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Commentaires GHI - Page 73

  • Bravo Youniss !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26 octobre 2022

     

    Il s’appelle Youniss Mussa, il a 25 ans, il veut devenir avocat, il est député socialiste. Et il vient, avec la plus civile des courtoisies, de lancer un amour de petite bombe à fragmentation dans l’univers des camarades. Dans le Temps, puis aux Yeux dans les Yeux, il jette aux orties le socialisme de la morale, de la pensée grisâtre des catéchistes, des interdits, et de la continuelle leçon donnée sur les vertus du Bien.

     

    La Fan Zone Qatar? Youniss n’a rien contre ! Les jeunes ont besoin de se rassembler, de vivre ensemble des moments fédérateurs, de boire un verre. « C’est aussi cela, la cohésion sociale ». La course de motos de Verbois ? Ca pétarade quelques heures, mais ça n’a rien à voir avec le problème structurel du bruit en ville. C’est un moment populaire, pourquoi diable le PS, dressé en Savonarole, devrait-il stupidement se couper du peuple ?

     

    Et puis, il y a le poids des Verts, ces chers alliés, qui thématisent une interdiction possible de la viande, comme si c’était le rôle d’un parti politique. Tout cela, à sa manière, Youniss le dit. Il est pourtant socialiste, jusqu’au bout des ongles, veut justement défendre les fondamentaux historiques du parti. Il cite Chavanne et Grobet, les deux grands socialistes de l’après-guerre à l’exécutif genevois, et il a mille fois raison.

     

    Et ceux de ses camarades qui n’ont jamais entendu parler d’André Chavanne (1961-1985) ni de Christian Grobet (1981-1993), eh bien qu’ils ouvrent des livres d’Histoire, plutôt que de faire la morale à la terre entière ! Cela, ça n’est pas Youniss qui le dit, mais Pascal. Qui vous adresse ses amitiés.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Conseil d'Etat : la dérive autoritaire

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.10.22

     

    Pourquoi diable s’embêter à affronter le Parlement, alors qu’on peut gouverner par ordonnances ? Cette question centrale, rêve inavoué de tous les exécutifs du monde, le Conseil d’Etat genevois l’a résolue à sa manière. Par la grâce d’un ministre, celui des Transports, M. Dal Busco. Sur le sujet hypersensible des zones à 30 km/h, le magistrat ne s’est pas embarrassé d’un texte à ratifier par les élus du peuple, il y est allé par la voie d’un arrêté de son Département, et vogue la galère ! En France, cela s’appelle le 49.3 : dans ce pays où le Parlement a toujours été malmené par l’exécutif (sauf sous les Troisième et Quatrième Républiques), c’est l’article qu’on brandit lorsque les discutailleries des députés nous fatiguent. Alors, on promulgue. Certes, on risque la Motion de censure, mais on a préparé ses arrières : on sait que l’Assemblée n’ira pas jusqu’à provoquer la chute du gouvernement. Michel Rocard, entre 1988 et 1991, avait excellé dans cette partie de saute-moutons sur le dos des élus du peuple.

     

    Dans notre démocratie suisse, les choses ne se passent pas comme cela. Le Parlement, à Genève, est le premier pouvoir. C’est lui qui contrôle l’activité du gouvernement et de l’administration. Il peut leur taper sur les doigts, les remettre à l’ordre, notamment dans la Commission de Contrôle de gestion du Grand Conseil. Dans les cas graves, on crée même une Commission d’enquête parlementaire. Malgré ce statut historique du législatif, M, Dal Busco n’a pas craint de gouverner par ordonnance. Ça passe mal. La droite fulmine, notamment le PLR, hors de lui. Sympathique ambiance au sein de l’Entente (existe-t-elle encore ?), à quelques mois des élections !

     

    Le ministre des Transports, au demeurant le meilleur des hommes, n’est pas le seul à se raidir dans l’exercice du pouvoir. La crise du Covid est passée par là, l’exécutif a pris des habitudes, il a exercé un pouvoir d’exception, certains y ont manifestement pris goût. Dire que le Parlement a été mis de côté pendant ces longs mois de pandémie, c’est soulever une évidence. Le plus étonnant n’étant pas, d’ailleurs, les habitudes autoritaires du pouvoir, mais la résignation des députés, semblant trouver normal que la vie politique du Canton, pendant toute cette période, se fût déroulée sans eux. Face à une telle léthargie des élus du peuple, pourquoi les ministres se seraient-ils gênés, après tout ?

     

    Il y a pire. Au Grand Conseil, il arrive de plus en plus souvent que des Conseillers d’Etat se permettent de faire la leçon aux députés, quand ils ne leur passent pas franchement une bordée. C’est totalement inadmissible. Au Parlement, un magistrat n’est pas chez lui. Il est face à la représentation populaire, il lui doit des comptes, il n’est en rien autorisé à la sermonner. Mais le plus surréaliste, c’est lorsque des députés, par groupes entiers, se mettent à applaudir la leçon de morale d’un ministre qui se croit dans son bureau, face à ses subordonnés ! Avec de tels godillots, tout juste bons à servir de groupie à « leur » magistrat, l’arrogance du pouvoir exécutif, à Genève, a encore de magnifiques jours devant elle.

     

    Pascal Décaillet

  • Droite genevoise : bienvenue au casse-pipe !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.10.22

     

    « Suicide, mode d’emploi » : si la droite genevoise souhaite diffuser un tous-ménages, à un peu plus de cinq mois des élections cantonales, le titre est tout trouvé ! Jamais les différentes composantes de cette famille de pensée politique ne sont apparues, au stade de la pré-campagne, dans un ordre aussi dispersé. C’est le règne de la fragmentation, on s’observe, on se critique mutuellement, on se flingue par petites phrases interposées, on se jalouse, on se déteste. On en oublierait presque de parler de l’adversaire, le seul qui vaille, le seul qui mérite un combat acharné : la gauche. Cette dernière, ravie de contempler la discorde chez l’ennemi, se frotte les mains, se lèche les babines. S’apprête à savourer sa victoire d’avril 2023. Eh oui, la politique c’est comme la guerre : unis, on gagne ; divisés, on perd. C’est aussi simple que cela. Nul besoin d’avoir fréquenté d’antiques Sorbonnes pour s’en aviser.

     

    L’obsession de tous ? Un génitif pluriel de la langue latine, appelé le « quorum ». Les fameux 7% de voix qu’il faut obtenir, pour avoir le droit de siéger au Parlement. Pas facile à atteindre pour les nouveaux partis (Verts libéraux, par exemple). Pas facile, non plus, à conserver, pour les partis déjà installés qui craignent de le perdre (MCG, UDC, Ensemble à Gauche, voire… PDC). A vrai dire, tous ont la trouille ! On dira que c’est un beau moteur, c’est motivant. Hélas, l’impression qui domine est celle des règlements de comptes intérieurs à la droite, le plus spectaculaire étant l’actuel climat entre PLR et MCG. Une véritable catastrophe ! Un soir, à Genève à Chaud, le président du MCG, dans un débat sur la grève des fonctionnaires, interpelle un avocat PLR, député, sur le montant de ses honoraires. Le lendemain, sur un réseau social, un ancien président du MCG se livre à la même attaque, face à un autre avocat PLR, député, l’un des meilleurs du Grand Conseil. C’est bas, c’est sous la ceinture, ça n’est pas du niveau du débat politique. Du moins pas celui que, pour ma part, j’entends maintenir dans les différentes arènes où s’affrontent les idées.

     

    Bouffer du PLR : quelle mouche a piqué le MCG ? Ils n’ont rien d’autre à faire ? Aucun autre adversaire prioritaire ? Mais ça n’est pas tout : l’écueil qui guette la droite genevoise, c’est la fragmentation de l’offre, en son sein. UDC, MCG, PLR, PDC, Verts libéraux, nouveau parti de Pierre Maudet, voire celui de Luc Barthassat. C’est peut-être rafraîchissant, mais c’est beaucoup trop ! Cette joyeuse dispersion promet, à l’intérieur des droites, une bagarre généralisée, que seul le magnifique poème « Les Ouménés de Bonada », d’Henri Michaux (dont je vous recommande absolument la lecture) peut restituer à sa juste mesure. On va s’entre-déchirer, à droite, pour le quorum. Pendant ce temps, la gauche, toujours disciplinée en période électorale, avancera en ordre de bataille. Pour le Grand Conseil, et surtout pour le Conseil d’Etat, cette attitude paye. La dispersion, elle, mène toujours à la défaite.

     

    Pascal Décaillet