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Commentaires GHI - Page 74

  • La pointe de la dague

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.05.22

     

    Il n’en manquait plus qu’un, et ce fut celui-là. Au moment où semblait émerger, enfin, la possibilité d’une droite unie pour Genève, il ne manquait que la pointe d’une dague : ce fut, au, douzième coup de minuit, l’étincelante lame du PDC. Toute personne, munie d’un minimum de lucidité, ayant pris connaissance des propos de la présidente de ce parti, ci-devant nommé désormais « Le Centre », a compris une chose : il n’y aura pas de droite unie, la gauche rigole déjà en coulisses, les ferments de dispersion l’emportent, la médiocrité générale peut en reprendre pour cinq ans. Que du bonheur.

     

    La droite unie, pourtant, ça n’est pas l’uniformité, sinon un parti unique ferait l’affaire. Mais c’est un socle commun. Un tel projet exige, de la part de chacun (PLR, UDC, PDC, et pourquoi pas MCG, Verts libéraux) un minimum d’ampleur de vue, de sens de la synthèse, de hiérarchie des priorités, pour mettre l’accent sur ce qui rassemble, plutôt que sur les divisions. La gauche, elle, ne s’en prive pas : malgré les différences hallucinantes entre sociaux-démocrates et certains ultras de la gauche radicale, elle parvient tactiquement à trouver des compromis. La droite, jamais. C’est un peu dommage. Parce qu’elle est nettement majoritaire, dans le Canton.

     

    Dès lors, que faire ? Se jeter dans le lac ? Offrir son corps à la voracité des brochets ? C’est une option. L’autre, c’est de construire un projet avec la vraie droite, celle qui ne passe pas son temps à louvoyer. Avec un axe fort PLR-UDC, et toutes les bonnes volontés qui voudront bien s’y joindre. C’est la voie du salut. Et les dagues, on les laisse au musée.

     

    Pascal Décaillet

  • Profs, enseignez notre Histoire politique !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.05.22

     

    Profs d’Histoire, ça vous arrive, de temps en temps, d’aborder encore avec vos élèves le cheminement de nos idées politiques, la genèse et le développement de nos partis en Suisse, disons depuis la Révolution française ? Pour être exact : depuis la République Helvétique (1798), ou tout au moins depuis le printemps des peuples de 1848, l’année de la création la Suisse fédérale, la Suisse moderne. L’Histoire du parti radical, le grand parti qui a fait la Suisse, sept conseillers fédéraux sur sept, de 1848 à 1891. Ces radicaux qui ont forgé nos institutions, créé les grandes écoles fédérales, lancé le pays dans l’aventure industrielle et ferroviaire, percé le Gothard, développé la chimie bâloise, la banque, les grandes assurances. Un legs incomparable, même face à leurs homologues de la Troisième République, en France.

     

    Profs d’Histoire, parlez-vous avec vos élèves des autres courants politiques de notre destin national ? L’Histoire de ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie chrétienne, en bref le parti catholique, favorable au Pape, vaincu du Sonderbund, pendant ces 43 années d’opposition. Les nuances, Canton par Canton, à l’intérieur de cette famille catholique : les conservateurs, les chrétiens-sociaux, l’aile syndicale, les Noirs, les Jaunes. Totalement passionnant ! Comment voulez-vous comprendre la politique valaisanne, jurassienne, fribourgeoise, et même genevoise, sans une connaissance intime de cette palette ?

     

    Profs d’Histoire, évoquez avec vos élèves le long chemin de la gauche, en Suisse, les socialistes par exemple, pour parvenir enfin aux affaires, en pleine guerre, en 1943, au Conseil fédéral. Là aussi, donnez les nuances : entre communistes et socialistes, entre gauche participative et gauche plus radicale, entre partisans de la lutte des classes et sociaux-démocrates. Là aussi, enseignez cette Histoire Canton par Canton. Notre Suisse est plurielle, nuancée, magique et fragile jusque dans ses différences.

     

    Profs d’Histoire, enseignez la genèse de l’UDC, du parti agrarien du Bernois Rudolf Minger jusqu’à aujourd’hui, en passant par Ogi et Blocher. Ces partis-là, et puis tous les autres bien sûr, les Verts, les libéraux. Et par pitié, pas seulement les partis ! Le prodigieuse Histoire de nos assurances sociales, des premiers contrats collectifs jusqu’à la grande date de 1947, la décision d’introduire l’AVS. Et puis, plus tard, la prévoyance professionnelle, les assurances maternité, le long combat de l’égalité entre hommes et femmes. Notre Histoire suisse est l’une des plus passionnantes d’Europe. Il n’y a, en elle, rien d’ennuyeux. Juste un long chemin de destin, celui des humains qui, patiemment, ont construit ce magnifique pays. Et notre démocratie directe ! Et l’Histoire de nos initiatives !

     

    Profs d’Histoire, enthousiasmez vos élèves. La Suisse le mérite. Son chemin, au milieu de l’Europe, est absolument remarquable. Elle n’a pas à en rougir. Un élève, lorsqu’il quitte l’école pour entrer dans la vie professionnelle, doit avoir ces connaissances-là. C’est votre devoir de les transmettre.

     

    Pascal Décaillet

  • Premier Tambour

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 27.04.22

     

    Le culot de Jean-Luc Mélenchon ! Faisant irruption au soir d’un second tour auquel il n’avait pas été invité à participer par le peuple français, le chef de file de La France insoumise appelle les Français à « l’élire Premier ministre ». Et puis quoi, encore ? Lui faire couler un bain chaud ? Lui offrir une édition originale des Discours de Saint-Just et Robespierre ? Lui ériger un échafaud en or, en Place de Grève ? Une intervention déplacée, prétentieuse, n’ayant au fond qu’une vertu : souligner l’égo démesuré de ce tribun surdoué, assoiffé de Lumières, et pas seulement celles de Voltaire et Montesquieu, quelques projecteurs faisant parfaitement l’affaire.

     

    C’est vrai, Mélenchon parle bien. Il fut, dans cette campagne 2022, le meilleur orateur. Son verbe est incandescent, il sait créer un rapport immédiat avec le public. Mais existe-t-il encore, de Strasbourg à Perpignan, de Nice à Dunkerque, une seule porte assez large pour laisser passer sa tête ? Il y a des moments où ce fervent républicain se prend pour le Roi.

     

    Ainsi, « Elisez-moi Premier ministre ! ». L’homme peut rêver d’une Sixième République, mais il se trouve que la France vit encore à l’heure de la Cinquième. Au suffrage universel, le peuple élit un Président. Ce dernier, et nul autre, choisit son Premier ministre. Il le fait, bien sûr, en fonction d’un rapport de forces législatif. Mais nul ne peut lui imposer la personne. Sous la Cinquième, désolé Monsieur le Premier Tambour des exécutions, on n’élit pas le Premier ministre. Vous le savez du reste très bien. Votre formule est un raccourci. Comme le sont les condamnés. Après vos réquisitoires.

     

    Pascal Décaillet