale », surgie de tel campus américain, ou des élucubrations de tel « chercheur en sciences sociales à l’Université de Lausanne », catégorie devenue reine sur nos ondes publiques, pour commenter le tout et le rien, le plein et le vide, l’ombre et la lumière.

     

    La gauche d’aujourd’hui guette le moindre de vos propos, toute de jouissance à l’idée de vous prendre en défaut de « dérapage ». A l’idée de vous instruire un procès, sur des questions de genre, de couleur de la peau, d’interprétation de l’Histoire, elle confine à l’extase. Notre gauche morale, sa grande aventure, la plus sensuelle, la plus accomplie, c’est d’organiser des procès en sorcellerie, où elle n’en peut plus de tenir le rôle du Procureur. Ah, déjà le bûcher, déjà la potence, déjà les premières flammes. Les chômeurs ? Les plus précaires d’entre nous ? Les oubliés ? Les travailleurs pauvres ? Elle s’en occupera plus tard ! D’abord, se ruer sur les modes, prendre la posture.

     

    Cette gauche-là, je n’ai rien à lui dire. Juste faire la guerre. Elle est culturelle. Elle sera sans merci.

     

    Pascal Décaillet