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Commentaires GHI - Page 75

  • La population ? Non : le peuple !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 31.08.22

     

    Lisons Zola, ou Jules Vallès. Lisons Jaurès. C’était le temps où la gauche s’occupait du peuple. C’était la Révolution industrielle, ses côtés les plus noirs, la machine qui broyait l’homme. Des enfants dans les mines. Des faubourgs de misère. Alors oui, il y avait la gauche, le socialisme principalement, mais aussi le communisme, celui d’avant la Révolution russe de 1917. Il y avait des gueules noires qui hurlaient leurs colères. Des syndicalistes, des vrais, qui organisaient la solidarité pour survivre. Des répressions policières, militaires parfois, d’une cruauté inimaginable. On tirait dans la foule. Il y avait des morts. C’était il y a un peu plus de cent ans.

     

    En Suisse, en France, dans nos pays d’Europe, la gauche, qu’est-elle devenue ? La réponse est terrible : on dirait que le peuple ne l’intéresse plus. Au point qu’elle n’utilise plus ce magnifique mot, « le peuple », elle le laisse à ceux qu’elle qualifie avec mépris de « populistes ». En lieu et place, elle dit « la population ». C’est un gravissime délit de langage, qui invite la triste, l’insipide démographie de constat, évacue la citoyenneté (le « démos » des Grecs), prend congé de toute la part d’émotion, certes manipulable, que contient ce mot, « peuple », quand il a le souffle de l’Histoire, celui des grandes conquêtes sociales, souvent dues justement à la gauche, celle d’il y a un siècle.

     

    La gauche suisse nous dit : « L’UDC nous a piqué le mot peuple, alors, laissons-le lui, traitons-les de populistes, drapons-nous de morale ». Elle a tort, à un point que nul ne peut imaginer : l’UDC a bien raison de se réclamer du peuple suisse, c’est d’ailleurs dans son nom en allemand, « SVP », mais la gauche, elle, se fourvoie en lui laissant ce mot, cet emblème, ce fleuron. Et en lui substituant le pitoyable vocable démographique de « population », qui évoque à la fois les statistiques sur la tuberculose à l’époque de Thomas Mann, les commissions d’experts sur le Covid, les recherches sur les taux d’allergies, pour thèses en médecine. Toutes choses prodigieusement enthousiasmantes, comme on sait. La gauche évacue le mot « peuple », elle abandonne le terrain. Tant pis pour elle.

     

    Bien sûr, le mot « peuple » est ambigu, j’ai publié une analyse détaillée, il y a vingt ans, sur ce thème, dans la Revue Choisir. Pour les uns, il évoque la masse générale des gens. Pour d’autres, dont votre serviteur, attachés au démos, il décrit l’énergie et l’implication citoyennes. En Suisse, ce peuple-là, sous cette acception, est une institution. Au même titre qu’un parlement, un gouvernement, un corps judiciaire. Mieux : en bout de chaîne, c’est lui qui décide. Il n’est pas la base, il est le souverain. Et cette prodigieuse conception, d’une incroyable modernité, qui remet à leur place les corps intermédiaires, les profs de droit, les moralistes, les apôtres du Bien, cette verticalité inversée, digne des rêves les plus fous des Jacobins et des Montagnards, la gauche d’aujourd’hui n’est même plus capable de reconnaître sa vertu. Elle laisse à l’UDC le monopole de cette lucidité citoyenne. La gauche a tort, immensément. Elle le paiera cher. Tant pis pour elle.

     

    Pascal Décaillet

  • Les crayons d'Adrien

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.08.22

     

    L’approvisionnement d’un pays en énergie, c’est son problème no 1, avec la souveraineté alimentaire. C’est une question stratégique, au sens étymologique de ce mot, celui d’une guerre. Pour la survie. Dans ce domaine, chacun pour soi. Chaque nation, chaque peuple, responsable de son destin.

     

    Par beau temps, quand tout va bien, les plus naïfs nous baratinent avec une prétendue solidarité internationale. Fadaises ! Au premier vent qui se lève, chaque communauté humaine, constituée politiquement en nation, se recroqueville sur ses propres intérêts vitaux. C’est ainsi. N’en déplaise aux candides, aux moralistes. Il faut prendre l’être humain tel qu’il est. Et non, tel qu’on le rêverait.

     

    La vérité, c’est que la « communauté internationale » n’existe pas. On a vu sur quels récifs s’est échouée la SDN, lancée dans une Genève de chimères, au lendemain de la Grande Guerre. Lisez Albert Cohen, Belle du Seigneur, ce chef d’œuvre, les passages où le brave Adrien Deume taille ses crayons, pour tromper l’ennui, dans un bureau de la « Genève internationale ». En quelques lignes, d’une saisissante cruauté, tout est dit.

     

    Au premier vent levé, les chimères s’évaporent. Demeurent les nations, beaucoup plus tenaces qu’on ne l’imagine. Elles seules, autour d’une communauté de valeurs et de mémoire, de relation à leur Histoire, leurs ancêtres, leurs morts, constituent aujourd’hui les espaces de solidarité. La « communauté internationale », c’est du vent. N’en déplaise à nos snobinards de cocktails mondains, à Genève.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Risque de pénuries : le Conseil fédéral roupille !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.08.22

     

    J’ai passé mon été à fulminer. Sur mon blog. Écrire, et écrire encore, que la question énergétique était l’absolue priorité à laquelle devait s’attaquer notre pays. Demander un Comité de Salut public, saisi par l’urgence, pour empoigner ce problème. Exiger des comptes, y compris judiciaires, pour atteinte à la sécurité de l’Etat, contre les plus hauts responsables, à Berne et dans les Cantons, de la situation catastrophique dans laquelle nous sommes. Les uns, sous le grief d’impéritie. Les autres, sous celui – autrement plus grave – d’aveuglement idéologique. Depuis un quart de siècle, cette bande d’irresponsables roule le peuple suisse dans la farine ! Il est temps qu’ils en répondent. Plutôt que de fanfaronner dans des planques dorées.

     

    Un été à me concentrer sur ces questions, et je ne suis pas le seul ! Des centaines de milliers de nos concitoyennes et concitoyens, d’un bout à l’autre du pays, partagent ces angoisses, ce souci d’urgence. La saison froide, c’est dans deux mois. Les plus précaires d’entre nous risquent de grelotter. Et il faudrait attendre, en sifflotant, que quelque chose se passe ? Nous tous, en Suisse, nous prenons la mesure de la gravité de la situation. Les uns font des réserves de bois, de bougies. Dérisoires bouts de ficelle ! Et pendant ce temps, le Conseil fédéral ne fait rien de concret. La ministre chargée du dossier est dépassée par les événements. On fait comme si de rien n’était. Alors que nous sommes en situation comparable à celle de guerre.

     

    Le pays a un urgent besoin d’une stratégie claire, d’une rupture avec la gestion de temps calme, pépère, des 25 dernières années. D’un Conseil fédéral uni. De ministres cantonaux pragmatiques, et non vermoulus par l’idéologie, les intérêts partisans. Le navire fonce droit vers l’iceberg. Mais nul pilote. Nul capitaine. Nulle vision claire. On nous précipite vers le pire, on attend, on temporise, on s’imagine qu’on trouvera des solutions avec la légendaire lenteur de nos institutions, où il faut des années pour pondre une loi. La saison froide, c’est dans deux mois, pas dans deux siècles !

     

    Ignazio Cassis : responsable de nous avoir mis à dos notre principal fournisseur de gaz. Juste pour l’image. La carte de visite. Faire européen. S’aligner bien docilement sur les « sanctions » de Bruxelles. Je déplais au PLR en disant cela ? Eh bien, déplaisons ! Simonetta Sommaruga : incapable d’une vision claire. Aucune maîtrise sur le dossier. Je déplais au PS ? Eh bien, déplaisons ! L’idéologie Verte, qui saisissait en 2011 l’événement Fukushima comme locomotive électorale. Ses plus hauts représentants, dans les Cantons, qui militent depuis des décennies contre le nucléaire. Je déplais aux Verts ? Déplaisons !

     

    Mais les Verts, eux, ont au moins le courage de leurs opinions. Les pires : les tièdes « centristes » qui, par hantise de n’être pas dans le vent, se sont rangés de leur côté. La mode, toujours la mode. Le courant dominant. De ces gens-là, rien à attendre. Notre pays, que nous aimons infiniment, a besoin de sales tronches. De caractères trempés. D’hommes et de femmes de courage et de tempérament. Pour son salut.

     

    Pascal Décaillet