Commentaire publié dans GHI - Mercredi 05.10.22
Je l’écris, ici même, depuis des années : la comédie des personnages, dans la politique genevoise, ça suffit. Journaliste et éditorialiste politique depuis bientôt quatre décennies, ayant couvert des dizaines de campagnes, dans les Communes, les Cantons et la Confédération, passionné par la chose publique, détestant qu’on parle de vie privée, me m’intéressant qu’à l’intérêt supérieur des citoyennes et citoyens, je ne peux tout simplement plus voir le jeu de miroirs des ambitions personnelles. Je ne demande à personne de partager mon point de vue, je mesure toute la part de séduction d’une mise en scène politique comme joute des champions, mais là, à Genève, je ne peux plus. Je veux des idées, des thèmes, des priorités claires, de droite comme de gauche, peu importe.
Bref, je privilégierai pour ma part, dans mes traitements, l’élection parlementaire, qui est un combat d’idées, à celle du Conseil d’Etat, qui est un combat de coqs. Et si je vous présente des dizaines de candidats, tous partis confondus, à partir de février, ce seront des postulants au Parlement. Avec, je l’espère vivement, une foule de visages nouveaux. Vous faire connaître les jeunes femmes et les jeunes hommes qui feront la politique demain, voilà un enjeu autrement plus excitant que faire tourner le manège des vieux briscards. Les débats autour des idées, je pourrais en mener, sans faiblir dans mon enthousiasme, jusqu’à mon dernier souffle. Les règlements de comptes entre requins, j’en ai soupé, comme dirait mon ami Christophe Darbellay.
Vous comprenez, le Conseil d’Etat, à Genève, plus personne n’y croit. Voilà plusieurs législatures que face à chaque équipe, on se demande si on n’a pas affaire à la pire depuis James Fazy. Mais non, la suivante pulvérise le record ! Alors, ami lecteur, je te le dis franchement : il m’est parfaitement indifférent de savoir qui va composer l’équipe 2023-2028. Bien sûr, les nouveaux candidats, pleins de fraîcheur face à l’équipe sortante lessivée, rivaliseront de mille tours pour nous faire envie. Mais je n’ai aucune illusion sur la suite. Ceux qui seront élus oublieront très vite leurs sourires, se noirciront de la malédiction du pouvoir, se retrancheront derrière des commis de basses œuvres, n’écouteront plus que leurs courtisans, et le tour sera joué ! Citoyen, je ne fais plus confiance à personne. Le pouvoir est une véritable saloperie. Il corrompt, salit, il isole, il crée des monstres.
Tout au contraire, l’élection parlementaire sera passionnante. Avec un enjeu, très clair : une majorité de droite, ou une majorité de gauche. N’écoutez pas les bobos prétentieux qui vous disent « La droite, la gauche, c’est dépassé ». Pas du tout ! C’est même, dans la Genève d’aujourd’hui, plus actuel que jamais. Pouvoir d’achat, finances, économie, fiscalité, formation, santé : un univers sépare les thèses de ces deux camps. Et le vrai pouvoir, à Genève, où se jouent les décisions finales, c’est bien le Parlement. Un choc d’idées, qu’on espère étincelantes, dans la bataille du Grand Conseil, sera autrement riche et fructueux que le triste jeu des ambitions personnelles.
Pascal Décaillet