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Commentaires GHI - Page 86

  • Le peuple ? La gauche l'a abandonné !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.02.22

     

    Il fut un temps, fort lointain, où la gauche défendait le peuple. Âgé de seize ans, je suis allé voir Georges Marchais dans un grand meeting à Genève, fin 1974, pour les trente ans du Parti du Travail. La foule qui l’acclamait était considérable, et on sentait bien que c’était celle des travailleurs. Il y avait encore des usines, un prolétariat, être communiste avait un sens très précis, en Suisse, en France, en Italie : vouloir la justice sociale. Alors oui, Georges Marchais en France, Jean Vincent ou Armand Magnin en Suisse, Enrico Berlinguer en Italie, ces chefs communistes parlaient au peuple. Ils en avaient la fougue, le talent. Quand je repense à cette époque, dix-huit mois avant ma Maturité, j’ai l’impression que c’était la Préhistoire. Je peine à croire, même, que j’aie pu vivre cela, tellement c’est lointain. Oui, c’était le temps d’avant. Avant l’abandon du peuple par la plus grande partie de la gauche.

     

    A seize ans, je n’étais vraiment pas homme à fréquenter les meetings. Je vivais de lectures, de musique, de poésie. Pourtant, Marchais, malgré son discours-fleuve, après une « introduction » déjà elle-même interminable par le chef du Parti du Travail, Jean Vincent, grand orateur, m’avait impressionné. Pour la première fois de ma vie, à la fin du meeting, j’ai été pris dans le maelström de l’Internationale, que j’ai toujours trouvée musicalement magnifique, sans être particulièrement communiste. De cette foule surgissait quelque chose de puissant. C’était il y a mille ans.

     

    Mais aujourd’hui ? De tout cela, il ne reste rien. Le Mur de Berlin s’est effondré, la DDR de mon adolescence a été avalée par le capitalisme, son Histoire reste à écrire, et elle sera loin d’être uniquement négative. Depuis trois décennies, nos partis de gauche, à part les communistes (regardez l’excellent Roussel, en France), ont doucement abandonné la défense des classes populaires. Oh pas dans les paroles, mais dans les actes ! Les socialistes ont pris goût aux œufs de l’esturgeon. Les Verts, eux, d’une toute autre tradition, ne sont pas issus de la lutte des classes. Depuis la chute du Mur, la doxa imposée par le néo-libéralisme a tenté de faire croire au monde que le capitalisme était inéluctable, qu’il était le Bien. Et qu’au fond, la seule querelle entre droite et gauche serait de déplacer le curseur sur l’acceptation du libre-marché.

     

    Au fond, la gauche gouvernementale s’est mise à ressembler à la droite. Au point qu’aujourd’hui, les classes populaires ne votent plus pour elle. Elles votent pour qui ? Allons, vous le savez très bien : elles votent pour la droite nationale, souverainiste, protectionniste. Elles votent pour la frontière. Et il n’est pas sûr qu’elles soient si enchantées que cela par les flux migratoires. Les élites de la gauche, en Suisse comme ailleurs, ont perdu le contact avec le peuple. Elles s’inscriront en faux contre cette affirmation, jureront le contraire, mais qui les croit encore ? Les colères populaires, aujourd’hui, sont ailleurs. Elles ont émigré. Vers d’autres rivages. A l’intérieur même de nos pays.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Nucléaire ? Bien sûr !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.02.22

     

    Le nucléaire ? Bien sûr qu’il faut envisager d’y revenir ! La Suisse n’a tout simplement pas le choix. Le risque de pénurie dans l’approvisionnement énergétique de notre pays est considérable. Il a longtemps été sous-estimé par Berne, mais là, le danger devient criant. Voulons-nous une immense panne électrique, sur l’ensemble du pays, ou sur la Suisse romande, avec les conséquences que cela pourrait engendrer, pour enfin nous en rendre compte ?

    La pire des choses, en matière d’énergie, est de faire intervenir l’idéologie, comme le font les Verts depuis des décennies, avec hélas une partie de l’opinion publique qui cède à leurs sirènes. La maîtrise de l’énergie, c’est une question stratégique. Elle touche à la souveraineté de notre pays, à son existence en tant que nation. La manière dont les Verts ont exploité, à fins électorales, l’accident de Fukushima pour les élections de 2011, est indigne.

    Les partis de droite, UDC clairement, PLR plus prudemment le samedi 12 février, ont raison de laisser la porte ouverte au nucléaire. Nouvelle génération. Avec toutes les garanties de sécurité qui s’imposent. Le vent, le soleil, sont à coup sûr des options énergétiques de valeur, mais elles ne suffiront pas. Même avec l’hydraulique ! Même avec de nouveaux barrages ! Il faut, entre autres options, relancer les pistes, en Suisse, dans le domaine du nucléaire. L’écarter, par simple idéologie, a été une erreur. Il faut, démocratiquement, en revotant un jour, la réparer. C’est une question vitale pour notre avenir.

     

    Pascal Décaillet

  • Conseil d'Etat : encore quinze mois à tirer !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.02.22

     

    Un Département de l’Instruction publique empêtré dans l’affaire de Mancy, ce foyer où de jeunes autistes auraient été gravement maltraités. Une ministre de l’Économie qui manque singulièrement de présence. Un responsable de la Mobilité qui fait le jeu des Verts. Une dette pharaonique. Des relations difficiles entre parlement et gouvernement. Des ministres qui contournent l’absence de budget 2022 en allant constamment frapper à la porte de la Commission des finances pour obtenir des crédits complémentaires. On a connu meilleure période, dans l’Histoire genevoise ! Et il y a encore quinze mois à tirer, avant la fin de la législature ! Quinze mois interminables, qui suintent la fin de règne, n’éveillent pas les ardeurs, donnent l’impression pâteuse et déprimante que l’action publique ne sert à rien. Grande perdante : la politique, cette belle et noble affaire, qui hélas part en poussière lorsque la confiance n’est plus là, lorsque l’élan est cassé. Nous en sommes là. Et c’est triste.

     

    Il ne s’agit pas de faire ici le procès de tel ou tel magistrat. Nous avons affaire à des personnes intelligentes, cultivées, soucieuses du bien commun. Mais l’attelage ne fonctionne pas. Très difficile de savoir pourquoi : on peut certes alléguer des inimitiés personnelles, entre magistrats, mais elles ont toujours existé, au sein de toutes les équipes, et n’ont pas empêché certains gouvernements de faire du bon boulot. On peut aussi invoquer la poisse, celle d’avoir commencé la législature avec l’affaire Maudet, qui a plombé l’ambiance, jeté comme un mauvais sort sur l’équipe. Mais enfin, il y a eu une élection complémentaire, une personne collégiale a été élue, l’anti-caractérielle par excellence, l’anti-égo, et pourtant les choses ne vont pas bien. On peut enfin mettre toute la faute sur le Covid, qui n’a certes rien arrangé, mais n’explique pas tout.

     

    Alors, quoi ? Pour être franc, je n’en sais rien ! Nous avons affaire à des magistrats de bon niveau, expérimentés (pour la plupart), bosseurs. Mais la sauce ne prend pas. La politique est chose cruelle, où les meilleures volontés du monde ne compensent pas la disgrâce d’une Fée Carabosse qui, dès le baptême, aurait prononcé les mots de la malédiction. Au printemps 2023, nous élirons une nouvelle équipe : rien ne nous assure, au fond, qu’elle fera mieux. Le seul espoir qui nous reste est celui des énergies citoyennes : nous sommes des hommes et des femmes libres, nous avons un passé, des cicatrices, une mémoire, des désirs. Plus que jamais, faisons la politique nous-mêmes, notamment par la voie de la démocratie directe, plutôt que tout attendre des élus. Au centre de tout, plaçons les thèmes, non les personnes. Inventons. Lançons des initiatives. Exprimons nos opinions. Rallions-nous aux belles énergies de la société civile. Vivons nos vies, avec fougue. Rendons la politique joyeuse, imaginative. À des milliers de lieues marines des rivalités de chapelles. Et du théâtre vide, où se meurent les rois et les reines.

     

    Pascal Décaillet