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Commentaires GHI - Page 83

  • Nos chers amis américains

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.05.22

     

    Il y a des choses qu’aucun citoyen suisse ne peut laisser passer. En voici une, toute récente : une Commission du Congrès américain vient d’insulter gravement notre pays, de s’ingérer avec une arrogante vulgarité dans nos affaires, de se permettre de nous faire la leçon, à la face du monde. Jeudi 5 mai, cette Commission décrivait la Suisse comme « l’un des principaux complices du dictateur Poutine et de ses acolytes ». Le Président de la Confédération, Ignazio Cassis, a immédiatement réagi, rejetant « avec la plus grande fermeté les formulations utilisées ». Non seulement il a bien fait, mais il aurait dû aller beaucoup plus loin : notre tout petit pays, fragile, riche de sa seule cohésion interne, ne peut en aucune manière recevoir un tel soufflet sans rétorquer avec la dernière des véhémences. Surtout lorsque l’insulte vient de la première puissance du monde, impérialiste à souhait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, moraliste à l’extrême. Le géant qui insulte le tout petit.

     

    Les Américains n’en sont pas à leur coup d’essai. Pendant toute l’affaire des fonds en déshérence, la Suisse s’est laissée mettre sous pression, sans broncher, par tout un petit monde d’avocats d’affaires, de parlementaires en quête de lumière, gravitant autour de New York et de Washington. Le Conseil fédéral de l’époque s’était montré beaucoup trop doux, trop gentil, trop passif. Il passait son temps à courber l’échine, laissait les donneurs de leçons de la Côte Est nous dicter leur version de l’Histoire, les rançons qu’ils espéraient en tirer. Et nos courtois Conseillers fédéraux filaient doux comme des enfants trop sages, pris en faute, rougissant, affrontant le destin sur la pointe des pieds, attendant le coup suivant, espérant que l’orage allait passer. Où était la fierté de la nation suisse ?

     

    Idem, quelques années plus tard, avec l’affaire du secret bancaire. Mise sous pression américaine, d’une violence insoutenable, comme si, en la matière, leur système législatif (on pense notamment à l’Etat du Delaware, dont le Sénateur fut longtemps un certain… Joe Biden) avait des leçons de morale à donner au nôtre. Et là aussi, la Suisse s’est comportée en élève modèle, en un mot elle a capitulé. C’est cela, vous, que vous attendez des autorités de notre pays ? Et la gauche suisse qui, de l’intérieur du pays, relayait ces pressions ! Et la quasi-totalité des médias qui entonnait comme des enfants de chœur le cantique de la docilité ! Fonds en déshérence, secret bancaire : la Suisse a plié devant les Etats-Unis. Alors, pour les sanctions avec la Russie, pourquoi se gêneraient-ils de nous mettre à nouveau une pression d’enfer : les gentils Suisses finissent toujours par céder, non ?

     

    Dans l’affaire ukrainienne, les Etats-Unis, quoi qu’ils disent, sont en guerre. Ils ont même pris le commandement de la Croisade contre la Russie. Notre pays n’a pas à leur obéir. Les relations entre Berne et Moscou regardent bilatéralement la Suisse et la Russie, et nulle autre puissance au monde. Nous sommes un tout petit pays. Mais si nous cédons au principal géant de la planète, alors nous ne serons vraiment plus rien.

     

    Pascal Décaillet

       

     

  • La pointe de la dague

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.05.22

     

    Il n’en manquait plus qu’un, et ce fut celui-là. Au moment où semblait émerger, enfin, la possibilité d’une droite unie pour Genève, il ne manquait que la pointe d’une dague : ce fut, au, douzième coup de minuit, l’étincelante lame du PDC. Toute personne, munie d’un minimum de lucidité, ayant pris connaissance des propos de la présidente de ce parti, ci-devant nommé désormais « Le Centre », a compris une chose : il n’y aura pas de droite unie, la gauche rigole déjà en coulisses, les ferments de dispersion l’emportent, la médiocrité générale peut en reprendre pour cinq ans. Que du bonheur.

     

    La droite unie, pourtant, ça n’est pas l’uniformité, sinon un parti unique ferait l’affaire. Mais c’est un socle commun. Un tel projet exige, de la part de chacun (PLR, UDC, PDC, et pourquoi pas MCG, Verts libéraux) un minimum d’ampleur de vue, de sens de la synthèse, de hiérarchie des priorités, pour mettre l’accent sur ce qui rassemble, plutôt que sur les divisions. La gauche, elle, ne s’en prive pas : malgré les différences hallucinantes entre sociaux-démocrates et certains ultras de la gauche radicale, elle parvient tactiquement à trouver des compromis. La droite, jamais. C’est un peu dommage. Parce qu’elle est nettement majoritaire, dans le Canton.

     

    Dès lors, que faire ? Se jeter dans le lac ? Offrir son corps à la voracité des brochets ? C’est une option. L’autre, c’est de construire un projet avec la vraie droite, celle qui ne passe pas son temps à louvoyer. Avec un axe fort PLR-UDC, et toutes les bonnes volontés qui voudront bien s’y joindre. C’est la voie du salut. Et les dagues, on les laisse au musée.

     

    Pascal Décaillet

  • Profs, enseignez notre Histoire politique !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.05.22

     

    Profs d’Histoire, ça vous arrive, de temps en temps, d’aborder encore avec vos élèves le cheminement de nos idées politiques, la genèse et le développement de nos partis en Suisse, disons depuis la Révolution française ? Pour être exact : depuis la République Helvétique (1798), ou tout au moins depuis le printemps des peuples de 1848, l’année de la création la Suisse fédérale, la Suisse moderne. L’Histoire du parti radical, le grand parti qui a fait la Suisse, sept conseillers fédéraux sur sept, de 1848 à 1891. Ces radicaux qui ont forgé nos institutions, créé les grandes écoles fédérales, lancé le pays dans l’aventure industrielle et ferroviaire, percé le Gothard, développé la chimie bâloise, la banque, les grandes assurances. Un legs incomparable, même face à leurs homologues de la Troisième République, en France.

     

    Profs d’Histoire, parlez-vous avec vos élèves des autres courants politiques de notre destin national ? L’Histoire de ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie chrétienne, en bref le parti catholique, favorable au Pape, vaincu du Sonderbund, pendant ces 43 années d’opposition. Les nuances, Canton par Canton, à l’intérieur de cette famille catholique : les conservateurs, les chrétiens-sociaux, l’aile syndicale, les Noirs, les Jaunes. Totalement passionnant ! Comment voulez-vous comprendre la politique valaisanne, jurassienne, fribourgeoise, et même genevoise, sans une connaissance intime de cette palette ?

     

    Profs d’Histoire, évoquez avec vos élèves le long chemin de la gauche, en Suisse, les socialistes par exemple, pour parvenir enfin aux affaires, en pleine guerre, en 1943, au Conseil fédéral. Là aussi, donnez les nuances : entre communistes et socialistes, entre gauche participative et gauche plus radicale, entre partisans de la lutte des classes et sociaux-démocrates. Là aussi, enseignez cette Histoire Canton par Canton. Notre Suisse est plurielle, nuancée, magique et fragile jusque dans ses différences.

     

    Profs d’Histoire, enseignez la genèse de l’UDC, du parti agrarien du Bernois Rudolf Minger jusqu’à aujourd’hui, en passant par Ogi et Blocher. Ces partis-là, et puis tous les autres bien sûr, les Verts, les libéraux. Et par pitié, pas seulement les partis ! Le prodigieuse Histoire de nos assurances sociales, des premiers contrats collectifs jusqu’à la grande date de 1947, la décision d’introduire l’AVS. Et puis, plus tard, la prévoyance professionnelle, les assurances maternité, le long combat de l’égalité entre hommes et femmes. Notre Histoire suisse est l’une des plus passionnantes d’Europe. Il n’y a, en elle, rien d’ennuyeux. Juste un long chemin de destin, celui des humains qui, patiemment, ont construit ce magnifique pays. Et notre démocratie directe ! Et l’Histoire de nos initiatives !

     

    Profs d’Histoire, enthousiasmez vos élèves. La Suisse le mérite. Son chemin, au milieu de l’Europe, est absolument remarquable. Elle n’a pas à en rougir. Un élève, lorsqu’il quitte l’école pour entrer dans la vie professionnelle, doit avoir ces connaissances-là. C’est votre devoir de les transmettre.

     

    Pascal Décaillet