Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 80

  • Conseil d'Etat : encore quinze mois à tirer !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 16.02.22

     

    Un Département de l’Instruction publique empêtré dans l’affaire de Mancy, ce foyer où de jeunes autistes auraient été gravement maltraités. Une ministre de l’Économie qui manque singulièrement de présence. Un responsable de la Mobilité qui fait le jeu des Verts. Une dette pharaonique. Des relations difficiles entre parlement et gouvernement. Des ministres qui contournent l’absence de budget 2022 en allant constamment frapper à la porte de la Commission des finances pour obtenir des crédits complémentaires. On a connu meilleure période, dans l’Histoire genevoise ! Et il y a encore quinze mois à tirer, avant la fin de la législature ! Quinze mois interminables, qui suintent la fin de règne, n’éveillent pas les ardeurs, donnent l’impression pâteuse et déprimante que l’action publique ne sert à rien. Grande perdante : la politique, cette belle et noble affaire, qui hélas part en poussière lorsque la confiance n’est plus là, lorsque l’élan est cassé. Nous en sommes là. Et c’est triste.

     

    Il ne s’agit pas de faire ici le procès de tel ou tel magistrat. Nous avons affaire à des personnes intelligentes, cultivées, soucieuses du bien commun. Mais l’attelage ne fonctionne pas. Très difficile de savoir pourquoi : on peut certes alléguer des inimitiés personnelles, entre magistrats, mais elles ont toujours existé, au sein de toutes les équipes, et n’ont pas empêché certains gouvernements de faire du bon boulot. On peut aussi invoquer la poisse, celle d’avoir commencé la législature avec l’affaire Maudet, qui a plombé l’ambiance, jeté comme un mauvais sort sur l’équipe. Mais enfin, il y a eu une élection complémentaire, une personne collégiale a été élue, l’anti-caractérielle par excellence, l’anti-égo, et pourtant les choses ne vont pas bien. On peut enfin mettre toute la faute sur le Covid, qui n’a certes rien arrangé, mais n’explique pas tout.

     

    Alors, quoi ? Pour être franc, je n’en sais rien ! Nous avons affaire à des magistrats de bon niveau, expérimentés (pour la plupart), bosseurs. Mais la sauce ne prend pas. La politique est chose cruelle, où les meilleures volontés du monde ne compensent pas la disgrâce d’une Fée Carabosse qui, dès le baptême, aurait prononcé les mots de la malédiction. Au printemps 2023, nous élirons une nouvelle équipe : rien ne nous assure, au fond, qu’elle fera mieux. Le seul espoir qui nous reste est celui des énergies citoyennes : nous sommes des hommes et des femmes libres, nous avons un passé, des cicatrices, une mémoire, des désirs. Plus que jamais, faisons la politique nous-mêmes, notamment par la voie de la démocratie directe, plutôt que tout attendre des élus. Au centre de tout, plaçons les thèmes, non les personnes. Inventons. Lançons des initiatives. Exprimons nos opinions. Rallions-nous aux belles énergies de la société civile. Vivons nos vies, avec fougue. Rendons la politique joyeuse, imaginative. À des milliers de lieues marines des rivalités de chapelles. Et du théâtre vide, où se meurent les rois et les reines.

     

    Pascal Décaillet

     

       

     

  • Vous reprendrez bien un peu de haine ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.02.22

     

    La haine. C’est leur toute dernière invention. Ils ont déjà ressuscité le mot « race », que nul d’entre nous, ou presque, n’utilisait plus depuis des décennies, peut-être depuis la guerre. Ils nous ont sorti des vieilles citernes le mot « genre », dont ils nous aspergent à toutes les sauces. Et voilà qu’ils nous balancent la « haine ». Pas pour nous parler des personnages de Jean Racine, ni de François Mauriac. Ni des guerres intestines à la famille, dans la tragédie grecque. Mais pour installer ce mot dans le vocabulaire politique. Le principe est simple : dès que vous vous permettez de mettre en cause la puissante novlangue « sociétale », sur les questions de genre ou de couleur de la peau, surgie des campus américains ou des ineffables « chercheurs en sciences sociales de l’Université de Lausanne », ils vous accusent publiquement de produire « un discours de haine ».

     

    Au fond, dès que vous n’êtes pas d’accord avec eux, et que vous avancez une contre-argumentation à leurs propos, principe élémentaire de la liberté d’expression en démocratie, vous devenez à leurs yeux un homme ou une femme « de haine ». Prenez leurs textes, leurs communiqués, courageusement signés d’un « collectif », donc souvent sans le moindre nom propre pour assumer, ils vous inondent de ce grief de « haine ». C’est leur dernier mot, leur ultime argument, leur sentence. Vous, l’opposant à leurs visions, vous êtes un être de « haine », pour la simple raison qu’eux, puissants apôtres sur les thèmes du genre ou de la couleur de la peau, représentent le Bien. Ils sont l’Ange, vous êtes la Bête. Et, comme ils n’ont pas lu Blaise Pascal, ils ne seront jamais sensibles au moindre retournement de l’équation.

     

    Ils nous bombardent le mot « haine », parce que leur seul langage est celui de la morale. Tenez, ils raffolent aussi du mot « honte », par exemple. La haine, la honte : des vocables qui suintent la gravité du confessionnal. Et qui n’ont rien à voir avec les outils lexicaux qui doivent être ceux de l’analyse politique : chercher à comprendre, restituer le mécanisme des causes et des effets, donner la parole à tous, pour mieux restituer l’ensemble. Eux, la parole, ils commencent par vous l’ôter : avec ce mot « haine », appliqué comme un sceau d’infamie, ils vous disqualifient de tout débat possible. Pour un rien, ils invoquent les années trente, vous êtes le fasciste, ils sont le résistant. Vous êtes l’aveugle, qui se laisse envoûter. Ils sont le translucide. Vous êtes le Mal, ils sont le Bien.

     

    Ce cirque, jusqu’à quand ? La réponse est simple : tant que nous ne réagirons pas avec une absolue fermeté, en leur renvoyant le miroir de leur tartufferie, ils continueront. La balle est dans notre camp. Ne rien laisser passer. Les contredire, chaque fois qu’il le faudra. Décrypter calmement leur pitoyable usage de la morale dans le champ politique. Combattre cette mode, impitoyablement. Sans haine, justement. Mais sans relâche. La guerre est culturelle. Ce sera eux, ou nous.

     

    Pascal Décaillet

  • La pipe, c'est fini !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Les jeunes ne s’informent plus ? Totalement faux ! Ils se renseignent, et beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais n’utilisent plus les canaux traditionnels. Ils n’attendent pas, c’est sûr, de se précipiter dans un kiosque pour acheter un journal, rentrer à la maison, et déplier bien sagement le précieux Sésame, sur leurs genoux, une fois assis sur le canapé de leur salon. Ça, c’est fini, et depuis bien longtemps. Le sofa : et pourquoi pas la pipe, tant qu’on y est, et les pantoufles, comme leurs aïeux, quand ils écoutaient la TSF, après leur journée de boulot.

    Que font les jeunes, et d’ailleurs aussi la plupart d’entre nous, beaucoup moins jeunes ? Mais, c’est très simple : nous nous informons principalement sur les réseaux sociaux. Oh, un journaliste de mon âge, soixantaine dépassée, 36 ans d’expérience comme professionnel, devrait vous dire le contraire : noircir les réseaux, les diaboliser. Tout entreprendre pour vous garder sur les médias traditionnels. Eh bien non. Moi, j’aime les réseaux. Je trouve ça génial.

    La nouvelle génération n’a pas besoin que de puissantes équipes rédactionnelles trient à sa place le bon grain de l’ivraie, lui imposent une « hiérarchie » des sujets. Non. Elle aime fureter. Elle est parfaitement capable, sans qu’on lui fasse la leçon, de discerner l’info vérifiée de la fausse nouvelle, l’information de la propagande. Son chemin vers l’info est peut-être saccadé, par rapport à la quiétude du lecteur à la pipe, assis dans son fauteuil. Mais il est actif, lucide, exigeant, critique. Les vieux modèles s’effondrent. Et alors ? La vie est là, qui continue.

     

    Pascal Décaillet