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Commentaires GHI - Page 77

  • Vivent les Vaudois !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 30.03.22

     

    Les Vaudois seraient-ils, en politique, beaucoup plus intelligents que nous ? Cette hypothèse atroce, humiliante, nous devons hélas l’envisager, se serait-ce que du bout des lèvres, juste quelques secondes. Lors du premier tour de leurs élections cantonales, le dimanche 20 mars, la droite a fait un tabac. Elle place en tête trois PLR. Et, dans le septuor obtenant les meilleurs résultats, une jeune et prometteuse candidate du Centre (PDC), et un UDC.

    Bien sûr, rien n’est joué. La gauche se regroupe pour le second tour, nous verrons bien les résultats. Mais tout de même, nos amis vaudois nous donnent une leçon. Lorsque la droite part unie au combat, elle gagne. Elle n’a strictement aucune leçon à recevoir de quiconque, et certainement pas de la gauche (qui, elle, ne se gêne pas pour des alliances en forme de grand écart). Elle définit des valeurs communes, sur la conception de l’Etat, les finances, la fiscalité, l’économie, l’école. Elle fait campagne sur ce socle. Les candidats font preuve d’une remarquable cohésion. Et à la fin, les résultats sont là.

    Pourrait-on imaginer que notre droite genevoise, dans les mille éclats de sa pluralité, fasse preuve, juste une fois, pour voir, de la même intelligence ? C’est un vœu d’une infinie piété, celui des âmes simples, comme celle de votre serviteur, profane en politique, et à qui il faut expliquer les choses, comme à un enfant. Essayer l’intelligence, juste une fois. Si ça ne marche pas, on reviendra bien gentiment à la bêtise.

     

    Pascal Décaillet

  • Coupable par essence

     

    Commentaire publié dans GHI - 23.03.22

     

    Quand vous arrivez en voiture place du Cirque, direction Pont de la Coulouvrenière, vous tombez sur un feu qui ne reste vert que quelques secondes. Seuls cinq ou six véhicules passent, les autres attendent. Vous restez là, plantés. Vous avez tout loisir d’admirer le paysage. Un exemple, parmi tant d’autres. Chacun de vous pourra donner le sien. Chacun a en tête la cartographie des bouchons genevois, ceux qu’on pourrait parfaitement éviter, mais qu’on ne touche pas, pour bien laisser l’automobiliste, ce coupable par essence, mariner dans le jus de sa colère.

    Cette politique ne doit rien au hasard. Elle relève d’un choix idéologique bien précis : rendre la vie impossible aux conducteurs de véhicules motorisés, les inciter à laisser leurs voitures au garage, et à entrer dans le paradis des transports publics.

    Cette politique porte un nom : celui de Serge Dal Busco. A la ville, le meilleur des hommes, je le dis sans ironie. Un magistrat soucieux du bien public. Mais hélas, un ministre qui a, de façon totalement incompréhensible, troqué la politique de son camp naturel, en matière de mobilité, contre celle de ses adversaires. Ce transfert (voyez, je reste poli), unique dans l’Histoire de Genève, demeure l’un des mystères de la législature. L’homme serait-il allé à Damas ? Serait-il tombé de cheval ? Aurait-il été frappé par une révélation ?

    La loi sur la mobilité dite « cohérente et équilibrée » brille par deux aspects singuliers : son incohérence, son déséquilibre. Ainsi va le monde : parfois, il nous déroute.

     

    Pascal Décaillet

  • Non à la pollution inclusive : députés, bravo !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 23.03.22

     

    La langue française est belle et fluide, elle a le jaillissement d’une eau de glacier, sa clarté cristalline est source de vie. La langue allemande est plus complexe, avec ses racines qui s’entrelacent, des mots inattendus au détour de la phrase, le verbe qui se fait attendre, le risque surexcitant de se perdre dans une forêt. Le même allemand, pourtant, touche au sublime, dans la musique ou la poésie : Friedrich Hölderlin, Paul Celan. Le grec ancien nous fascine par sa richesse, la subtilité de ses formes verbales, sa souplesse dialectale. Et l’italien, ah l’italien, où tout est tonalité, nuances, saveur. Une langue, ça n’est pas rien. Avec elle, nous entretenons un rapport matriciel qui va chercher beaucoup plus loin, dans la mémoire affective, que le simple statut de porteur de sens. Tout ce qui touche à la langue est passionnel, ça vient du ventre, de la gorge, ça surgit du souffle, ça porte le rythme, l’émotion : on ne résoudra pas les questions de langue par de savantes formules rationnelles.

     

    Face à l’écriture inclusive, impossible de demeurer calme. Pourquoi le faudrait-il, d’ailleurs ? Pourquoi faudrait-il laisser cette querelle aux pisse-froid et aux docteurs de la démonstration ? Cette graphie de l’illisible, c’est avec les viscères, avec la bile noire de notre colère, qu’il faut la condamner. Parce que c’est de nos entrailles que vient la langue. Avec l’air surgi du ventre, puis transformé par l’intérieur de la mâchoire, les labiales, les sifflantes, les palatales, avec toute cette machinerie parfaitement physique, se créent les syllabes, puis les mots, les phrases, et parfois les vers, les hexamètres, et parfois l’Iliade, poème chanté bien avant d’avoir été transcrit par l’écriture. Oui, la parole précède l’écrit, l’homme et la femme sont des êtres de chant et de musique, en amont d’être des juristes ou des philosophes. Cet aspect primal de la langue, chacun de nous le sent, au fond de soi. L’enfant commence par la syllabe, il tricote ses sons à lui, bien avant d’accéder au langage de raison.

     

    Le Grand Conseil genevois a dit non, il y a quelques jours, à l’écriture inclusive dans les textes de l’administration. Il a réussi ce renversement, après des années de déculottée de l’officialité face à la mode d’un moment. Il a voté cela, et jamais je n’ai eu autant envie de remercier une majorité de députés. Bien sûr, cela ne concerne que l’écriture de l’Etat, une affaire interne au monde des scribes. Mais le signal est donné. Il est fort. Il est courageux. Il va contre le vent. Il doit, à tout prix, constituer un coup d’arrêt à cette pollution programmée du verbe et du sens. Ce précédent doit maintenant donner à d’autres, partout où il le faudra, l’ardeur d’aller dans le même sens. Jeter au brasier les barres obliques et les points médians. Rendre à la langue française sa clarté, sa simplicité, et au fond sa lisibilité. Allons, réjouissons-nous. Et surtout, trouvons dans nos tréfonds le courage de pulvériser d’autres modes. La guerre culturelle ne fait que commencer.

     

    Pascal Décaillet